Lydia* n’aura pas ramené que des souvenirs de ses vacances à La Réunion. La Stéphanoise a attrapé la ciguatera lors de son séjour dans l’ile en fin d’année dernière. Cette intoxication alimentaire est provoquée par les chairs de poissons contaminés par la microalgue benthique Gambierdiscus toxicus présente dans les récifs coralliens. Une contamination qui se renforce au fur et à mesure que l’on monte dans la chaîne alimentaire, ce qui explique pourquoi la consommation de requin est interdite sur l’île.
Tout a commencé le 29 décembre dans un restaurant saint-gillois. « Il n’y a avait plus de thon, alors j’ai commandé une assiette de poissons de récif » explique Lydia. Les symptômes ont débuté le lendemain. « J’ai eu des démangeaisons dès le lendemain et jusqu’à la fin de mon séjour. Cela n’a fait qu’empirer à mon retour où je me grattais jusqu’au sang. Ça a commencé sur les bras, puis les jambes avant de s’étendre sur le visage et même les yeux. J’avais en plus de forts maux de tête ».
Une maladie indétectable
De retour en métropole, elle part faire des analyses de sang et un scanner, mais rien n’apparaît dans les résultats. Elle contacte un ami infectiologue qui ne trouve rien non plus, mais lui conseille de creuser par rapport à son voyage à La Réunion.
Elle constate toutefois que les crises s’accentuaient lorsqu’elle mangeait du chocolat et fait ses propres recherches à partir de cela. C’est ainsi qu’elle va découvrir l’existence de la ciguatera sur internet. Une découverte que les médecins vont valider au travers d’un diagnostic différentiel, car seule une analyse du poisson concerné aurait pu certifier de la présence ou non de la toxine.
Aucun traitement moderne existant
Surtout, elle apprend qu’il n’existe aucun traitement contre la ciguatera. Seul le temps, parfois plusieurs années, va faire passer cette intoxication. Pour alléger les symptômes, elle doit suivre un régime très strict sans protéine, animale ou végétale, sans chocolat, qui contient de l’histamine, et elle ne doit pas pratiquer de sport pour éviter de diffuser la toxine dans son organisme. Cet effort parvient à la soulager, mais les symptômes restent présents.
En poursuivant ses recherches sur la maladie, elle découvre que les Néo-Calédoniens et les Polynésiens utilisent un remède appelé « faux tabac » contre la maladie qu’ils nomment « la gratte ». C’est un tisaneur de La Réunion qui parviendra à lui en fournir. « Ça n’a pas marché, car je l’ai peut-être pris trop tard » explique-t-elle. Lydia veut toutefois alerter sur le risque de ce traitement « naturel » qui peut s’avérer dangereux s’il est mal utilisé.
Bon gré mal gré, Lydia s’est résolue à attendre que la toxine s’en aille avec le temps. Son espoir vient du fait que les symptômes lui sont apparus relativement vite, car plus ils tardent à arriver, plus longue sera la maladie.
Pas rancunière, Lydia compte bien revenir dans l’île pour s’installer et fonder une entreprise. Elle souhaite que sa mésaventure puisse alerter sur les risques de cette maladie assez méconnue.
*Prénom d’emprunt