« C’est bizarre, cette femme-là, il y avait quelqu’un avec elle »
À la barre ce mardi, le premier témoin, présent au gouffre le soir de la disparition, est formel : « J’ai parlé avec elle – désignant l’accusée ndlr – elle m’a dit qu’elle était avec son amie. Après je l’ai vue partir en voiture seule« , indique-t-il à la cour. Il rapporte également les dires d’un homme présent ce soir-là après le départ de l’accusée : « C’est bizarre, cette femme-là, il y avait quelqu’un avec elle« . « Ensuite les gendarmes sont arrivés« , raconte-t-il. Il est formel, « elle paraissait très calme, pas paniquée. Je ne l’ai pas vue chercher sa copine. Je n’ai pas entendu de cris ce soir-là« , conclut le témoin, expliquant que le soir, le gouffre devient un lieu de rencontre pour les « échangistes » et qu’il avait été surpris d’y voir des femmes seules.
« Aujourd’hui, je pense qu’elle jouait la comédie »
Témoigne ensuite l’ex petit ami de l’accusé. On peut ressentir qu’il est encore marqué par cette relation compliquée qui s’est finie pour lui par une garde à vue. Elle lui avait raconté que Julita était sa « cousine » afin de cacher leur relation. Lui était très amoureux, elle lui mentait en permanence. Ce sont les gendarmes, lors de sa garde à vue, qui lui relatent la vérité sur la vie de Claudia Lauret. « J’étais prêt à tout pour la protéger« , insiste-t-il, avant d’affirmer : « Aujourd’hui, je pense qu’elle jouait la comédie. Après les faits, elle m’a dit en pleurs dans la voiture : ‘je te dois la vérité. Julie et moi, on s’est disputées, je l’ai poussée et elle est tombée en bas ». Cette affirmation, qui pourrait être lourde de conséquences, le témoin la confirme, expliquant : « Ce n’est pas pour lui faire du mal, c’est ce qu’elle m’a dit, il n’y a qu’elle qui connaisse la vérité. Je ne l’ai pas dit avant- sa garde à vue – car je voulais la protéger« .
Une « menteuse pathologique »
Suite à ce témoignage, les deux experts psychiatres n’ont pas confirmé les conclusions de l’experte en criminologie concernant une héboïdophrènie. Leurs expertises avait eu lieu « en double aveugle » le 24 septembre 2016, au début de la détention provisoire de l’accusée. La seconde expertise s’est faite en 2018 alors que l’instruction avait avancé. Ils concluent que Claudia Lauret n’est atteinte d’aucune pathologie psychiatrique mais est une « menteuse pathologique ». Ils ajoutent qu’elle est mythomane mais qu’elle ne souffre d’aucun problème traumatique. Ils apprennent à l’audience que l’accusée leur a menti tous les deux sur sa vie lors de l’examen en septembre 2016.
« J’en avais marre de cette relation car elle était suicidaire »
Le moment tant attendu arrive enfin. Claudia Lauret est appelée par la présidente pour être interrogée. Elle réfute fermement avoir poussé Julita Bénard et atteste qu’elle n’a jamais tenu les propos rapportés par son ex petit ami. La présidente retrace la vie du couple quelques jours avant les faits tout en interrogeant l’accusée. « J’en avais marre de cette relation car elle était suicidaire. Elle a tenté plusieurs fois de se suicider dont une fois à l’air du Tabac, » confirme l’accusée à la barre. « Il n’y a que vous qui dites ça« , lui assène la présidente en lui lisant le contenu de leurs échanges par message. Claudia Lauret accuse ensuite la cour de n’avoir fait des recherches que sur ce qui les intéresse. La présidente relate le faux cambriolage que l’accusée reconnait : « J‘ai pris la TV parce que Wendy – son autre relation amoureuse, ndlr – en voulait une« .
« À la limite de l’insolence »
Au fur et à mesure de l’interrogatoire, la présidente s’agace des mensonges, des multiples versions de l’accusée qui lui répond sèchement : « De toute façon quoi que je dise, vous ne me croirez pas !« . La présidente insiste aussi sur le fait qu’elle ait récupéré toutes ses affaires chez Julita le lendemain de la disparition. « Je n’ai pas beaucoup de choses, j’en avais besoin« , explique froidement l’accusée qui répond « je ne sais pas » souvent, trop souvent au goût de la cour. Concernant les affirmations d’agression sexuelle et la disparition de sa petite amie le soir des faits, la présidente lui lance : « Vous êtes une victime vous aussi ?« , « Oui », répond fermement l’accusée. Les échanges se tendent quelque peu parce que l’accusée ne parle pas distinctement, elle ne parle pas assez fort. Son conseil le lui fait remarquer également et elle l’affuble d’un « Ouais » sur une question. La présidente la reprend alors à la volée : « Vous êtes à la limite de l’insolence là« .
« C’est moi la victime dans cette affaire »
Claudia Lauret se défend de ne pas avoir aimé la victime : « J’étais amoureuse, de toute manière vous ne me croyez pas. C’est moi la victime dans cette affaire. Ça fait six ans et c’est pas parce que vous me voyez dehors que je vais bien. Pour moi, elle a glissé et elle est tombée », s’agace l’accusée qui conclut en pleurs : « J’ai des défauts mais je ne l’ai pas tuée ».
Ce mercredi, les parties civiles seront entendues avant que ne débutent les plaidoiries et les réquisitions. Après 6 ans d’une attente insoutenable pour la famille de la victime, le verdict sera rendu dans le courant de la journée ce mercredi.
Vidéo – Meurtre de Julita Bénard : Claudia Lauret condamnée à 30 ans de réclusion criminelle