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En attendant la nouvelle centrale, toujours de l’amiante à EDF Port Ouest

?Les repérages de présence d'amiante dans les bâtiments de la centrale thermique du Port Ouest ont été effectués en 1999, et c'est en 2000 que les premiers retraits ont eu lieu, là où ils pouvaient être réalisés. Pourtant, dix ans plus tard, des résidus d'amiante se logent toujours dans les locaux de la centrale. Alors que le représentant du comité d'hygiène continue de s'en inquiéter, la direction, elle, ne comprend pas cet alarmisme et parle d'une psychose inutile.

Ecrit par Ludovic Grondin – le jeudi 14 octobre 2010 à 12H49

« On a toujours eu de l’amiante, c’est l’inspection du travail qui le valide dans son rapport du 7 décembre 2009 », clame Christian-Jacques Julien, employé EDF et responsable du Comité d’hygiène, sécurité et condition de travail (CHSCT) de la branche production chez EDF Réunion.

Il ajoute : « Arrivé il y a quelques années seulement, j’ai très vite été alerté par des collègues dans la cour de la centrale. Je ne pense pas qu’à moi, il y a des employés qui sont au Port depuis très longtemps, 20, 25 ans et plus. Les dégâts ont sans doute déjà été faits ».



EDF : « La présence de fibres dans l’air reste acceptable »

La direction, elle, ne conteste aucunement la présence d’amiante, notamment dans le sol de la salle des machines ou encore dans certaines pièces, mais les taux relevés restent loin des seuils tolérés, selon Patrick Vabret, directeur adjoint d’EDF Réunion. Le seuil maximum toléré de concentration dans l’air est de cinq fibres par litre d’air. Or, relativise Patrick Vabret, « les relevés transmis à un laboratoire agréé métropolitain n’ont constatés, dans le pire des cas, qu’une concentration d’une fibre par litre d’air ».

La direction tient d’ailleurs à généraliser : « Tous les bâtiments industriels construits il y a plus de 50 ou 40 ans contenaient de l’amiante, c’est le cas de la centrale du Port. Nous nous conformons chaque année à l’obligation de relevés atmosphériques et des repérages des lieux atteints. Voilà pourquoi nous ne comprenons pas la psychose que souhaite installer monsieur Julien », affirme Patrick Vabret.

 

La direction : « Tous les documents ont été validés par tous les protagonistes »

Pour le responsable du CHSCT sur le site du Port, l’intérêt d’EDF est de minimiser l’impact de l’amiante. A ce titre, selon l’employé, « la direction d’EDF joue la montre » car, selon lui, elle attendrait la « déconstruction » du site qui interviendra d’ici deux ans, une fois la nouvelle centrale de la Possession opérationnelle.

La direction, elle, tient à rappeler que tous les relevés et documents sont connus et discutés avec le CHSCT ainsi qu’avec l’inspection et la médecine du travail. « Toutes les décisions ont été validées par le comité d’hygiène et de sécurité et donc en présence de monsieur Julien », poursuit la direction.

Selon le responsable du comité d’hygiène, les employés d’EDF ne sont pas les seuls concernés. Au début des années 2000, nous explique-t-il, EDF a recentré son action sur son cœur de métier. Du coup, des contractuels venus d’Europe pour des maintenances très spécifiques ont pu être en contact avec l’amiante de la centrale. On leur a dit « merci pour le travail accompli, bye bye, sans même leur signaler la présence d’un danger », rappelle-t-il.

Selon Christian-Jacques Julien, jusqu’en 2012, les employés EDF du Port devront travailler dans un environnement « incertain ».

Mais la population environnante est également concernée. Elle devra patienter jusque-là, et devra subir les rejets atmosphériques puisqu’il faut savoir que la centrale du Port fonctionne grâce à des moteurs thermiques fonctionnant au Diesel.

De plus, le quartier résidentiel reste marqué par l’incendie de novembre 2007. Cette année-là, suite à l’explosion d’une tuyauterie de combustible, le feu s’était propagé à la toiture de la centrale (voir photo du bâtiment bleu et blanc), dont l’étanchéité contenait des fibres d’amiante.

L’électricité de l’île est dépendante de la vieille centrale

Construite dans les années 50 (par « Bourbon Lumières ») et exploitée par EDF depuis les années 1970, la centrale thermique du Port Ouest voit ainsi sa vie rallonger d’années en années.

Programmée pour disparaître au 31 décembre de cette année, la fermeture du site suivi de son démantèlement n’interviendra finalement qu’en début 2012. De ce fait, l’ancienne centrale « Port Ouest » qui couvre 20% des besoins en électricité de l’île reste indispensable jusque-là.

——–

Ce que dit la loi :
Les travaux de désamiantage sont obligatoires depuis un décret datant du 7 février 1996, lui-même modifié par le décret du 24 décembre de la même année. Ce décret protège les travailleurs contre l’inhalation de poussières d’amiante et déclare les maladies liées à l’amiante comme maladies professionnelles.

Ce que permettra la nouvelle centrale thermique de la Possession :
Les centrales thermiques à moteurs Diesel constituent dans les systèmes insulaires l’un des moyens les plus efficaces pour faire face aux variations de consommation d’électricité, et notamment aux augmentations fortes et soudaines de la demande. La prochaine centrale « Port Est » de la Possession sera équipée de 12 moteurs Diesel pour une puissance totale attendue de 220 MW. Seulement un ou deux moteurs sur les 12 seront potentiellement exploitables dès le début 2012. Les autres moteurs entreront en activité progressivement jusqu’à la mi-2012.

 

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