En l’espace de seulement 10 ans, près d’une vingtaine d’avis favorables à l’implantation ou à l’extension d’hypermarchés ont été délivrés par la Commission départementale de l’aménagement commercial (composée de 7 élus, dont le maire de la commune d’implantation, et de 4 personnalités qualifiées en matière de consommation, de protection des consommateurs, de développement durable et d’aménagement du territoire).
Selon nos calculs, près de 70.000 mètres carrés de surface ont été accordés à ces projets d’hypermarchés (est considéré comme un hypermarché un établissement de vente au détail en libre-service qui réalise plus du tiers de ses ventes en alimentation et dont la surface de vente est supérieure ou égale à 2500 m2). On dépasse même les 100.000 m2 si l’on tient compte des projets accordés mais abandonnés (comme le centre commercial prévu dans la Zac Isis à Saint-Benoît, le Auchan prévu à Cambaie refusé par la Commission nationale ou encore le Pôle océan).
Sans compter les retails parks et autres espaces commerciaux excentrés, (comme celui qui verra le jour à Casabona à Saint-Pierre, avec une surface demandée de 8729 m2, ou encore les 18.290 m2 autorisés pour l’implantation du Leroy Merlin à proximité du Cap Sacré Cœur.
Les centres-villes impactés
Un désastre pour les petits commerçants de centre-ville, ces mastodontes situés en périphérie captant une bonne partie de leurs clients potentiels. « Une création d’hypermarché impacte forcément un centre-ville », déplore Irchad Omarjee, président de l’association des commerçants de Saint-Paul, qui voit d’un mauvais œil l’implantation de ce nouveau Leclerc « après celui du Portail, l’extension du Tampon, celui de la Ravine des Cabris et celui de Saint-Joseph ».
« Le problème est que les élus qui siègent à la CDAC voient la possibilité de créer une zone dynamique qui apportera de l’emploi. Mais ce sont des emplois précaires ; les emplois pérennes sont dans les centres-villes », note l’élu Saint-Paulois, soulignant le risque de fermeture de petits commerces. « Après l’ouverture du Leclerc Portail, 10 enseignes saint-leusiennes ont dû baisser le rideau. Il faut stopper ces implantions ou ça tuera les centres-villes ».
Le gel des implantations demandé
Surtout qu’avec la Crise Covid, les difficultés se sont multipliées. Un gel des implantations jusqu’en 2030 a d’ailleurs été réclamé en août dernier, à l’occasion de la visite de Sébastien Lecornu, par la FFAC Réunion (fédération française des artisans et commerçants) et la CCIR. « Le préfet a été très à l’écoute », souligne Alain Akbaraly, porte-parole de la FFAC Réunion. « Mais on n’a eu aucune garantie, on aimerait que des mesures soient rapidement actées ».
« Il faut qu’on nous donne les moyens pour pouvoir résister face aux grandes surfaces », exprime également Mouraman Shiva, le président de l’association des commerçants de Saint-André. Et de faire remarquer que pour les clients, « rien ne vaut la proximité des commerçants des centres-villes ».
Retrouvez dans l’infographie ci-dessous les principaux hypermarchés autorisés à s’implanter depuis 10 ans (les dates sont celles des autorisations, non celles des sorties de terre).