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Enseignants mutés en métropole: « Un gouffre moral et financier »

« Moralement, c’est un gouffre. Financièrement, c’est un gouffre ». C’est ainsi que certains enseignants perçoivent leur mutation en métropole. Ce mercredi matin, ils étaient une petite dizaine à être reçus par Huguette Bello, de la filière génie industriel bois à celle du marketing, en passant par le commerce, la métallurgie ou encore la mécanique. En perspective, un […]

Ecrit par Marine Abat - marine.abat@zinfos974.com – le mercredi 22 mars 2017 à 12H38
« Moralement, c’est un gouffre. Financièrement, c’est un gouffre ». C’est ainsi que certains enseignants perçoivent leur mutation en métropole. Ce mercredi matin, ils étaient une petite dizaine à être reçus par Huguette Bello, de la filière génie industriel bois à celle du marketing, en passant par le commerce, la métallurgie ou encore la mécanique. En perspective, un départ pour Versailles, Créteil, ou d’autres villes déficitaires de l’hexagone. 
 
« Nous avons travaillé en tant que contractuels pendant de nombreuses années. Nous passons le concours pour être titularisés, pour avoir un vrai statut, et finalement, on se retrouve dans une situation de précarité », résume l’un d’entre eux, pour qui l’obtention du concours est finalement synonyme d’inquiétude et de rancœur.
 
Outre l’éloignement familial, tous pointent du doigt des soucis logistiques : « Il faut payer un loyer là-bas en plus de celui à La Réunion pour la famille qui reste ici, mais aussi les meubles, le billet, ainsi que les voyages pour rentrer sur notre île. Ce sont des problèmes bancaires assurés, et la précarité n’est pas loin ». L’un d’eux s’agace : « On était censés être prioritaires sur l’Académie. Où est la préférence régionale ? »
 
« Il y a huit postes vacants, mais je dois partir »

« On sait qu’on risque de partir quand on passe un concours national, mais il y a des besoins à la Réunion, il faut créer des postes », estime une enseignante, particulièrement remontée. « Il y a huit postes vacants, mais je dois partir », reproche une autre, alors que ces postes seront sûrement pourvus par des contractuels « moins expérimentés ». Un exemple est donné pour illustrer l’injustice ressentie : « J’ai eu le concours et je dois partir en métropole. Dans le même temps, un contractuel qui a passé le concours et l’a raté sera lui en poste à La Réunion à la rentrée prochaine ».
 
Pour porter la voix des professeurs de lycées professionnels, Guillaume Lefèvre, vice-président du SNALC (Syndicat national des lycées et collèges), était aussi présent ce mercredi matin. « Ils ont souvent beaucoup de points, mais malgré cela, comme le nombre de postes ouverts est insuffisant, ils doivent partir. Or, les moyens pour qu’ils puissent rester existent, et il serait normal que ce soit ces Réunionnais qui en profitent », juge-t-il.

Alors qu’ils attendent désormais la révision d’affectation, qui aura lieu le 31 mars prochain, Huguette Bello leur a promis d’essayer d’obtenir un rendez-vous avec le recteur. « Nous voulons de la transparence », déclare la députée. « On prive la Réunion de compétences, d’expériences », regrette-t-elle, déplorant que ce soit « la qualité de l’éducation qui en pâtisse ».
 
L’élue en profite pour pointer du doigt la problématique des lycées « surchargés ». « En sept ans, pas un seul lycée n’est sorti de terre, et il y a des classes pour lesquelles il faudrait beaucoup plus de professeurs », reproche-t-elle.  « Quand on est un territoire où il y a 120.000 personnes illettrées, c’est un problème majeur pour notre société », conclut-elle.

 

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