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Émission de faux pass sanitaires : Le Dr Lucas fixé sur son sort le 29 juin

Le médecin généraliste Bertrand Lucas, officiant à la Ravine des Cabris, comparaît ce jeudi pour avoir établi de faux certificats de vaccination, de faux pass sanitaires sans vaccination, ainsi que pour l'utilisation d'un pass non valide et des manœuvres frauduleuses auprès de la Sécurité sociale. Ces faits lui sont reprochés pour la période allant du 1er juillet 2021 au 30 septembre 2021, alors que les restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid étaient en vigueur. Le jugement a été mis en délibéré au 29 juin.

Ecrit par PB/GD/BS – le jeudi 08 juin 2023 à 16H56

C’est sous les applaudissements d’une cinquantaine de militants anti-vaccin que le Dr Bertrand Lucas est arrivé et reparti du palais de justice de Saint-Pierre. Depuis octobre 2021, le médecin généraliste est mis en examen pour avoir émis des centaines de certificats de vaccination au Covid falsifiés.

L’Assurance maladie et l’ARS se sont rendus compte des anomalies. Le médecin généraliste avait connu une forte augmentation de son activité avec de nombreux nouveaux patients. Un rush a même été constaté alors que l’obligation vaccinale pour les personnels soignants et professionnels en contact avec les personnes vulnérables allait entrer en vigueur.  

1.906 nouveaux patients ont été recensés.  Toutes les personnes n’étant pas identifiées et entendues, seul 97 cas ont été retenus dans le dossier comme ayant reçu cette attestation vaccinale sans la moindre injection. Ces derniers ont été poursuivis à différents niveaux.

Durant ses auditions, le médecin de 61 ans avait affirmé n’avoir pas été motivé par l’argent, mais bien par conviction. Il a déclaré être opposé au principe de la vaccination obligatoire « concernant le vaccin anti-Covid en urgence dans le cadre imposé », précise-t-il aujourd’hui, même s’il a réalisé de véritables injections dans son cabinet.

« Tu es un beau salaud »

À la barre du tribunal, le médecin livre avoir d’abord sollicité l’autorisation de médecin vaccinateur pour lui-même et obtenir un faux pass. Une démarche « pour ne pas tout perdre, ma maison à crédit, mon cabinet, mon travail et peut-être ma femme ».

À la question de savoir pourquoi il distribuait de faux pass aux patients, qui venaient du coup de toute l’île avec tous les profils, il explique avoir « mis le doigt dans un fatal engrenage. Tu es un beau salaud. Tu vas faire semblant de te vacciner pour bénéficier d’un faux pass et tu vas dire à tes patients qu’il faut se vacciner pour avoir un pass. » Pour obtenir le sésame sans se faire vacciner, certains individus étaient prêt à payer, assure le Dr Lucas qui n’a jamais accepté d’argent. Un enrichissement qui effectivement ne ressort pas de la procédure, en convient la présidente du tribunal. 

Quelques mineurs ont bénéficié d’un faux pass, mais également des professionnels obligés de se faire vacciner comme un steward et le commandant d’une caserne de pompiers. En revanche, le Dr Lucas a refusé de fournir des pass à un couple qui souhaitait aller en vacances à Tahiti ou encore à un adolescent qui voulait continuer d’aller au Mc Do, relève-t-il. 

« Il faut une idéologie sans faille »

Pour la partie civile constituée de l’Ordre des médecins, l’ARS et l’Assurance Maladie, « le motif était avant tout vénal. Si on vit dans l’idéologie, on peut fournir des pass sans faire payer », fustige Me Caroline Chane Meng Hime. 

 

« Le Dr Lucas se positionne comme un justicier qui viendrait rétablir l’équité », ironise le parquet. L’accélération du nombre de patients et les facturations auprès de l’Assurance maladie prouvent la matérialité de l’infraction d’escroquerie. Il faut « une idéologie sans faille quand on perd le sens de la réalité à ce moment-là », estime la représentante du Ministère public, qui pointe également l’absence de regrets d’un prévenu venu « escroquer le système de santé ».

La parquetière requiert donc une peine de 6 mois de prison assortie d’un sursis simple, 10.000 euros d’amende, dont la moitié avec sursis, mais surtout l’interdiction définitive d’exercer la profession de médecin. Le docteur Bertrand Lucas a été suspendu 18 mois durant son contrôle judiciaire. 

« Il n’est le justicier que de sa conscience « 

Me Clémence Godinaud pour la défense du prévenu axe sa plaidoirie sur la personnalité de son client, « un médecin bienveillant, pas carriériste » qui a usé de faux pour ne pas s’endetter mais aussi au nom de ses convictions « pour la sacralité du corps humain mais aussi pour un vaccin réalisé en un temps record alors qu’il a toujours appris dans ses études que l’évolution d’un virus durant une pandémie freine les effets d’un vaccin ». 

« Il n’est le justicier que de sa conscience », renvoie au parquet le bâtonnier Me Djalil Gangate. L’avocat a tenté de remettre en cause l’obligation vaccinale quand on est face à des patients en refus de soin ou encore à la perte de leur travail. « Un choix avec une alternative extraordinaire », soulève-t-il. « Sa motivation de médecin et rien d’autres, il n’avait pas du tout de mobile crapuleux, pas de rébellion  ni d’anarchie. il estime que son devoir est d’aider l’autre ». 

 

« J’ai très mal agi, j’ai mis le trouble là où il en avait déjà . Je vous supplie de me rendre mon métier « , conclut en larmes les débats le médecin. 

Le jugement a été mis en délibéré au 29 juin.

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