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Didier Robert : Je n’ai jamais demandé la tête de Marylène Hoarau, la directrice du Parc national

Didier Robert a accordé à Zinfos une interview exclusive concernant la récente éviction par Ségolène Royal de la directrice du Parc national des Hauts, Marylène Hoarau. Le président de Région est on ne peut plus clair : il n'a jamais demandé la tête de la directrice du Parc et il fournit même une explication : c'est actuellement la panique dans les ministères à Paris où les collaborateurs de Cabinet et proches de ministres sont à la recherche de postes sympa, si possible sous le soleil avec un bon salaire, pour se caser en prévision de la déroute qui s'annonce pour les socialistes aux prochaines présidentielles. Et il note, avec malignité, qu'à peine limogée la directrice réunionnaise, qu'on apprend que Ségolène Royal lui a déjà trouvé un remplaçant. A Paris, comme par hasard... Pierrot Dupuy

Ecrit par zinfos974 – le mardi 20 septembre 2016 à 14H03

La directrice du parc a été remerciée par la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, et pourtant vos adversaires vous citent comme étant à la manœuvre dans son éviction. Pour être direct, est-ce vous qui avez demandé la tête de Marylène Hoarau ?
 
J’ai été informé directement par Daniel Gonthier de la décision de Madame Ségolène Royale de mettre fin au contrat de la Directrice du Parc. Nous avions rendez-vous ensemble mercredi, le jour même où il apprenait la décision de la ministre. Une décision brutale, sans échange, sans concertation. La nomination de Marylène Hoarau en 2011 était l’aboutissement d’un combat. Cette nomination avait été obtenue grâce à l’adhésion de l’ensemble des Réunionnais, de nombreux élus, dont je fais partie. Tous, nous avions soutenu cette candidature au moment du choix de la direction du Parc.

Cette manière de faire de la part de la ministre de l’écologie est détestable. C’est une décision prise de façon unilatérale, opposée à la logique et à l’esprit de partenariat qui doivent prévaloir dans les relations entre l’Etat et les acteurs locaux. À ma connaissance, cette décision n’a fait l’objet d’aucune concertation avec le Conseil d’administration du Parc, encore moins avec la Région et les élus concernés des collectivités de La Réunion.

Je n’ai à aucun moment été sollicité par la Ministre de l’écologie, ni par ses services et je n’ai, évidemment, à aucun moment pris l’initiative d’interpeller la Ministre sur la question de la direction du parc.
 
Vous n’avez pas été en contact avec la ministre ?
 
Je n’ai pas la proximité que certains voudraient me prêter avec madame Ségolène Royale, ministre socialiste du gouvernement de Manuel Valls. La politique des socialistes depuis 2012 est une vraie catastrophe. Et je fais partie de ceux qui dénoncent les méthodes et les décisions de ce gouvernement à chaque fois qu’elles vont à l’encontre des intérêts des Réunionnais et de La Réunion. Je ne crois pas vous étonner en disant que je n’ai pas l’écoute que devraient avoir des députés socialistes réunionnais. Ceux-là même qui ont appelé à voter pour François Hollande. Où sont-ils ?  

Avec Daniel Gonthier nous avons co-signé un courrier sans ambiguïté adressé à Ségolène Royal dans lequel nous réclamons une réunion de clarification sur ce qui s’apparente à une mise en coupe réglée de l’établissement public. Au-delà même du sort qui est fait à Mme Hoarau, cette affaire pose la question de la relation entre les ministres à Paris et les élus et acteurs locaux ici à La Réunion. Il y a dans cette affaire, à l’évidence, un manque de respect et de considération de la représentation locale !
 
 Vous avez pourtant été amené récemment à prendre une sanction administrative contre Marylène Hoarau ? Pour quelles raisons ?
 
Marylène Hoarau, est un agent de la Région mise à disposition du Parc depuis 2008. En tant qu’exécutif de l’institution régionale, j’ai été amené à engager une mesure d’avertissement à l’encontre de cet agent. Il existe vous le savez des règles de déontologie pour tous les fonctionnaires et une obligation de réserve. Un agent, quel qu’il soit, qui porterait atteinte à l’image de la collectivité à laquelle il appartient, qui remet en cause les choix et les orientations générales posés par les élus commet une faute. Cet agent, dans un tel cas, outrepasse le devoir de réserve qui s’impose à lui comme à tous les autres. Les déclarations publiques récentes formulées par madame Hoarau relevaient de ce cadre. Dans un cas comme celui-ci, la collectivité ne peut qu’appliquer les règles qui s’imposent. La collectivité agirait de la même façon à l’encontre de n’importe quel autre agent sur n’importe quel autre sujet.

En tant qu’élu, en tant que Président, avec l’ensemble de l’équipe qui m’accompagne nous avons une responsabilité : celle de respecter les engagements pris devant la population, j’y mets un point d’honneur.  Le projet régional et ses 7 piliers pour la réussite réunionnaise a été validé par une majorité de Réunionnaises et de Réunionnais en décembre dernier. L’évolution du Parc en fait partie, nous y travaillons avec sérieux et rigueur. Nous ne travaillons pas contre le parc national. Nous travaillons à définir un cadre qui nous corresponde davantage pour permettre à la fois préservation, valorisation et dynamisme économique.
 
Est-ce que vous approuvez la décision de la ministre ? Est-ce que cela n’arrange pas finalement vos affaires dans le combat que vous menez contre le Parc national ?
 
La décision de la ministre est détestable tant sur le fond que sur la forme. Sur la forme, c’est une fois encore une décision prise sans concertation, une décision brutale et qui porte atteinte à la relation entre la Ministre et les acteurs locaux.

Sur le fond, on assiste au « débarquement » d’une personne qui s’est investie depuis de nombreuses années pour la préservation de la Réunion avec beaucoup de sérieux et de professionnalisme. Encore une fois nous nous sommes battus avec beaucoup d’autres pour qu’une Réunionnaise qui en a les compétences puisse légitimement occuper ce poste. Je n’ai pas changé d’avis sur ses capacités et sur son engagement pour La Réunion. Je ne me trompe pas de combat.

Quel est votre combat ?

Je me bats aujourd’hui pour que les Réunionnais trouvent leur place et occupent des postes qui correspondent à leurs compétences et pour qu’ils participent activement au développement de leur territoire. Je me bats pour que le Parc serve effectivement tout à la fois le développement de notre île, la protection de notre patrimoine naturel et sa valorisation au service d’un développement durable.
Mon combat n’est pas celui d’un changement de direction ou de présidence du Parc.

Le Parc doit évoluer, c’est ma conviction. Daniel Gonthier en tant que président, Marylène Hoarau en tant que directrice sont les plus à même, sur la base de l’expérience et de leur expertise, de pouvoir accompagner cette évolution.
 
Vous êtes donc opposé au limogeage de Madame Hoarau ?
 
La question que l’on peut se poser, et je le dis sans détour compte tenu du contexte et des méthodes utilisées, est celle-là : est-ce que gouvernement n’a pas tout simplement quelqu’un à placer à quelques mois des présidentielles ? Nous apprenons dans la presse que le nom du remplaçant de madame Hoarau serait déjà connu. Ce qui signifie par ailleurs que la décision a été préparée

 

Où en êtes-vous en termes de réflexion sur la transformation du Parc National en Parc Régional, changement de statut qui est clairement inscrit dans votre programme de mandature ?
 
Conformément à nos engagements, la collectivité lance une étude d’évaluation du Parc National. Il est question de caractériser les opportunités et aussi de mettre en exergue les contraintes que représente le Parc National dans l’exercice des politiques publiques en matière de développement touristique, d’aménagement du territoire. Pour cela, il s’agit de vérifier si les moyens juridiques, administratifs et financiers mis en œuvre ont permis de produire les effets attendus et d’atteindre les objectifs fixés. L’objectif est d’effectuer un état des lieux afin d’identifier les points de blocage pour proposer des pistes d’amélioration et d’évolution juridique.
Dans ce contexte nous devons examiner et comparer les statuts du Parc National et de Parc Régional au regard des ambitions de développement de La Réunion, notamment du développement des Hauts, et sur le plan juridique de vérifier les conditions de faisabilité.

La finalité de cette étude est d’alimenter la réflexion de la collectivité régionale en cours sur le Parc National et de disposer, dès la fin de l’année 2016, de documents d’orientation et d’aide à la décision qui serviront de base à la concertation avec l’ensemble des acteurs qui y seront associés.
 
Pour La Réunion, vous dites que le format parc régional est plus adapté mais personne ne cerne vraiment de quoi il en retourne, quelle peut-être la différence entre ces deux statuts. Est-ce une question politique, y a-t-il matière à débat politique ?
 
Il s’agit de trouver le juste équilibre entre préservation de l’environnement et développement économique. Un parc totalement sanctuarisé serait une absurdité, y compris au plan écologique. Exclure les réunionnais n’est pas la bonne formule. C’est là que se situe le débat. La démarche de la Région consiste à s’inscrire dans une valorisation de tout ce qui a été construit depuis les années 2000 pour la création d’un parc naturel à La Réunion.

Mais force est de constater qu’en dépit de l’inscription de 99 % du territoire du parc au Patrimoine Mondial, on n’en voit pas les retombées économiques et sociales pour La Réunion et les Réunionnais.

Le Parc couvre 77% du territoire. La Région a inscrit dans son projet de mandature le lancement d’un plan de dynamisation des Hauts de l’île. Sur la période 2014-2020, une enveloppe de 120 M€ de crédits européens ont été fléchés en faveur des Hauts.

L’aire d’adhésion représente plus de 20% de la trame urbaine du SAR avec 25 bourgs, 7 villes relais, 3 pôles secondaires. Ce territoire apporte une contribution importante au développement économique de l’île. Il présente des atouts et un potentiel à valoriser sur tous les plans économiques. Mais sept communes ont refusé de signer la charte du Parc National…

Si ce sont les contraintes administratives et juridiques du statut de notre Parc National qui freinent le développement économique nous avons le devoir de nous poser la question de cette évolution.

Les agents du Parc National font déjà un travail remarquable pour la sensibilisation et la préservation de la biodiversité, il y a un effort à engager en formant des acteurs pour transmettre la connaissance.

Et il s’agit de développer une stratégie réunionnaise pour que notre île soit mieux connue des Réunionnais et du reste du monde, mieux appropriée et valorisée à travers la création d’activités et d’emplois. Il y a différentes manières de décliner ensuite des offres touristiques en terme d’accueil, d’animations, de loisirs, d’hébergements etc…

Comment le Parc National des Volcans de Hawaï sur Big Island, peut-il accueillir 2 millions de touristes par an alors qu’il présente des caractéristiques proches des nôtres et qu’il est lui aussi inscrit au patrimoine mondial avec deux volcans en activité….  
 
Vos relations sont-elles au beau fixe avec le Président du Parc ? Et avec l’Etat…

Il n’y a aucun point de blocage ou de difficulté avec le Président du Parc, notre démarche est clairement comprise : l’outil Parc doit permettre de répondre au mieux au développement économique par la valorisation économique et sociale de ses richesses, ce qui implique la protection de son patrimoine naturel.

Cette démarche ne s’inscrit pas dans un cadre conflictuel avec les membres du Parc. Le Conseil d’administration du Parc National qui comprend aussi bien des membres de l’État, des collectivités et des associations pour l’environnement, a bien élu Sylvie Moutoucomorapoulé, conseillère régionale de notre majorité, vice-présidente du Parc, aux côtés de Daniel Gonthier vendredi dernier.
Sa volonté de travailler sur la valorisation économique et sociale, de contribuer à mettre en lumière le Patrimoine Mondial au sein du Parc a été entendue et largement partagée. C’est dans cette dynamique que nous nous inscrivons et que nous devons avancer avec les partenaires pour l’évolution du Parc.

 

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