Un énorme coup dur. Après des mois de travail pour mettre au point une mission de stérilisation sur l’île, l’association Baylène de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse et l’association de protection animale Revez ont appris que leur projet ne verrait pas le jour. Du moins, pas dans l’immédiat.
La mission vétérinaire devait débuter le 19 juillet prochain et permettre de stériliser 150 à 180 chiens ou chats de propriétaires des hauts de Saint-Paul. Huit étudiants vétérinaires auraient dû composer l’équipe de bénévoles, sous l’encadrement de professionnels.
Mais malgré le soutien de « Vétérinaires Pour Tous » et du TCO, le projet a finalement été refusé par l’Ordre des vétérinaires de la région Ile de France DOM. Les principales difficultés portaient sur les locaux et l’insuffisance de vétérinaires libéraux.
Les étudiants ne lâchent rien
Sur le premier point, Revez indique qu’une solution avait finalement pu être trouvée grâce à l’aide de la mairie, et explique qu’une démarche avait été entamée pour résoudre l’autre problématique : « Afin de prendre l’entière responsabilité en cas de problème lors d’une intervention, et ainsi protéger le vétérinaire salarié bénévole, notre association avait rédigé une convention de bénévolat ».
« Mais cela s’est avéré impossible », se désole l’association. Car si elle est reconnue d’intérêt général, elle ne dispose pas du statut d’utilité publique réclamé pour pouvoir gérer un établissement, en raison de son budget de fonctionnement trop faible. « Etait-il question ici de gérer un établissement ? Dans la mesure où on parle de ‘dispensaire provisoire d’exercice' », interroge-t-elle encore. Et d’ajouter : « On nous avait dit localement que c’était possible et que les autres libéraux auraient droit de faire un avenant par la suite, ce qui simplifierait les démarches ».
Si la nouvelle a été difficile à encaisser pour Quentin, vice-président de l’association Baylène de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, le jeune homme reste déterminé. « Si ça ne se fait pas cette année, ça se fera plus tard », exprime celui qui dit avoir mis « toutes ses tripes » dans ce projet et compte bien s’entourer « de vétérinaires aussi motivés » que lui pour remonter le projet « en relation étroite avec l’Ordre ».
« Nous sommes tous concernés par l’errance, qu’on aime les animaux ou pas »
« Pour espérer voir changer la situation de façon durable et éthique, il est grand temps que tous les acteurs s’unissent autour d’une table ronde », exprime Lysiane Uny, de l’association REVEZ, pour qui il est grand temps « que les animaux puissent enfin vivre en harmonie avec l’Homme sur notre île, présentée comme un modèle du vivre ensemble ».
« Nous sommes tous concernés par l’errance, qu’on aime les animaux ou qu’on ne les aime pas. Ils sont là et il faut agir aujourd’hui pour régler une situation qui deviendra de plus en plus critique dans les années à venir si l’on persiste à ne rien faire ou à faire ce qui existe déjà mais a prouvé depuis des décennies son inefficacité… », poursuit-elle.
L’Ordre assure être soucieux des problématiques d’errance
Contacté, l’Ordre des vétérinaires de la région Ile de France DOM rétorque que « le projet adressé très tardivement faisait appel à des points réglementaires pour lesquels [il n’avait] pas été consulté en amont ». S’il se dit « très soucieux des problématiques d’errance animale de l’ensemble des DOM », il souligne avoir « pour mission d’assurer le public de la qualité des soins vétérinaires », une condition estimée non remplie.
L’Ordre rappelle toutefois que plusieurs autorisations dérogatoires, « jugées compatibles avec la règlementation et la qualité des actes » ont été adoptées par le Conseil – la dernière datant du 24 juin dernier pour des stérilisations de chats à Cilaos. Et d’assurer : « Nous espérons sincèrement que ce projet pourra voir le jour et nous nous sommes mis à la disposition de ses acteurs pour les aiguiller dans la partie réglementaire ».