Interrogé sur sa décision de s’exprimer à la télévision ce 14 juillet, alors qu’il avait, en début de quinquennat, abandonné la traditionnelle allocution présidentielle, Emmanuel Macron a souligné la particularité de la période traversée et donc de ce 14 juillet 2020. Un 14 juillet en hommage aux soignants en première ligne durant la crise sanitaire.
A la question de la détestation dont il est l’objet par une partie des Français, Emmanuel Macron a tout d’abord estimé que la France est un pays de contestation, tout en reconnaissant des « maladresses », des erreurs de méthode. « J’ai donné le sentiment à mes concitoyens que je préparais quelque chose qui n’est pas juste. Je ne suis pas celui qui va faciliter la mondialisation », assure-t-il.
Le président a de nouveau affirmé la nécessité des réformes, défendant le bilan de la première moitié de son quinquennat, tout en assurant que désormais la méthode va changer, plus de place sera faite au dialogue social et à la concertation avec les élus de terrain.
A nouveau chemin, nouvelle équipe
S’il n’a pas tari d’éloges sur Edouard Philippe, Emmanuel Macron a toutefois quelque peu minimisé son rôle: « Il a fait, à mes côtés, ce à quoi je m’étais engagé », puis a rappelé qu’Edouard Philippe était inconnu du grand public avant sa nomination. Le choix de Jean Castex se justifie, selon lui, par sa présence sur le terrain en tant que maire d’une petite commune, tout autant que par sa personnalité et sa culture du dialogue social, dont il fait le maître-mot de la suite du quinquennat. La réforme des retraites est de nouveau à l’ordre du jour, mais « Elle ne peut se faire telle qu’elle était emmanchée avant le Covid ».
Interrogé sur la polémique quant à la nomination de Gérald Darmanin, accusé de viol, Emmanuel Macron s’est dit « le garant de la présomption d’innocence », tout en réaffirmant son attachement à la cause féministe. « Je ne veux pas d’une démocratie d’opinion, à l’anglo-saxonne », assène-t-il.
« Mettez des masques, mettez des masques! »
Quant à une éventuelle seconde vague de Covid-19 en France, s’il insiste sur le non-consensus scientifique, il reconnait que des signes de reprise sont bien présents, notamment le R, qui est à 1, soit un cas en contamine un autre. Puis a martelé l’importance des gestes barrières, et annoncé qu’au premier août, le port du masque sera obligatoire dans les lieux publics clos.
Un reconfinement, s’il devait arriver, serait le plus possible localisé, chose rendue possible par un test massif de la population. Les tests seront disponibles à tous, sans prescription médicale. Le président assure que les stocks médicaux sont assurés en cas de seconde vague.
Un plan de relance à 100 milliards d’euros
Reconnaissant que 800 000 à un million de nouveaux chômeurs seront à déplorer à l’horizon début 2021, Emmanuel Macron affirme vouloir éviter des plans massifs de licenciement. Pour ce faire, il vante le dialogue social et les accords de branche ou d’entreprise, et se félicite du dispositif exceptionnel et « unique au monde » de chômage partiel. « Aucun patron ne veut que ses salariés travaillent moins », assure-t-il, tout en estimant que, en cas d’accord pour une baisse des salaires dans une entreprise, les salariés devraient avoir droit à des primes d’intéressement, quand la reprise sera là. De plus, dit-il, « La modération des salaires doit s’accompagner de la modération des dividendes ».
Des mesures spécifiques seront mises en oeuvre pour l’emploi des jeunes : la création de 300 000 contrats aidés pour les jeunes, la création de 200 000 places dans des formations supérieures, pour que ceux qui n’ont aucune perspective d’embauche poursuivent des études, et l’exonération de charges sociales pour l’emploi des jeunes, mesure qui devrait durer environ 2 ans.
Le président veut désormais planifier l’économie, avec pour objectif la souveraineté industrielle et agricole. Il affirme vouloir que l’industrie soit relocalisée, et qu’elle soit plus écologique. « Il faut rendre la France plus forte en répondant à des problèmes qu’on n’a pas réglé par temps calme », dit-il, estimant que cette crise sanitaire sera l’occasion de changer de modèle.
Un modèle plus respectueux de l’environnement, l’écologie sera désormais au coeur du développement, avec un plan de rénovation du bâtiment et une relance du fret ferroviaire, notamment.
« Une crise de la démocratie »
« S’est installée l’idée que les gouvernants ne peuvent rien changer ». C’est ainsi qu’il explique le désamour des Français pour la démocratie représentative, promettant que la deuxième partie de son quinquennat démontrera le contraire, et que l’ascenseur social va redémarrer. De nouveau, Emmanuel Macron s’exprime sur ses maladresses: « Je suis un gaulois réfractaire, je l’ai dit en m’incluant », justifie-t-il.
Des caméras piétons sur les policiers
Interrogé sur le rapport du Défenseur des Droits Jacques Toubon, qui réclame la fin des contrôles au faciès et un changement de la doctrine de maintien de l’ordre, Emmanuel Macron, sans s’attarder sur le sujet, a toutefois fait une annonce attendue depuis longtemps par les associations de victimes: la généralisation des caméras. « Nous allons tout reprendre et généraliser avant la fin du quinquennat toutes les caméras piétons qui permettent, sur ces sujets comme sur celui ensuite des modes opératoires, d’avoir de rétablir la confiance entre la population et la police. »