Le siège de la société Aquagol, à l’Etang-Salé, est menacé de démolition à tout instant. René Brigaudet, le gérant, attend que la mesure s’applique avec fatalisme.
A la mi-décembre 2013, le tribunal administratif a autorisé le concours de la force publique pour déloger un locataire devenu indésirable pour l’ARDA et son navire-mère, la Région. Onze mois plus tôt, la Région Réunion, propriétaire des terres sur lesquelles les bassins d’aquaculture sont implantés dans la zone des sables d’Etang-Salé, avait obtenu gain de cause pour que le gérant soit expulsé.
Mais René Brigaudet avait fait appel, sans succès. Désormais, toutes les voies de recours sont épuisées. Depuis ce lundi 6 janvier, René Brigaudet subit une astreinte de 150 euros par jour d’occupation illégale du site, qui fait aussi office de logement.
« Il n’y a pas eu de mouvement jusqu’à maintenant. J’attends un rappel d’huissier qui doit en principe me signifier mon obligation de quitter les lieux avant que ne viennent les bulldozers », affirme le gérant d’Aquagol. « Faire appel de la décision d’expulsion ne serait pas suspensif », ajoute-t-il. De toute manière, l’homme a bien compris qu’il avait affaire à un rouleau compresseur. « L’ARDA, avec qui le contrat d’occupation avait été signé à l’époque, se cache derrière la Région », ironise l’intéressé. Rappelons que la Région et l’ARDA espèrent toujours sortir de terre sur ces parcelles de l’Etang-Salé un musée de l’eau.
Devant ce tableau très défavorable pour lui, René Brigaudet n’espère aucun miracle d’un éventuel référé devant le tribunal administratif. Car il faut savoir que le tribunal des conflits vient finalement de désigner le juge administratif seul compétent dans ce bras de fer. « Le dossier repasserait devant les mêmes juges qui avaient rejeté un précédent recours », ce qui lui fait dire que l’espoir est mince de voir cette instance se déjuger.
Le coup de grâce pour Aquagol pourrait être donné le 4 mars. Le gérant doit y entendre la décision du tribunal de commerce sur la reconduction, ou non, de la phase de redressement judiciaire pour Aquagol. En cas d’absence d’éléments notoires tendant à prouver le redécollage de l’activité, la liquidation de la société pourrait être prononcée. Comment pourrait-il en être autrement après les nombreux bâtons dans les roues que le gérant impute encore et toujours à l’ARDA.
Un courrier sollicitant la clairvoyance de la Région pour une filière qu’elle a elle-même portée a été adressé à la collectivité par Eveil Citoyen 974, auquel René Brigaudet est adhérent. Copie en a été faite au représentant de l’Etat et au ministre des Outremer.