Même si le lieu et le moment n’était pas forcément propice à cela, Didier Robert, le président du Conseil régional, a profité de cette rencontre pour rappeler à la ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, tout le « bien » qu’il pensait de l’actuel gouvernement socialiste. Le président du Conseil régional a reçu Najat Vallaud-Belkacem dans le cadre de la signature d’une convention cadre à la Région sur les « Territoires de l’excellence en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ».
« Le véritable défi que doit relever la Réunion, c’est avant tout celui de l’emploi et de l’insertion professionnelle, celui d’un combat pour plus de justice et de cohésion sociale (…). Nous traversons encore une fois une période douloureuse, les débordements de rue deviennent réguliers, le manque de foi et de confiance en l’avenir sont l’expression d’un trop grand nombre, les fondamentaux de la société réunionnaise sont chaque jour mis à mal« , explique en introduction Didier Robert. « Vous n’en portez pas la responsabilité directe madame la Ministre et ne voyez dans mes propos aucune agression (…). J’ai le devoir de m’exprimer devant vous en toute franchise et en toute loyauté (…), que vous entendiez nos inquiétudes. Il y a des promesses de changement qui ont été faites ici, des promesses auxquelles les Réunionnais ont été nombreux à croire. Et ils sont nombreux confrontés à une réalité d’épreuves et de déception« , ajoute-t-il.
« Un refus poli »
Tour à tour, Didier Robert a énuméré les problèmes de défiscalisation, des dettes sociales et fiscales des entreprises ou encore la question du gaz et du carburant. « Le président de la République s’est officiellement engagé sur ce sujet à « lutter contre la hausse des carburants en découpant raffinage, stockage et distributions ». Le gouvernement a fait de la vie chère l’un de ses principaux sujets outre-mer. J’ai demandé à ce que le gaz et le carburant soient intégrés à la liste Lurel. Nous avons essuyé un refus poli« , souligne-t-il.
Sur un autre sujet brûlant, les emplois d’avenir, le président de Région a rappelé que personne n’était « opposé » au dispositif tout en rappelant que seuls 5.000 contrats sur les 150.000 avaient été signés. « Il faut revoir les mécanismes d’application. Une première proposition consisterait à aligner le niveau d’intervention de l’Etat sur celui des emplois aidés classiques pour permettre aux collectivités locales de s’engager« , explique Didier Robert. A droite, on applaudit dans la salle, à gauche c’est la soupe à la grimace.
Après son discours, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a pris la parole. « Je suis surpris de la tonalité du discours. Nous sommes là pour signer une convention cadre entre la Région et l’Etat, une expérimentation forte et efficace sur la question de l’égalité homme et femme au travail« , explique la ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement. « Sur la question du chômage, nous avons conscience de la priorité. Nous n’avons pas attendu pour agir vigoureusement dans ce département. Je rappelle que la Réunion est le département le mieux loti avec 5.000 emplois d’avenir. Ce dispositif permet de mettre en place de véritables emplois. Mais si le gouvernement met en place cet outil, il ne peut pas réussir tout seul. Je rappelle que la Martinique a utilisé 38% de son enveloppe emploi d’avenir quand la Réunion n’en a utilisé qu’à peine 1%« , rappelle-t-elle.
La ministre regrette la sortie « brutale » du dispositif gaz
« Concernant la vie chère, Lurel n’a pas ménagé sa peine, notamment via la loi de régulation économique. Le 1er mars, le bouclier qualité prix sera mis en place et permettra une baisse sensible et durable sur des produits« , ajoute-t-elle avant d’embrayer sur le sujet qui fâche : le prix du gaz. « Je regrette que la Région soit sortie brutalement du dispositif de compensation du prix de la bouteille de gaz. Une sortie progressive du dispositif aurait pu éviter des problèmes aux Réunionnais« , lâche-t-elle. A gauche on applaudit, à droite c’est la soupe à la grimace. Un partout, balle au centre.
Après cet échange d’amabilité, Najat Vallaud-Belkacem et Didier Robert ont signé la convention cadre. Puis la ministre s’est ensuite rendue à son prochain rendez-vous. Fin de la rencontre.