Il a passé du temps à compiler toutes les lignes budgétaires de la collectivité. Emmanuel Séraphin réserve comme à son habitude aux Saint-Paulois la primeur du contenu des affaires mises au vote.
« Les Saint-Paulois sont en demande de savoir ce qu’il se passe. Beaucoup me remercient de le faire », concluait-il trente minutes d’un exposé bardé de chiffres.
Un peu plus éclairé que lors des orientations budgétaires d’il y a quelques mois, l’opposant municipal a tout loisir de faire parler le compte administratif 2017, gage ultime de l’état des finances locales à un instant T. Le constat est édifiant à l’entendre.
Sa démonstration commence par le résultat net de la commune à la clôture de l’exercice 2017 : « Sur un budget global de 237 millions d’euros, il ne reste que 1,9 million d’euros, soit 75% de moins que l’an dernier (5,7 M) ». Selon l’élu PLR, la commune a adopté la tactique de la cavalerie budgétaire « en vendant ses biens communaux » pour, justement, tenter « d’équilibrer son budget ». Ce qui lui fait dire que le budget communal demeure « insincère ». A l’entendre, si le budget de l’an dernier avait été plus simple à boucler du fait du retour bénéfique de la hausse de l’imposition des taxes locales, le subterfuge commence à se fendre, « mais là on va dans le mur », s’alarme-t-il.
Qui dit résultat net à un chiffre, dit « manœuvres réduites pour l’investissement ». La cause de cet investissement en berne, et donc des taux de réalisation des projets de seulement 57%, tient au fait que le budget est grévé par « les dépenses de fonctionnement. »
2020 dans les têtes et dans les fêtes
Son montant était de 31 millions d’euros en 2015 (hors rachat de médiathèque qu’Emmanuel Séraphin exclut délibérément pour ne pas fausser les chiffres, ndlr) – il est passé à 34 millions d’euros en 2016 et 2017. A contrario, « notre dernier budget, se rappelle-t-il, en 2013, était de 52 millions d’euros », en matière d’investissement.
Dans le détail, les frais de personnel représentent 68% des dépenses de fonctionnement du budget qui sera présenté demain en conseil. La part budgétaire réservée à la culture a également été réduite comme peau de chagrin sous l’ère Sinimalé, fait-il savoir. Elle représente aujourd’hui « le plus petit poste budgétaire de la commune ». Lorsqu’il était aux affaires aux côtés d’Huguette Bello, le budget culture atteignait encore 5,4 millions d’euros lors de leur dernier exercice, « soit 12 fois plus » que ce que propose en 2018 la majorité.
Un élément l’a de nouveau fait bondir à la consultation du bleu budgétaire distribué aux élus il y a une quinzaine de jours. « Le budget fêtes et cérémonies, rapporte-t-il, est passé de 694.000 euros à 1,5 million en 2017″, fait ressortir le compte administratif de l’exercice clos. Idem pour les frais de réception (de 89.000 euros à 120.000), étale-t-il au grand jour.
« On va donner à manger et à boire à deux ans des municipales. C’est la méthode Sinimalé, qui a fait ses preuves », ironise l’élu Pour La Réunion. Rendez-vous est pris demain pour le deuxième round.
Pour ce qui est des échéances électorales, Emmanuel séraphin ne cache pas qu’il souhaite un rassemblement des forces de gauche pour 2020, et pour qu’une figure politique fasse l’unanimité auprès des différents partis. Il liste pêle-mêle La Réunion insoumise, le PS et EELVR (et non « PRG » comme nous l’avons écrit par erreur, ndlr) notamment comme compagnons de discussion.