Zinfos974: Hier soir, nous sommes passés au stade 2 de l’épidémie à la Réunion. Pensez-vous que cela soit adéquat?
Docteur José Guisérix: Le niveau d’alerte épidémique devrait être au stade 3, car les différentes phases en métropole ont montré leur inefficacité: évitons de refaire les mêmes erreurs. D’ailleurs nous sommes déjà en confinement stade 3: il faut harmoniser ces deux phases et commencer à travailler avec les libéraux, ce qui devient possible avec les tests réalisés en ville par les laboratoires privés. Il faut aux soignants se protéger quand ils sont amenés à examiner des patients ayant d’autres maladies que le Covid-19 et qui sont peut-être porteurs sains: on ne peut dépister tout le monde par manque de tests, hélas.
C’est l’Agence Régionale de Santé qui est en responsabilité des questions sanitaires, sous l’autorité du préfet, or, les autorités passent leur temps à se contredire : gérer c’est prévoir, pas forcément savoir improviser et être créatif, ce sont deux compétences antagonistes. L’histoire se répète: canicule de 2003, chikungunya, grippe H1N1 (qui nous a légué des masques périmés… et moisis, car oui, les tropiques c’est souvent humide).
Ayant appliqué les mêmes règles qu’en Italie, il est à craindre qu’en France les effets de l’épidémie soient identiques, c’est à dire catastrophiques. Le seul moyen de limiter les dégâts est d’anticiper et de durcir la distanciation sociale. Cette décision relève de la préfecture, les professionnels de santé, unanimes, la lui réclament depuis des jours et des jours avec insistance. On peut également limiter les formes graves en utilisant précocement en fonction du risque et de la gravité l’hydroxychloroquine.
Zinfos974: Pouvez-vous nous en dire plus sur les fameuses molécules chloroquine et hydroxychloroquine?
Dr Guisérix: La Chloroquine et l’hydroxychoroquine ont été utilisées massivement des dizaines d’années pour la prévention du paludisme, elles sont prescrites sur ordonnance renouvelable jusqu’à un an (liste II des substances vénéneuses: tous les médicaments actifs accessibles sur ordonnance sont qualifiés de « vénéneux ».
On connaît très bien tous les effets secondaires (très nombreux et… très très rares), les contre-indications et précautions d’emploi. Actuellement, du fait des résistances du paludisme à ces molécules, elles ne sont plus guère utilisées que pour traiter des maladies rares comme le lupus, ainsi les stocks de médicaments disponibles sont-ils limités, mais le laboratoire peut fournir si besoin, semble-t-il.
Mon opinion est que la balance risque/bénéfice est positive à l’utilisation de cette molécule dès l’apparition de signe de gravité (grosse fatigue, sensation de malaise) et plus précocement encore pour les patients les plus fragiles. On ne peut pas attendre l’hécatombe et rester contemplatif, il faut approvisionner la région en hydroxychloroquine, évitons le scénario de Bergame et de Mulhouse!