Erick Murin, vous êtes Président du Cran Réunion, le Conseil Représentatif des Associations Noires. Les élections américaines ont livré leur verdict. Êtes-vous satisfait de l’issu de ce scrutin aux États-Unis et la réélection de Barack Obama ?
E.M : Oui, je suis très satisfait de cette réélection d’Obama. Le contexte était plus compliqué qu’en 2008 avec la crise économique. Il y a toujours autant d’enthousiasme mais les choses sont différentes. Sa première élection, c’était la « Obamania », on en a fait un leader. Les gens se réunissaient autour des combats contre la ségrégation raciale. Aujourd’hui, il reste l’enthousiasme politique.
Quel bilan faites-vous du mandat de Barack Obama à la maison blanche ?
E.M : Il a apporté un modèle de pensée, un modèle de famille. Ça plaît au américain. Il a aussi essayé de réconcilier les américains avec l’Islam et tenu un discours radical envers le terrorisme. Il a propagé un message de paix et de réconciliation et réussi sa réforme sociale. C’est bénéfique pour tous les américains. Des milliers d’entre-eux ne s’étaient pas rendus chez un dentiste depuis des années. Il a réussi à relancer l’économie, l’industrie du pays et résorber le chômage. C’est arrivé au bon moment et c’est peut-être ce qui a fait la différence. Le petit bémol à ce bilan, c’est la non-fermeture du camp de Guantanamo qu’il s’était pourtant engagé à réaliser en 2008.
Qu’espérez-vous de ce nouveau mandat à la Maison Blanche ?
E.M : Ce que j’attends d’Obama, comme c’est le cas aussi pour beaucoup d’Africains, c’est qu’il contribue à rapprocher l’Afrique d’un pôle économique qui soit bénéfique pour les Africains. Qu’il continue aussi à travailler avec le même état-d’esprit, contre le terrorisme, pas contre l’Islam. Il incarne les JFK, John Fitzgerald Kennedy, Roosevelt ou Abraham Lincoln, qui ont tous été des grands hommes à un moment de l’histoire des Etats-unis. Il doit poursuivre son travail. Tout le monde a bien compris qu’on est aujourd’hui dans une situation difficile au niveau économique. Il nous faut des chefs d’Etats qui soient capables de relever le défi, c’est ce que j’attends d’eux.
Vous évoquiez l’Afrique, de quelle façon, selon vous, Barack Obama pourrait agir sur la situation de ce continent ?
E.M : On ne peut pas vraiment dire que lors de sa première mandature il a donné du crédit à l’Afrique. Sa première mandature, c’était de prouver aux Américains qu’il était capable d’assumer ce rôle de Président des États-Unis, qu’il était capable de relever le défi économique et politique. Maintenant, dans sa deuxième mandature, je pense qu’il a un rôle à jouer sur la démocratie en Afrique. J’attends pas de lui qu’il joue un rôle d’Africain, ou de président noir. Ce n’est pas du tout ça. J’espère simplement qu’il donnera sa place à un continent qui, jusqu’à présent, a du mal à intégrer la grande dimension économique planétaire. J’espère qu’il sera plus proche de l’Afrique durant son deuxième mandat.
