
"Mi arrive pas à oublier", témoigne le survivant du terrible accident du travail qui a coûté la vie à un salarié enseveli dans une tranchée en février 2016. L’homme souffre du "syndrome du survivant" et raconte courageusement à la barre du tribunal correctionnel qu’en plus du traumatisme, il a subi des pressions alors qu’il venait d’être hospitalisé après avoir reçu des kilos de terre sur la tête et avoir perdu un ami.
Le frère du gérant de fait de l’entreprise Fenelon ( SARL FEN-TP) était venu le voir pour lui demander de mentir à la police au sujet des consignes de sécurité qui n’avaient pas été respectées ce jour là.
Manquements graves à la sécurité
Car c’est bien là toute l’horreur de cette tragédie. L’entreprise qui avait réalisé un chantier concernant le traitement des eaux usées pour le compte de la CINOR à La Bretagne entre juin et décembre 2015 avait procédé, ce 15 février 2016, à une nouvelle intervention ponctuelle sur les lieux. Une tranchée avait été recreusée sans blindage, ni étai, ni équipement de sécurité. "Il n’y en avait jamais", tonne l’avocat de la famille de Sylvestre Govindin.
Quelque mois auparavant, l’entreprise Fenelon avait été sévèrement recadrée par l’inspection du travail sur ses obligations vis-à-vis de la sécurité sur les chantiers. En vain puisque le jour de l’accident, le blindage qui se trouvait sur un autre chantier à Saint-François était inopérant.
Pression sur les témoins
A la barre du tribunal ce vendredi matin, les 3 prévenus poursuivis pour homicide involontaire n’ont pas voulu assumer leur responsabilité. "Un cynisme épouvantable" ainsi que l’a souligné l’avocat du défunt âgé de 34 ans.
La gérante, Marie Techer, a soutenu qu'elle n'allait "jamais sur les chantiers et n’en savait rien". Son époux, Jiovany Fenelon, 46 ans, décrit par d’innombrables témoins et salariés de l’entreprise comme le gérant de fait, s’est défendu bec et ongles de l’être.
"Des conneries tout ça", a résumé l’oncle de Sylvestre, ne cachant pas sa colère devant le comportement des patrons de son neveu.
Erreurs grossières et volontaires
"On ne peut être que choqué par les faits. C’est gravissime de voir comment les salariés étaient de manière organisée, habituelle et quotidienne exposés à un danger de mort", a fustigé Domitille Descampiaux pour le parquet, évoquant de nombreuses alertes et "des erreurs grossières" faites "à dessein" pour faire du profit.
En écoutant les réquisitions de la partie accusatrice, les deux frères Fenelon et la femme du plus âgé des deux ont gardé la tête baissée et les yeux dans le vide.
L’incarcération immédiate a été demandée par la procureure de la République pour Jiovany Fenelon et la gérante : 3 ans pour lui et 2 ans pour elle. 100 000 euros d’amende ont été proposés pour la SARL.
En écoutant les réquisitions de la partie accusatrice, les deux frères Fenelon et la femme du plus âgé des deux ont gardé la tête baissée et les yeux dans le vide.
L’incarcération immédiate a été demandée par la procureure de la République pour Jiovany Fenelon et la gérante : 3 ans pour lui et 2 ans pour elle. 100 000 euros d’amende ont été proposés pour la SARL.