
Photos : @PierreMarchal
C’est une rencontre chargée d’émotion qui s’est tenue dans les locaux de la permanence parlementaire d’Ericka Bareigts, samedi après-midi.
Une rencontre entre Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et quelques uns des enfants de la Creuse, une douzaine de jours après l’adoption par les députés de la "résolution mémorielle". Avec cette résolution, l’Assemblée a ainsi reconnu la "responsabilité morale" de l'Etat dans cette affaire. Une reconnaissance par l'Etat de l'histoire de ce déracinement forcé vécu par quelque 1.600 enfants réunionnais envoyés en métropole pour des "raisons démographiques".
Cette reconnaissance tardive est importante pour Jean-Jacques Martial, 55 ans. Il a été envoyé à Guéret, dans la Creuse, en 1966, lorsqu’il avait six ans. "C’est la liberté totale, explique-t-il. Pouvoir vivre dans le bonheur, pouvoir vivre en paix. Pour nous tous mais aussi pour nos enfants qui souffrent également. Car même si nous n’avions pas nos boulets et nos chaînes, nous nous sentions esclaves".
Une rencontre entre Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale et quelques uns des enfants de la Creuse, une douzaine de jours après l’adoption par les députés de la "résolution mémorielle". Avec cette résolution, l’Assemblée a ainsi reconnu la "responsabilité morale" de l'Etat dans cette affaire. Une reconnaissance par l'Etat de l'histoire de ce déracinement forcé vécu par quelque 1.600 enfants réunionnais envoyés en métropole pour des "raisons démographiques".
Cette reconnaissance tardive est importante pour Jean-Jacques Martial, 55 ans. Il a été envoyé à Guéret, dans la Creuse, en 1966, lorsqu’il avait six ans. "C’est la liberté totale, explique-t-il. Pouvoir vivre dans le bonheur, pouvoir vivre en paix. Pour nous tous mais aussi pour nos enfants qui souffrent également. Car même si nous n’avions pas nos boulets et nos chaînes, nous nous sentions esclaves".

Jean-Jacques Martial
Devant Claude Bartolone, Martial, comme il préfère qu'on l'appelle, a lu la lettre qu'il a écrite au président de la République. "Je me considère comme un p’tit Mandela. Mandela a bataillé pour son peuple, Martial a bataillé pour son peuple, celui de tout l’Outre-mer. J’en suis fier. Tous ceux qui ont bataillé sont fiers", a-t-il énoncé avec émotion.
"Faire revenir ceux qui n'ont jamais vu leur île natale"
Car pour les enfants de la Creuse, l'adoption de cette résolution ne fait pas tout. C'est un point de départ. Dans sa lettre, Martial demande ainsi au président de la République le déploiement d'aides pour que les personnes exilées qui ne sont jamais retournées sur leur île natale puissent le faire. Mais aussi l'accès aux dossiers des familles qui cherchent à comprendre et à recouper leur histoire. Ou encore la mise en place d'un cimetière mémorial dédié aux enfants dits de la Creuse. Car les blessures sont toujours là. "Nous avons tous une pathologie différente et c’est normal, vu l’exil que nous avons subi. Nous sommes tous malades", explique Martial.
Valérie Andanson, 51 ans, a quitté son île et sa famille lorsqu'elle avait trois ans. Pour la Creuse, elle aussi. Pour elle, la priorité est désormais de "faire revenir ceux qui n'ont jamais vu leur île natale" : "Elle était indispensable cette reconnaissance. Cela va nous ouvrir des portes. En espérant qu’enfin nous puissions avoir accès à nos dossiers, que notre histoire soit étudiée dans l’Education nationale, et surtout, que l'on puisse aider nos compatriotes à revenir ici. Parce qu’il y en a beaucoup qui sont en métropole, qui n’ont pas les moyens de revenir et qui ne connaissent même pas leur île natale. Il y a un travail assez important à faire maintenant. Le combat continue", explique-t-elle.
"Faire revenir ceux qui n'ont jamais vu leur île natale"
Car pour les enfants de la Creuse, l'adoption de cette résolution ne fait pas tout. C'est un point de départ. Dans sa lettre, Martial demande ainsi au président de la République le déploiement d'aides pour que les personnes exilées qui ne sont jamais retournées sur leur île natale puissent le faire. Mais aussi l'accès aux dossiers des familles qui cherchent à comprendre et à recouper leur histoire. Ou encore la mise en place d'un cimetière mémorial dédié aux enfants dits de la Creuse. Car les blessures sont toujours là. "Nous avons tous une pathologie différente et c’est normal, vu l’exil que nous avons subi. Nous sommes tous malades", explique Martial.
Valérie Andanson, 51 ans, a quitté son île et sa famille lorsqu'elle avait trois ans. Pour la Creuse, elle aussi. Pour elle, la priorité est désormais de "faire revenir ceux qui n'ont jamais vu leur île natale" : "Elle était indispensable cette reconnaissance. Cela va nous ouvrir des portes. En espérant qu’enfin nous puissions avoir accès à nos dossiers, que notre histoire soit étudiée dans l’Education nationale, et surtout, que l'on puisse aider nos compatriotes à revenir ici. Parce qu’il y en a beaucoup qui sont en métropole, qui n’ont pas les moyens de revenir et qui ne connaissent même pas leur île natale. Il y a un travail assez important à faire maintenant. Le combat continue", explique-t-elle.

Jean-Philippe Jean-Marie
Jean-Philippe Jean-Marie, président de l'association Rassin Anler, qui a été envoyé dans la Creuse à l'âge de 11 ans, en 1970, souligne quant à lui que c'est la souffrance qui lie tous les enfants exilés de force. "La souffrance, elle est toujours là. Nous avons combattu avec la seule arme que nous avions, c’était la souffrance. Cette souffrance, il fallait qu’on la montre pour que les personnes voient ce que nous avons subi", indique-t-il.
"Il fallait briser le silence"
Jean-Philippe Jean-Marie ajoute que beaucoup d'exilés l'ont appelé après l'adoption de cette résolution. Les langues se délient peu à peu. "Mais ces personnes ont encore peur des représailles. Moi je leur dis : "Mais quelles représailles ?". Il y a encore beaucoup de personnes qui ne parlent pas parce qu’ils ne peuvent pas. Ca leur fait trop trop mal. Il faut des psychologues, un suivi médical. Il y a des personnes qui sont encore détresse, qui n’arrivent pas à surmonter leurs problèmes du passé".
Claude Bartolone se souvient quant à lui "du frisson" qui l'a envahi, ainsi que l'hémicycle, au moment de l'adoption de cette résolution, le 18 février dernier. "Cette résolution, ce n’est pas une vengeance sur tel ou tel député, ou par rapport à un moment ou un autre de notre histoire, c’est la prise en compte de souffrance qui a été celle de ces enfants, de leurs familles. C’est cette prise en compte qui va leur permettre de vivre sans garder pour eux-mêmes la blessure qu’a pu représenter cet exil forcé", a souligné le président de l'Assemblée nationale.
Pour Claude Bartolone, il s'agit à présent de "voir quelles sont les suites qui peuvent être apportées à cette résolution". Un travail auquel vont s'atteler les députés Réunionnais. "Mais avant tout, il fallait briser le silence. C’est une résolution qui ouvre le chemin de la reconstruction pour bon nombre de ces enfants qui ont connu l’exil", conclut-il.
"Il fallait briser le silence"
Jean-Philippe Jean-Marie ajoute que beaucoup d'exilés l'ont appelé après l'adoption de cette résolution. Les langues se délient peu à peu. "Mais ces personnes ont encore peur des représailles. Moi je leur dis : "Mais quelles représailles ?". Il y a encore beaucoup de personnes qui ne parlent pas parce qu’ils ne peuvent pas. Ca leur fait trop trop mal. Il faut des psychologues, un suivi médical. Il y a des personnes qui sont encore détresse, qui n’arrivent pas à surmonter leurs problèmes du passé".
Claude Bartolone se souvient quant à lui "du frisson" qui l'a envahi, ainsi que l'hémicycle, au moment de l'adoption de cette résolution, le 18 février dernier. "Cette résolution, ce n’est pas une vengeance sur tel ou tel député, ou par rapport à un moment ou un autre de notre histoire, c’est la prise en compte de souffrance qui a été celle de ces enfants, de leurs familles. C’est cette prise en compte qui va leur permettre de vivre sans garder pour eux-mêmes la blessure qu’a pu représenter cet exil forcé", a souligné le président de l'Assemblée nationale.
Pour Claude Bartolone, il s'agit à présent de "voir quelles sont les suites qui peuvent être apportées à cette résolution". Un travail auquel vont s'atteler les députés Réunionnais. "Mais avant tout, il fallait briser le silence. C’est une résolution qui ouvre le chemin de la reconstruction pour bon nombre de ces enfants qui ont connu l’exil", conclut-il.