« On ne peut pas continuer à nous cataloguer de bœuf moka des temps modernes. Le colonialisme c’est fini. Il ne doit plus y avoir de discriminations », s’est exclamé Patrick Hoarau, le secrétaire général de la CGT-EDF, ce matin en conférence de presse.
Les représentants syndicaux CGTR réclament l’alignement de la majoration, dont bénéficient les fonctionnaires d’État, pour les agents d’EDF et ENN (entreprises privées productrices d’électricité), comme cela est prévu dans les statuts. Cette revendication toucherait 650 agents EDF et 116 ENN à la Réunion. Actuellement, ces agents touchent 20% de sur-rémunération contre 53% pour les fonctionnaires d’État. Seuls les cadres bénéficient d’une meilleure majoration se basant sur une règle antérieure qui favorise la venue de la main d’œuvre nationale…
La problématique concerne en fait tous les DOM. Ainsi, cet après-midi, une visioconférence est prévue afin que tous les représentants syndicaux des Départements d’Outre-Mer s’accordent sur le démarrage, ou non, de la grève.
En cas de grève, des pannes de courant sont à prévoir…
Le préavis de grève avait été déposé le 3 décembre dernier et prend donc fin demain. De cette réunion « domienne » découlera un possible blocage de la production électrique. Souvenez-vous, en décembre 2009, la centrale thermique du Gol avait stoppé son activité provoquant des perturbations importantes dans la distribution de l’électricité.
Voici ce qui pourrait à nouveau arriver, mais pour l’ensemble de l’île. « Si nous faisons grève et que la production électrique est paralysée, la population du Sud serait effectivement la plus touchée. Mais si l’Est est également touché, soyez sûrs que le Nord en subira les conséquences car il y aura une répartition de l’électricité à effectuer« , assure Patrick Hoarau.
Le Sud le plus touché
Selon le syndicaliste, la direction d’EDF aurait à plusieurs reprises rappelé les conséquences dramatiques, notamment pour la population du Sud, que pourrait provoquer une telle grève. Une attitude qu’il dénonce aujourd’hui : « On ne peut pas laisser EDF instrumentaliser cette possible grève. Je rappelle qu’en 2006, ils avaient obtenu les investissements nécessaires pour régler le problème de réseau dans le Sud. Ils ont décalé dans le temps leurs actions pour des raisons politiques, ils n’ont pas le droit aujourd’hui de faire porter cette responsabilité aux salariés qui souhaitent entamer une grève« , a répondu ce matin Patrick Hoarau, entouré de Joël Didat, délégué syndical de la centrale thermique de Bois-Rouge et de Jean-Michel Lefèvre, délégué syndical de la centrale thermique du Gol.
Du côté de l’État, « depuis le mois d’octobre, nous avons tiré la sonnette d’alarme en envoyant une lettre au gouvernement. On nous a signifié que c’est un dossier effectivement sensible qui est transféré au ministère du budget, depuis rien ». La réunion de « partage », qui s’est déroulée hier soir entre le préfet, Michel Lalande, la direction du travail, la direction locale de Séchilienne-Sidec, une délégation des section syndicales CGT des centrales thermiques de Bois-Rouge et du Gol et une représentation de la CGT EDF Réunion, a été l’occasion de rappeler les divergences entre les protagonistes. Le Préfet, Michel Lalande, a par la suite clairement affirmé que direction et syndicats doivent entrer au plus vite en négociation au niveau national.