C’est avant tout un Christian Estrosi professeur d’économie qui a tenté de réveiller l’âme de la droite locale, que l’on dit amorphe après les échecs que l’on sait.
« Nos petites entreprises sont à genoux » vibre-t-il, sans doute inspiré par un Michel Fontaine, qui en bon parlementaire connaît déjà les suppliques de l’élu d’opposition gouvernementale. « On nous demande toujours de faire plus avec moins, et surtout sans le transfert financier qui va avec le transfert de compétences. » C’était vite oublier que la décentralisation version Raffarin a été largement manoeuvrée par la droite cette décennie passée.
Assister à un discours du député maire de Nice, c’est l’assurance d’une parole libérée. Un style qui ressemble paradoxalement plus à un certain Copé. Le gouvernement en prend pour son grade. « Le peuple français a été manipulé, trompé ». En ligne de mire, l’ex-ministre des DOM bouscule le président de la République vers ses contradictions sur le traité européen : « signé à la virgule près ».
Après une intro énergique sur les contradictions d’un gouvernement « d’amateurs », qui a d’ailleurs donné l’impression que le deuil de la présidentielle n’était pas fait, Christian Estrosi a enfin embrayé vers le pourquoi du choix Fillon.
Qu’on ne touche plus aux retraites !
A l’entendre, François Fillon possède une « vision équilibrée ». Jean-François Copé appréciera la suite : « on ne doit pas aller dans le « moi je suis le plus à droite et encore le plus à droite » » juge-t-il. « L’UMP va depuis le centre, presque le centre gauche, jusqu’à la droite, la droite raisonnable ». Référence aux appels du pied de Jean-François Copé vers l’électorat FN.
Plus loin, la ligne conductrice portée par son poulain remporte les suffrages des militants réunionnais. « Je propose que l’on sanctuarise les retraites ». Une sorte de « bouclier » pour une période de la vie qui doit récompenser les efforts fournis durant toute une carrière. Idem pour sa vision de la famille : « un homme/une femme ». Applaudissements assurés.
La cuisine interne à la droite est arrivée en toute fin de discours. Christian Estrosi se dit prêt à accompagner les « maires, conseillers municipaux, départementaux, régionaux, à conquérir ou reconquérir les territoires perdus ». L’amateur de moto n’a posé le pied qu’une fois à terre. « Nous allons défendre notre département avec Nassimah en 2015 », donnant l’impression que Christian Estrosi avait raté un épisode des « spécificités locales » au Palais de la Source.
La clarification vient plus loin. Il n’a pas manqué de glisser une idée somme toute assez simple aux politiques présents : « se présentera celui qui sera le mieux placé pour l’emporter ». La politique ne nous a rarement habitué à tant de simplicité.