« Les conditions à la Pointe au Sel étaient plutôt dures, grosse houle, contre-courant, j’ai galéré une demi-heure pour en faire le tour et en sortir et il a fallu aller loin au large pour éviter les rouleaux.
Après 500m j’étais déjà crevé (manque de sommeil), essoufflé (le comble !) et…le moral au plus bas, avec encore 5 km à nager. (…) Je n’en revenais pas d’être aussi mal en point !
Ensuite le froid, de plus en plus prenant, qui ne m’a jamais jamais lâché. Les rouleaux le long du littoral, auxquels j’ai du échapper en urgence plusieurs fois ; l’eau trouble partout, voire opaque par moment ; la crainte malgré tout des 3 fameux bouledogues « aperçus » paraît-il au spot de surf ; la solitude avec la tête qui gamberge (les copains ont préféré ne pas se mettre à l’eau, à cause de la houle), une crampe au mollet qui a commencé à 1 km de l’arrivée.
Et pour finir le comité d’accueil, le club nautique et son bar-terrasse noirs de monde, familles entières de surfeurs (une pelletée d’enfants avec !!), qui avaient même emmené des mégaphones pour mieux m’insulter (ça a commencé alors que j’étais encore à 50m du rivage) ; les insultes aux journalistes, traités de « requins » et autres noms d’oiseaux avec les mégaphones ; et le surfeur qui m’est rentré dedans, m’a empêché d’aller me rincer à la douche publique et nous a gueulé de « nous barrer », qu’on n’avait rien à faire là ! Pourtant je grelottais comme un nouveau-né, et je n’arrivais même pas à marcher droit, avec la fatigue.
On a du partir en vitesse, la queue entre les jambes, histoire d’éviter la bagarre : ils n’attendaient que ça évidemment. Heureusement, mon frère David et son épouse, mes copains, et les médias, étaient là pour me servir de gardes du corps : véridique, malheureusement. (…)
Mais ce qui me touche réellement, c’est les enfants, que leurs parents surfeurs ont manipulés et dressés à la haine. C’est de voir des gosses de 10 ans me hurler après et m’insulter comme un criminel. Là, franchement, je trouve que c’est grave. Et pas pour moi, mais pour eux, pour ces enfants innocents. Et pour notre démocratie aussi.
Pour le reste, (…) la question ne se pose pas. Evidemment je continuerai. Encore plus maintenant après tout ça. Alors rendez-vous dimanche en 15, si la météo marine est acceptable : l’Ermitage à Trois Bassins, sinon l’Etang-Salé.
Merci aussi, encore une fois, à tous ceux qui m’ont soutenu au départ, puis encadré, et protégé (il faut bien dire le mot, hélas) à l’arrivée : que ce soit les médias, mon frère et son épouse, mes amis nageurs et les quelques autres qui étaient là : merci à vous tous du fond du coeur ! »