« On assiste, effarés, à un véritable travail de sape de la part des élus de la Région, de Saint-Paul et de Saint-Leu », se désole Mélissa Cousin. « On espère, sûrement vainement, que les élus reviendront à la raison et ne mettront pas la réserve en coma artificiel en lui retirant ses moyens de fonctionner », poursuit-elle, alors que la Région a déjà annoncé qu’elle retirait ses subventions.
« Des mensonges »
La conseillère municipale d’opposition de Saint-Paul regrette que la Réserve serve de « bouc émissaire » et pointe du doigt des « mensonges et contre-vérités » : « Pour justifier le retrait des subventions, la Région argue qu’il n’y a pas le droit de pêcher le requin dans la réserve et qu’il est impossible d’en débattre au sein du GIP. Mais c’est faux », s’indigne-t-elle. « Il y a neuf dispositifs, sept palangres dans le périmètre général et deux en zone de protection renforcée ». Elle affirme : « Nous ne sommes pas contre la pêche de requins, à condition qu’il y ait une caution scientifique et un suivi. » L’écologiste déplore d’ailleurs le discrédit jeté par certains élus sur les scientifiques, l’estimant dangereux. « Le risque est qu’en cas de grosse crise sanitaire, la population ne les écoute plus ».
Par ailleurs, alors qu’un « effet réserve » est mis en avant par certains politiques, Mélissa Cousin veut faire savoir : « 12.000 heures de pêche sur 26.300 ont concerné la Réserve. Or, seules 6% des captures de requins ont eu lieu dans la réserve ». Pour elle, c’est clair, il y a véritablement « une volonté de monter la population contre la Réserve ».
De son côté, Charles Moyac tient à rappeler que « 100% des attaques ont eu lieu quand il était interdit d’aller à l’eau » et que « 10 attaques mortelles ont eu lieu avant la création de la Réserve ». L’élu en profite pour souligner : « Si les requins s’approchent de nos côtes, c’est parce qu’il y a une surpêche au large qui vide l’océan en nourriture. Les squales se rapprochent car ils ne trouvent plus à manger. D’autre part, la mauvaise qualité de l’eau rejetée, qui les attire aussi, est un point primordial ».
« Un outil de clivage politique »
« Il y a une véritable défaillance de gouvernance », résume-t-il. Le porte-parole d’EELV-Réunion dénonce ici non seulement les positions de Didier Robert, lui reprochant une manipulation de l’opinion publique, mais aussi celles du préfet, « qui se réfère à Patrick Florès, un élu agressif qui doit satisfaire ceux qui l’ont élu », ainsi que celles du maire de Saint-Paul, « qui cherche à satisfaire la partie de son électorat qui crie le plus fort ». Il constate : « Le lobbying et la vociférations d’une partie extrémiste et non représentative des surfeurs ont fonctionné ».
« Il faut reposer correctement le débat pour mettre en place des solutions efficaces », reprend Mélissa Cousin, regrettant que cette crise ne soit devenue un « outil de clivage politique ». L’élue tient à rappeler l’intérêt d’avoir une Réserve marine pour protéger l’écosystème. « Il y a un argument environnemental qui ne doit pas passer à la trape sous prétexte que ça donne des boutons au président de région », tâcle-t-elle, avant de conclure : « Il faut la préserver et il faut un suivi scientifique, car la région veut régler par la pêche ce que la pêche a déréglé à une époque en surpêchant le requin de récif ».