Différents artistes, dont certains célèbres comme Danyèl Waro, Gilbert Pounia ou encore Natty Dread, ont apporté leur soutien à l'école. De quoi donner a priori envie de la soutenir. D'autant que la mise en avant de notre culture est plutôt dans l'air du temps. Ce n'est pas notre député-chanteur Frédéric Maillot qui dira le contraire.
Cette action de promotion de notre culture passe souvent par des associations. Ce n'est pas le cas ici. L'EMA est une société au capital de 8.000€ dont le seul actionnaire est son directeur, Willy Ramboatinarosoa.
Les recettes de l'EMA proviennent essentiellement des frais d'inscription à l'école. L'EMA propose des cours particuliers pour apprendre à jouer d'un instrument à raison de 60€ de l'heure, et des cours dans le cadre d'une formation professionnalisante pour un montant de 2.160€ par an.
D'où viennent les difficultés financières de l'EMA ?
L’école comprend une trentaine de professeurs, des vacataires payés à la prestation, et environ 400 élèves, dont une trentaine en formation professionnelle. Elle ne compte que deux salariés, le comptable et le directeur qui, comme nous l'avons vu, est le seul actionnaire de la société. C'est donc lui qui fixe le montant de son salaire et il n'a de comptes à rendre qu'à lui même.
Or, ce salaire était de 74.000€/an l'an dernier, auxquels il faut rajouter 6.200€ de charges sociales, un montant qui a de quoi interpeller. Et encore, ce salaire était de 130.000€ l'année précédente.
Il est à ramener au chiffre d'affaires de la société qui n'était que de 420.000€, en nette diminution par rapport aux 600.000€ de l'année précédente ! Dit autrement, environ 1/5ème du chiffre d'affaires de la société sert à payer le salaire du directeur !
Une fois ces chiffres connus, on commence à mieux comprendre d'où viennent les difficultés de l'entreprise ! Pas sûr que les artistes qui apportent leur soutien au directeur soient au courant de ces montants.
L'Etat se retire du financement de la structure
Officiellement, l'origine des difficultés actuelles est à rechercher du côté de la décision de l'Etat, annoncée une semaine avant la rentrée, de supprimer la subvention de 120.000€ versée jusque là au travers de Pôle Emploi. Selon lui, la compétence de la formation professionnelle est exclusivement de la Région et il appartient donc à cette dernière d'assurer le financement de l'école.
C'est tout au moins ce que l'on a cru pendant un certain temps. Cependant, il apparait que les difficultés de l'EMA ne datent pas d'aujourd'hui. En fait, elle était déjà déficitaire en 2018 et connait des problèmes de trésorerie depuis l'année suivante.
Willy Ramboatinarosoa ne veut pas de prêt
L'EMA, on l'a vu, est une entreprise et les aides dans ce domaine sont très encadrées. Il avait un moment envisagé de lui proposer une aide au sauvetage. Il s'agit cependant d'un prêt, ce que refuse le directeur de l'EMA. Un prêt, en effet, normalement, ça se rembourse...
Ne restait donc plus que la solution proposée dès le 9 septembre d'une aide globale de 200.000€ au travers d'une bourse régionale de 2.500€ versée à chaque stagiaire (somme reversée ensuite à l'EMA par les élèves) et un financement de 100.000€.
Or, bizarrement, à en croire un communiqué de la Région en date du 3 novembre dernier, "seulement 27 dossiers sur 40 sont parvenus à notre Direction de la Formation Professionnelle et ils sont pour la plupart incomplets. Concernant la subvention (de 100.000€), NDLR) au titre du fonctionnement de l’établissement d’enseignement, nous constatons également que le dossier de demande de subvention n’a toujours pas été complété auprès de nos services".
Etonnant, non ?
Découverte d'un passif de 130.000€
L'explication de ce manque d'empressement de la part d'une entreprise en difficulté, est peut-être à rechercher ailleurs.
Une fois la décision de la Région notifiée, Willy Ramboatinarosoa a fait savoir aux services concernés que cette aide ne serait pas suffisante. Selon lui, son entreprise aurait en effet cumulé une dette de 130.000€ liée à la crise COVID et il demandait en conséquence une aide supplémentaire d'un montant équivalent. Avec un chantage à la clé : si je n'ai pas cette somme, je ferme l'école !
Attardons-nous un peu sur cette dette.
Normalement, les entreprises qui ont été impactées par le COVID ont bénéficié d'aides de l'Etat. Ce n'est pas le cas de l'EMA. Pourquoi ?
Le directeur préfère continuer à se verser son salaire
Pour bénéficier de ces aides, il aurait fallu que l'EMA mette son personnel en chômage partiel. Ce qu'a refusé de faire le directeur, préférant continuer à se verser intégralement son salaire...
Nous sommes donc face à un directeur d'une société privée, seul actionnaire de son entreprise et donc seul à encaisser les dividendes en cas de bénéfices et à déterminer le montant de son salaire qui est, comme on l'a vu, exorbitant pour une structure de cette taille, qui vient solliciter des fonds publics pour compenser un retrait de l'Etat.
Aide pour laquelle on lui donne satisfaction. Mais qui maintenant réclame une subvention supplémentaire pour venir compenser des erreurs de gestion qui lui ont notamment permis de se verser intégralement son salaire pendant la crise COVID...
On est loin de l'aide à une pauvre structure en difficulté !
Dernière question : pourquoi Willy Ramboatinarosoa ne place-t-il pas sa société en redressement judiciaire, ce qui aurait pour effet de geler la dette dans un premier temps, voire même de l'effacer dans une seconde étape ?
Cette action de promotion de notre culture passe souvent par des associations. Ce n'est pas le cas ici. L'EMA est une société au capital de 8.000€ dont le seul actionnaire est son directeur, Willy Ramboatinarosoa.
Les recettes de l'EMA proviennent essentiellement des frais d'inscription à l'école. L'EMA propose des cours particuliers pour apprendre à jouer d'un instrument à raison de 60€ de l'heure, et des cours dans le cadre d'une formation professionnalisante pour un montant de 2.160€ par an.
D'où viennent les difficultés financières de l'EMA ?
L’école comprend une trentaine de professeurs, des vacataires payés à la prestation, et environ 400 élèves, dont une trentaine en formation professionnelle. Elle ne compte que deux salariés, le comptable et le directeur qui, comme nous l'avons vu, est le seul actionnaire de la société. C'est donc lui qui fixe le montant de son salaire et il n'a de comptes à rendre qu'à lui même.
Or, ce salaire était de 74.000€/an l'an dernier, auxquels il faut rajouter 6.200€ de charges sociales, un montant qui a de quoi interpeller. Et encore, ce salaire était de 130.000€ l'année précédente.
Il est à ramener au chiffre d'affaires de la société qui n'était que de 420.000€, en nette diminution par rapport aux 600.000€ de l'année précédente ! Dit autrement, environ 1/5ème du chiffre d'affaires de la société sert à payer le salaire du directeur !
Une fois ces chiffres connus, on commence à mieux comprendre d'où viennent les difficultés de l'entreprise ! Pas sûr que les artistes qui apportent leur soutien au directeur soient au courant de ces montants.
L'Etat se retire du financement de la structure
Officiellement, l'origine des difficultés actuelles est à rechercher du côté de la décision de l'Etat, annoncée une semaine avant la rentrée, de supprimer la subvention de 120.000€ versée jusque là au travers de Pôle Emploi. Selon lui, la compétence de la formation professionnelle est exclusivement de la Région et il appartient donc à cette dernière d'assurer le financement de l'école.
C'est tout au moins ce que l'on a cru pendant un certain temps. Cependant, il apparait que les difficultés de l'EMA ne datent pas d'aujourd'hui. En fait, elle était déjà déficitaire en 2018 et connait des problèmes de trésorerie depuis l'année suivante.
Willy Ramboatinarosoa ne veut pas de prêt
L'EMA, on l'a vu, est une entreprise et les aides dans ce domaine sont très encadrées. Il avait un moment envisagé de lui proposer une aide au sauvetage. Il s'agit cependant d'un prêt, ce que refuse le directeur de l'EMA. Un prêt, en effet, normalement, ça se rembourse...
Ne restait donc plus que la solution proposée dès le 9 septembre d'une aide globale de 200.000€ au travers d'une bourse régionale de 2.500€ versée à chaque stagiaire (somme reversée ensuite à l'EMA par les élèves) et un financement de 100.000€.
Or, bizarrement, à en croire un communiqué de la Région en date du 3 novembre dernier, "seulement 27 dossiers sur 40 sont parvenus à notre Direction de la Formation Professionnelle et ils sont pour la plupart incomplets. Concernant la subvention (de 100.000€), NDLR) au titre du fonctionnement de l’établissement d’enseignement, nous constatons également que le dossier de demande de subvention n’a toujours pas été complété auprès de nos services".
Etonnant, non ?
Découverte d'un passif de 130.000€
L'explication de ce manque d'empressement de la part d'une entreprise en difficulté, est peut-être à rechercher ailleurs.
Une fois la décision de la Région notifiée, Willy Ramboatinarosoa a fait savoir aux services concernés que cette aide ne serait pas suffisante. Selon lui, son entreprise aurait en effet cumulé une dette de 130.000€ liée à la crise COVID et il demandait en conséquence une aide supplémentaire d'un montant équivalent. Avec un chantage à la clé : si je n'ai pas cette somme, je ferme l'école !
Attardons-nous un peu sur cette dette.
Normalement, les entreprises qui ont été impactées par le COVID ont bénéficié d'aides de l'Etat. Ce n'est pas le cas de l'EMA. Pourquoi ?
Le directeur préfère continuer à se verser son salaire
Pour bénéficier de ces aides, il aurait fallu que l'EMA mette son personnel en chômage partiel. Ce qu'a refusé de faire le directeur, préférant continuer à se verser intégralement son salaire...
Nous sommes donc face à un directeur d'une société privée, seul actionnaire de son entreprise et donc seul à encaisser les dividendes en cas de bénéfices et à déterminer le montant de son salaire qui est, comme on l'a vu, exorbitant pour une structure de cette taille, qui vient solliciter des fonds publics pour compenser un retrait de l'Etat.
Aide pour laquelle on lui donne satisfaction. Mais qui maintenant réclame une subvention supplémentaire pour venir compenser des erreurs de gestion qui lui ont notamment permis de se verser intégralement son salaire pendant la crise COVID...
On est loin de l'aide à une pauvre structure en difficulté !
Dernière question : pourquoi Willy Ramboatinarosoa ne place-t-il pas sa société en redressement judiciaire, ce qui aurait pour effet de geler la dette dans un premier temps, voire même de l'effacer dans une seconde étape ?