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Du syndrome NIMBY au racisme environnemental ?

Avec la construction de la Nouvelle Route du Littoral (NRL), certains habitants de l’île semblent atteints du syndrome NIMBY ("Not In My Backyard"). Ceux-ci refusent que leur environnement proche (leur "arrière-cour" ou backyard) soit impacté d’une manière ou d’une autre par les nuisances liées au chantier de la NRL. Les réactions hostiles au projet de carrière de Bois Blanc illustrent remarquablement l’émergence de ce syndrome dans notre île.

Ecrit par Le Club de La Réunion – le mardi 08 septembre 2015 à 19H46

Cette contestation, avec pour tête de pont, le collectif « touch pa nout roch », est de premier abord estimable. Elle reflète une aspiration démocratique à ne pas être mis devant le fait accompli par les services de l’Etat, mais surtout, témoigne de la prise de conscience de citoyens de l’impact environnemental d’une carrière en termes de santé publique (effet des poussières de silice), de bruit (passages de plusieurs centaines de camions par jour), d’embouteillages ou encore de dégradation de la qualité esthétique du lieu.

Mais à y regarder de plus près, cette contestation renvoie à une forme d’égoïsme voire de racisme environnemental. Lorsque l’on interroge les tenants de l’opposition à la carrière de Bois blanc, il est intéressant de remarquer qu’ils ne sont pas forcément contre la NRL. Nombreux sont ceux qui, dans ce collectif, voient l’intérêt que constitue la construction d’une telle infrastructure. Ce qui les dérange en réalité, c’est la proximité de cette carrière si riche en andains de leur lieu d’habitation. Une autre localisation, ailleurs sur l’île, n’aurait pas suscité le même émoi. On le voit dans une certaine mesure avec la carrière de Dioré.

Le risque associé à ce type de comportement est qu’au final les carrières nécessaires au chantier se développent dans les secteurs de l’île où l’acceptation des environnements dégradés est plus grande en particulier chez les populations socialement et économiquement défavorisées. Les études menées tant aux Etats-Unis qu’en Europe, dans la lignée des travaux de Benjamin Chavis sur le racisme environnemental, le montrent bien. Ces études indiquent une corrélation forte entre les sites générant de la pollution (atmosphérique, sonore, visuelle, etc.) et la présence de populations impécunieuses.

Le Club de La Réunion entend par conséquent veiller à ce qu’il y ait, dans le cadre du chantier de la Nouvelle Route du Littoral, une répartition équitable de la localisation des carrières. Ces dernières n’ont pas vocation à toutes se trouver à proximité des populations qui ne savent pas organiser des chaînes humaines, se mobiliser lors d’enquêtes d’utilité publique ou n’arrivent pas à obtenir des pétitions de spécialistes de la santé.

Le Club de La Réunion demande par ailleurs la création d’un groupe de réflexion sur la justice environnementale pour définir les contours de l’intérêt général dans le cadre de la NRL afin d’éviter qu’on en arrive au syndrome BIMTIMI (« Better In Madagascar Than In My Island » / Mieux à Madagascar que dans mon île).

Le Club de La Réunion

 

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