Une quinzaine d’enseignants-stagiaires est toujours mobilisée dans le hall de la Région. Ils ont fait part encore une fois de leur déception suite à la réunion d’hier. « La valeur travail est bafouée », estime une enseignante-stagiaire mutée à l’académie de Créteil « où les postes sont excédentaires » alors qu’ici « on préfère attribuer des heures supplémentaires à des vacataires » auxquels « on cherche à nous opposer », indique Jossia Virin, enseignante-stagiaire en bureautique.
« C’est la politique du diviser pour mieux régner », s’indigne une autre enseignante, avec dans les bras son enfant en bas-âge. « Le recteur refuse de nous dire quels sont les besoins réels pour la Réunion. Dans la conjoncture actuelle, on ne peut pas demander à notre conjoint de quitter son travail ici pour nous suivre là-bas. En métropole, ils seront de nouveaux chômeurs », explique-t-elle.
« Il n’y a pas que des jeunes » parmi les enseignants mutés
Les enseignants mutés contre leur gré assurent que « beaucoup d’élèves sont sur une liste d’attente pour partir en lycée professionnel mais qu’il n’y a pas assez de professeurs. Pourquoi est-ce qu’on ne nous attribue pas ces postes. Ils nous opposent des arguments comptables alors que les jeunes stagiaires ont pour certains déjà fondé une famille. Il faut casser l’image de jeunes enseignants qu’on nous colle. Il n’y a pas que des jeunes ».
Ils assurent préparer « un comité d’accueil » à l’arrivée de la ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, en visite sur l’île jeudi. Ils ont également demandé à avoir une audience auprès de la Préfecture. « Qu’elle nous explique pourquoi 30 Guadeloupéens ont pu être affectés en Guadeloupe alors qu’elle a déclaré que des Réunionnais attendent depuis des années en métropole ? Pourquoi eux et pas nous ? ».
« Spécificités locales dans la transmission du savoir »
Les manifestants organiseront un débat public à la Région ce vendredi et appellent la population à venir débattre du rôle de l’académie face au chômage, l’emploi et la formation. « Nous voulons que l’Education nationale tienne compte des spécificités locales dans la transmission du savoir auprès des jeunes », indique l’une des enseignantes, mère de famille. « Pourquoi est-ce que les jeunes réunionnais qui ont Bac+4, +5, sont au chômage ici et doivent partir ? ».
Un constat qui, selon eux, a été souligné par le président de Région, Didier Robert, qui n’a pas encore fait de déclaration après sa rencontre avec le recteur Mostafa Fourar, hier après-midi. Mais il aurait déclaré que « des solutions auraient pu être trouvées ». Les enseignants ont fait part de leur déception du « manque de fermeté » du président de Région, même s’ils reconnaissent qu’il continue à « soutenir » le mouvement.
La mobilisation des enseignants dure maintenant depuis la mi-mars. Ils campent dans le hall de la Région depuis début avril.