Dix jeunes du RSMA embarquent pour les TAAF
Ce mercredi matin, dix volontaires du RSMA-R ont embarqué à bord d’un avion militaire en direction des îles Eparses, l’un de cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Dans le cadre d’un chantier d’application, les futurs maçons, peintres et charpentiers rénoveront les bâtiments de l'île Europa.
Ecrit par 2368250 – le vendredi 28 janvier 2022 à 09H39
Les expressions et mimiques faciales, en particulier les sourires, ne sont plus apparentes. Pour les déceler, il faut poser son regard ailleurs et pousser sa concentration. D’autant que de par leurs fonctions de militaires au RSMA-R (Régiment Régiment du service militaire adapté de La Réunion), le sérieux doit primer. Mais en regardant de plus près, un regard ou un bras qui bouge derrière le dos peuvent traduire une sentiment d’excitation. C’est une question de minutes pour les dix jeunes volontaires. Dans un hangar de la base aérienne détachement Air 181, devant les médias et les services communication, ils restent de marbre.
Lorsqu’il enlève son masque, le sourire tranche papaye de Lucas saute aux yeux. Impossible de le dissimuler pour celui qui se sent « privilégié ». « Cela montre que dans notre travail au régiment on est méritants. Les meilleurs sont là. Ça fait plaisir de faire partie des meilleurs. Ma famille va me manquer mais moi aussi je vais leur manquer. Et puis, j’ai une seconde famille, ici », exprime Lucas. Dans leur dos, à quelques dizaines de mètres l’avion militaire, un Casa CN-235 fait le plein. Les derniers sacs sont chargés. Le départ est une question de minutes.
Les Fazsoi (forces armées de la zone sud de l’océan Indien), les Taaf (Terres australes et antarctiques français), ainsi que le RSMA-R qui forme 1400 jeunes à 38 métiers différents, ont avant le décollage, signé une convention. Les bureaux des Taaf et ceux du RSMA-R à Saint-Pierre sont voisins. Une disposition qui ne serait pas étrangère à la signature de cette convention.
« Il y avait beaucoup de volontaires, peu de place dans l’avion. Il y a une sélection parmi les volontaires pour les plus capables de remplir cette mission dans un contexte très particulier », souligne Laurent de Saint Blanquat, commandant du RSMA-R.
La mission ne sera pas de tout repos pour les jeunes âgés entre 18 et 25 ans. En rejoignant les Îles éparses, l’un des 5 districts des TAAF, ils seront sensibilisés sur la riche biodiversité du lieu. Le chantier d’application concerne la rénovation des bâtiments d’Europa, mais durant trois semaines, ils vivront aux côtés notamment des tortues. Car l’île est le plus important site de ponte des tortues vertes de l’océan Indien. « C’est une mission autour des infrastructures. Ils pourront exercer leur métier de carreleur, de charpentier, de maçon ou de peintre. Cette mission se déroule dans le contexte de cette île particulière qui est un joyau de la biodiversité, un sanctuaire. En marge de ces travaux, ils vont découvrir les enjeux de protection et de conservation de ces espaces », souligne Charles Giutsi, préfet administrateur supérieur des Taaf.
Les dix jeunes recrues ne seront pas seules sur Europa, ce territoire faisant partie des Îles Éparses revendiquées depuis 1973 par Madagascar. Un détachement de 14 militaires sous le commandement des Fazsoi et un gendarme représentant l’autorité civile, en l’occurrence le préfet, sont sur place. Des agents de gestion et de protection des Taaf occupent aussi les lieux et des scientifiques peuvent s’y rendre. « Nous assurons où qu’il se situe la protection du territoire national. Nous, Fazsoi, sommes la force de souveraineté dans la zone et assurons la défense de ces territoires de même que celle de Mayotte et La Réunion. Les militaires sont aguerris et entrainés à vivre dans des conditions parfois assez rustiques. Il y a la possibilité avec nos capacités aériennes et navales d’assurer une liaison », rappelle le général de brigade Laurent Cluzel, commandant des Fazsoi.
Le bruit des hélices du Casa se fait plus puissant. Il est temps de s’envoler pour quatre heures. Charles Giutsi compare leur départ à « une bouffé d’optimisme dès le matin ». Lui non plus ne pouvait dissimuler son sourire, malgré le masque.