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Didier Robert réélu avec 52,69% : Les Réunionnais ont choisi la continuité

Les Réunionnais ont tranché : Didier Robert a été réélu président de la Région avec 52,69% des suffrages exprimés, contre 47,31% à Huguette Bello. Les Réunionnais ont donc choisi la continuité. En nombre de voix, cela représente un peu plus de 20.000 voix d’écart. 1) La victoire des abstentionnistes. Si la Réunion a certes un […]

Ecrit par zinfos974 – le dimanche 13 décembre 2015 à 23H17

Les Réunionnais ont tranché : Didier Robert a été réélu président de la Région avec 52,69% des suffrages exprimés, contre 47,31% à Huguette Bello. Les Réunionnais ont donc choisi la continuité. En nombre de voix, cela représente un peu plus de 20.000 voix d’écart.

1) La victoire des abstentionnistes.

Si la Réunion a certes un peu mieux voté ce dimanche, il n’y a vraiment pas lieu de pavoiser : seuls 55,28% des électeurs inscrits se sont déplacés aujourd’hui pour glisser un bulletin dans l’urne, contre 59,70% au 2ème tour des régionales en 2010, ce qui représentait déjà à l’époque un mauvais chiffre.

D’élection en élection, on constate un désintérêt grandissant des Réunionnais pour la chose publique. Ils sont de plus en plus convaincus que la situation est telle que même les élus n’ont plus prise sur le cours des choses et qu’il ne sert donc à rien d’aller voter. « Que ce soit l’un ou que ce soit l’autre, ça ne changera rien à ma situation« , entend-on de plus en plus souvent. « Chômeur mi lé, chômeur ma resté« …

Et ce n’est pas l’attitude d’une Vanessa Miranville, venue se vanter sur les plateaux de télévision ce soir de ne pas s’être déplacée pour aller voter, qui les fera changer d’avis. Comment fera-t-elle demain pour leur demander de voter pour elle, alors même qu’elle leur a donné le mauvais exemple?

2) La mayonnaise du zembrocale Huguette Bello/Thierry Robert/Patrick Lebreton n’a pas pris. Ou n’a pas eu le temps de prendre.

Il y avait sans doute potentiellement autant de dissensions à Droite qu’à Gauche. Mais Didier Robert avait fait l’effort de faire l’union depuis plus d’un an, ce qui a permis d’aplanir les différences et de présenter une image crédible d’équipe soudée aux électeurs.

A l’inverse, en faisant le choix -contraint et forcé en ce qui concerne Huguette Bello- d’aller désunis au 1er tour, et de mener une campagne très dure les uns contre les autres, il était difficile à la Gauche de faire croire aux électeurs qu’ils s’étaient brutalement réconciliés en quelques heures et qu’ils allaient pouvoir gérer de façon unie la Pyramide inversée pour les 6 années à venir.

Personne n’a oublié les attaques virulentes de Thierry Robert contre Huguette Bello, la rangeant dans la catégorie des élues du passé incapable de gérer une collectivité, celles de Patrick Lebreton contre Gilbert Annette et Huguette Bello, etc… Les électeurs n’ont pas été dupes et ont montré qu’ils ne prenaient plus des vessies pour des lanternes.

3) Didier Robert a maintenant les mains libres pour appliquer son programme.

Il a conforté sa situation face aux ténors de la Droite et du Centre que sont Michel Fontaine et Nassimah Dindar. Dorénavant, cette composante de la vie politique locale est clairement assise sur trois piliers : les Républicains, l’UDI mais aussi Objectif Réunion, même si Didier Robert a également sa carte du parti de Nicolas Sarkozy.

Le président sortant de la Région a su fédérer l’ensemble des maires de Droite derrière sa candidature, la présidente du conseil départemental, ainsi que les présidents des deux principales chambres consulaires. Il a toutes les cartes entre les mains pour appliquer son programme. A lui de ne pas décevoir les Réunionnais qui lui ont fait confiance ce soir…

4) La Nouvelle Route du Littoral verra bien le jour.

Même si la plupart des candidats avaient annoncé leur intention de continuer le chantier, le fait pour Huguette Bello d’affirmer son intention de demander un audit laissait planer un -léger- doute sur la pérennité des travaux. La victoire de Didier Robert vient lever toutes les inquiétudes et les milliers d’automobilistes qui attendent tous les matins, bloqués dans les embouteillages sous la falaise, devraient être rassurés.

Pour autant, l’enquête judiciaire, elle, n’est pas close. Le feuilleton risque de reprendre au lendemain des élections et nous saurons alors si oui ou non, des élus ont trempé le doigt dans le pot de confiture…

De même, la position de Gilbert Annette sur sa Nouvelle Entrée Ouest (NEO) se trouve fragilisée. Malgré le soutien financier du gouvernement à la veille du premier tour, il va se retrouver face à un président de Région conforté par sa réélection. Les discussions s’annoncent serrées…

Enfin, la NRL devrait être achevée avant la fin de la prochaine mandature. Là aussi, les Réunionnais auront alors la réponse à une des questions qui a animé le débat de ces Régionales : Y aura-t-il ou pas un surcoût au chantier ? Et si oui, de combien sera-t-il ?

5) Certains maires ressortent fragilisés de ce scrutin.

Le cas le plus critique est incontestablement celui de Gilbert Annette à Saint-Denis qui n’obtient que 41,53% des suffrages dans sa commune en faveur la liste sur laquelle il figurait pourtant en 3ème position. Et malgré une débauche de moyens municipaux entre les deux tours : plusieurs centaines de militants -et d’employés communaux opportunément « en congés« – ont arpenté les rues de la ville tracts à la main. Cette « claque« , pour reprendre l’expression de Jean-Marc Colienne, arrive dans le prolongement de celle des Départementales. La prochaine échéance locale sera les Législatives. Pas sûr que le PS réussisse encore le grand chelem sur St-Denis…

Jean-Claude Fruteau a réussi à redresser miraculeusement la situation à Saint-Benoit, mais la question de sa succession se pose désormais avec acuité.

Quand à André Thien-Ah-Koon, il avait la mine bien déconfite lorsqu’il lui a fallu annoncer sur les chaines de télé la victoire de son ennemi de toujours dans sa propre commune… Là aussi, de plus en plus de Tamponnais semblent d’ores et déjà réfléchir à l’après TAK…

6) La quasi-disparition du PCR :

Pour la première fois, aucun élu communiste n’a été élu à la Région. La décision du PCR de ne pas faire alliance avec la liste d’Huguette Bello a automatiquement entrainé sa disparition du deuxième tour.

Et globalement, la situation n’est guère plus brillante. A part un ou deux bastions où il est encore présent (Ste-Suzanne, St-Louis, Le Port), le Parti communiste réunionnais a pratiquement disparu du paysage politique local. Qui aurait pu penser cela il y a 6 ans, alors que Paul Vergès présidait encore aux destinées de la Pyramide inversée ?

Le PCR pâtit du déclin de son leader historique, et l’incapacité du parti à faire émerger un successeur clairement désigné l’entraine inexorablement vers les profondeurs de l’anonymat. Maurice Gironcel a promis ce soir sur le plateau de Réunion 1ère qu’un « patron » serait désigné l’an prochain. Il est plus que temps. Peut-être même est-il déjà trop tard…

7) L’émergence de Thierry Robert.

S’il n’a pas réussi à mettre le « Ti Coq » dehors, il n’en demeure pas moins que Thierry Robert est l’autre grand vainqueur de ce scrutin. Même Gilbert Annette avait des trémolos dans la voix pour dire tout le bien qu’il pensait de lui.

Avec ses manières de mauvais garçon, mais aussi avec un sens redoutable de la formule, des coups médiatiques et une capacité à utiliser au mieux les médias, le député-maire de Saint-Leu a incontestablement réussi, en jouant des épaules, à se créer son espace au Centre gauche. Et cela à la tête d’un parti qui n’a que deux ans d’existence.

La prochaine étape pour lui sera de réussir à se faire réélire député dans un an et demi. S’il y parvient, et vu son âge, il va très certainement marquer encore pour de longues années le paysage politique réunionnais.

 

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