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Elus verts, administrateurs de la réserve marine : « Il n’y a pas d’effet garde manger »

Jean Erpeldinger et Mélissa Cousin, élus écologistes et administrateurs de la réserve marine, ont souhaité s'exprimer dans un communiqué suite à l'annonce formulée par le ministre de l'Outre mer. Pour eux, rien ne permet aujourd'hui "d'incriminer la Réserve dans la recrudescence des attaques de requins" et expliquent pourquoi.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 01 août 2012 à 17H59

« Une semaine après le drame qui s’est noué sur le spot de Trois-bassins ne demeure qu’une seule certitude, un jeune homme est décédé dans des conditions choquantes et traumatisantes. Ces proches, ces amis portent un deuil douloureux, c’est à eux, aussi, que nous pensons en écrivant ce courrier et nous voulons les assurer de notre sympathie.

Seule certitude, car pour le reste, le conditionnel doit rester de mise. En particulier, aucune donnée scientifique ne peut permettre d’incriminer la Réserve Marine dans la recrudescence des attaques de requins ou d’affirmer que des prélévements massifs de requins apporteraient un surcroit de sécurité durable.

Pour commencer, par la réserve marine, tous les observateurs avisés s’accordent pour dire que bien qu’on note une légère amélioration de l’état de notre récif, elle est loin d’avoir produit des effets miraculeux. Il n’y a pas d’effet « garde-manger » qui expliquerait une présence accrue de requins bouledogues. Mieux encore, il semblerait que dans un récif de qualité optimale, ce sont d’autres types de requins, non dangereux, qui seraient observés. Rappelons que le bouledogue aime les environnements dégradés et les eaux de mauvaise qualité. Il y a, sans doute, plus à faire dans la réduction des pollutions d’origine humaine et dans une sauvegarde accrue de notre environnement.

Faut-il rappeler que les enjeux de la Réserve Marine ne se limitent pas à la protection des poissons? Derrière l’enjeu sur les poissons, c’est le récif et la santé des coraux qui sont en jeu et au-delà l’équilibre d’un système complexe qui protège les côtes de l’Ouest.

L’idée du prélèvement de requins peut paraître séduisante, elle obéit à un raisonnement simple qui voudrait qu’en éliminant des spécimens potentiellement dangereux, on offrirait un surcroit de sécurité. Sauf que là encore, nous avancerions à l’aveuglette. Les individus prélevés seront-ils les spécimens dangereux (Le requin en question n’avait pas rencontré les poseurs de balises)? A partir de quel tableau de chasse pourra-t-on proclamer que la sécurité est revenue? Qui prendra le risque de l’affirmer et de renvoyer tout le monde à l’eau?

Toutes ces questions ne pourront trouver de réponses, sans un éclairage scientifique à la hauteur. Nous sommes dans le temps des études, sachons raison garder. Il est irresponsable d’entretenir l’illusion qu’il existe des solutions faciles et rapides.

Nous, écologistes, avons déjà dit que s’il était avéré que quelques prélèvements ciblés pouvaient apporter une réponse durable à cette crise, ils devraient alors être envisagés (Monsieur Thierry Robert croit-il vraiment être le seul à choisir une vie humaine contre la vie d’un requin?). Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui, il faut attendre les conclusions des études. Aujourd’hui, une telle décision n’a pas de sens et en entretenant la fable d’un règlement de la crise, elle pourrait être à l’origine de nouveaux drames. Il est honteux de voir des politiciens se vautrer dans une démagogie facile, mais dont les effets sont tout à fait discutables.

Nous avons pris connaissance de la position du Ministre de l’outre-mer qui diffère sensiblement des affirmations trompeuses de Thierry Robert (Il apparaît, notamment, que le retrait de son arrété municipal est motivé par des soucis de légalité). Néammoins, sa position en faveur de la pêche aux requins nous interpelle pour les raisons évoquées ci-dessus. Dans ce contexte, nous nous engageons, bien sûr, à rester vigilants et à partager notre position avec les ministres écologistes du gouvernement.

Plus que jamais, nous restons mobilisés pour trouver des solutions, qu’elles soient préventives ou qu’elles apportent une amélioration à long terme. Nous sommes à l’écoute du monde scientifique, mais, aussi, des usagers et des amoureux de la nature.

Les équipes de la Réserve Marine font un travail difficile avec une volonté de dialogue qui ne s’est jamais démentie. Alors que la menace sur la biodiversité mondiale et que la pression humaine sur l’équilibre de nos côtes n’ont jamais été aussi forte, ce travail est indispensable, notre soutien leur est acquis.

Jean Erpeldinger et Mélissa Cousin,
Elu-e-s écologistes,
Administrateurs de la Réserve Marine. »

 

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