Le fait d’avoir eu le chikungunya « n’explique plus le fait d’avoir des douleurs articulaires. Le chik a été démasqué et n’est pas à l’origine de tous les maux« , explique le docteur Philippe De Chazournes, chef de projet chikungunya à l’URML (Union Régionale des Médecins Libéraux).
L’Union Régionale des Médecins Libéraux de la Réunion (URML), la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales de la Réunion (DRASS) ainsi que la cellule de l’Institut de Veille sanitaire en Région (Cire) ont lancé une étude visant à estimer la proportion des manifestations articulaires persistantes dans la population réunionnaise, trois ans après l’épidémie.
Une étude transversale a été conduite entre le 14 avril et le 15 mai 2009 auprès de la population réunionnaise de plus de 18 ans consultant un médecin généraliste. Parmi les 273 patients inclus dans l’analyse, 70% étaient des femmes et l’âge médian était de 48 ans.
La gestion de crise récente sur les cas de chikungunya, détectés dans l’Ouest, a montré une articulation rapide des moyens matériels et humains. Les professionnels ne cessent de le répéter, la prévention et la vigilance restent de mise comme cela a été le cas, la semaine dernière, avec l’opération Kass’moustik. Cette gestion de veille sanitaire doit pouvoir toutefois évoluer à partir d’analyses historiques.
« Le chikungunya a eu bon dos »
En 2005-2006, l’île de la Réunion a connu une épidémie de grande ampleur qui a touché tout l’Océan Indien (38% de la population atteinte, soit 300.000 cas). Si les symptômes de cette maladie, dans sa phase aiguë, ont fait l’objet de nombreuses études, la possibilité d’une persistance à long terme de manifestations articulaires a été jusqu’à présent peu documentée.
Dans les locaux de la Drass, ce matin, une première restitution a été faite et apporte déjà des informations pertinentes pour la prise en charge des patients ayant eu le chikungunya à La Réunion, et pour l’identification de populations cibles pour la prévention vis-à-vis d’épidémies futures.
Le docteur Christine Jaffar-Bandjee du CHD confirme que « le chikungunya a eu bon dos mais aujourd’hui il faut arrêter de dire que c’est lui qui est à l’origine de toutes les souffrances« .
Des facteurs sont, en fait, associés à la persistance de manifestations articulaires, à savoir un âge supérieur à 48 ans, un IMC (Indice de Masse Corporelle) supérieur à 25, des antécédents de diabète et de dorsalgie.
Selon l’étude, il apparait donc qu’une personne qui se plaint de douleurs articulaires et qui a eu le chikungunya, si on enlève les facteurs à risques tels que l’obésité, l’âge, le diabète et le mal de dos, « on ne peut pas dire que c’est le chikungunya et il faut alors chercher autre chose » a conclu le docteur Philippe De Chazournes.