Patrick est un gérant d’entreprise dans l’embarras. Voici des semaines qu’il scrute le suivi de ses colis sur internet. « Tous les colissimos contenant nos marchandises ont étés livrés ce vendredi 4 septembre respectivement en 34, 18 et 6 jours à partir de leur date d’arrivée à La Réunion », présente-t-il le décor.
C’est sur la formule de livraison en Colissimo que portent ses questions. « Les délais aléatoires et parfois extrêmement longs de livraison des Colissimos pénalisent gravement toutes les petites entreprises comme la nôtre qui utilisent principalement cette formule du service public afin d’importer à moindre coût leurs marchandises de métropole », explique-t-il sa situation commerciale en flux tendu.
Les renforts n’ont pas suffi
Sans plus d’explication sur la cause du retard, il est allé à la chasse aux infos. C’est d’abord vers les douanes qu’il a entrepris de découvrir la vérité. La réponse de la direction régionale semble convaincante et les « dédouane » du retard pris. « La Douane m’a confirmé que ses services traitent les taxations des colis demandés par la Poste dans la journée même. Or, pour reprendre l’exemple de l’un de mes Colissimo que j’attends encore un mois après son arrivée à La Réunion le 3 août, la Poste avait demandé à la Douane de le taxer le 22 août, soit 19 jours après son arrivée. Et depuis cette date, plus personne ne savait où se trouvait mon colis et quand il serait livré même en appelant le numéro de la Poste réservé aux professionnels. Les services de la Douane ne sont pour rien dans nos difficultés (ou de façon secondaire). C’est la Poste et elle seule qui en est responsable », confirme-t-il après sa petite enquête.
Nous avons demandé à la Direction de la Poste ce qu’il en était au sein de ses services. Elle nous confirme les retards pris ces dernières semaines post-confinement mais informe, dans le même temps, que ces bouchons sont résorbés depuis le 1er septembre.
« Jusqu’au mois de juin, pour faire face à la baisse du fret aérien (10 à 12 vols par semaine avant la crise, contre 3 vols par semaine depuis le début de la crise), La Poste a affrété chaque semaine à ses frais, pour assurer une continuité territoriale, deux avions cargo spécialement dédiés au transport des courriers prioritaires et des colis. La voie aérienne, était réservée aux courriers prioritaires, aux recommandés et autres courriers suivis, ainsi que pour les colis. Ce dispositif a été complété par du fret maritime, utilisé uniquement pour le transport des courriers économiques », nous expose la direction régionale de La Poste.
Des masques « empaquetés » à profusion
« Depuis le mois de juillet, l’ensemble de notre activité de transport bénéficie du fret aérien, nous permettant ainsi de distribuer chaque jour près de 20.000 objets (Colissimo et petits paquets internationaux). C’est sur cette moyenne d’activité que sont basées nos organisations. Au mois d’août, le ministère des Solidarités et de la Santé a choisi La Poste pour assurer la distribution gratuite de masques. Pour La Réunion, cela a représenté 3 millions de masques, soit 500.000 petits paquets à distribuer en plus de notre activité habituelle. Malgré les renforts recrutés pour faire face à ce surcroit d’activité, nous avons pris du retard dans la distribution. La Poste s’excuse pour les désagréments rencontrés par ses clients et tient à préciser que depuis le 1er septembre, ce retard est résorbé. L’activité est revenue à la normale », informe la direction de La Poste.
Cette mission supplémentaire avec la distribution des masques venait ainsi s’ajouter aux « nouveautés » de la période inédite du confinement. Dès le 17 mars, les postiers avaient ainsi été amenés à mettre en place une distribution sans contact, que ce soit pour les colis ou pour les Lettres Recommandées, de remettre 1500 paniers de fruits et légumes par semaine et en apportant leur soutien au dispositif « Devoir à la maison » via sa filiale Docaposte par l’envoi par voie postale des devoirs préparés par les professeurs aux élèves en situation de déconnexion numérique.