Quel regard portez-vous sur la gestion de cette crise ?
Le confinement était une nécessité. Toutes les personnes qui ont réfléchi et regardé ce qui se passait en Chine et en Italie ont compris que le confinement était la seule solution pour limiter le virus. Ce confinement est important, car il faut que l’évolution des pathologies graves soit échelonnée dans le temps pour éviter la saturation dans les services spécialisés comme en réanimation. Le virus va continuer à se propager, on le voit depuis ces deux derniers jours ici à La Réunion. Beaucoup de personnes vont avoir le virus avec une simple grippe et cela passera. Mais pour un petit pourcentage de personnes, notamment celles ayant des problèmes cardiaques par exemple, le risque d’être impacté de manière importante existe, d’où l’importance de rester bien confiné chez soi et ne pas saturer les hôpitaux s’il n’y a rien de grave. Si les Réunionnais continuent d’appliquer de manière stricte les recommandations, on ralentira l’évolution de la contagion du virus.
En première ligne dans cette crise, les professionnels de santé dénoncent depuis plusieurs jours un manque de moyens notamment au niveau des masques où la distribution se fait au compte-gouttes…
Il faut comprendre que les premières personnes à protéger sont le personnel hospitalier, les pompiers et les ambulanciers, car ils font face directement à cette crise sanitaire. Le port du masque pour la population n’est pas une nécessité si on respecte le confinement et les règles de distance pour limiter la propagation du virus. Aujourd’hui, on a certainement un problème d’approvisionnement en masques et il faut absolument que ces personnes en première ligne puissent travailler sans risque auprès de la population, ils sont la priorité. Le confinement et les règles sécurité doivent suffire à pouvoir stopper grandement l’avancée de l’épidémie.
À La Réunion, nous avons une chance c’est qu’on a la possibilité d’observer ce qui se passe en métropole pour ajuster les mesures et avoir un temps d’avance. Le fait de passer rapidement du stade 1 au stade 3 va limiter la progression du virus. C’est bien et il faut que la population applique strictement les mesures c’est très important.
Les critiques pointent également un manque d’organisation…
Sur le matériel, il y a normalement dans l’île 55 lits de réanimations. On va déprogrammer les activités prévues et apporter le matériel et la formation nécessaires pour transformer d’autres lits en lits de réanimation. Pour avoir eu le directeur du CHU ainsi que d’autres responsables sanitaires, je peux vous assurer que tout le monde est sur le pied de guerre. Mais pour cela il faut avant tout que l’administration facilite le travail du personnel hospitalier. Ce que je prône, et je ne suis pas le seul, c’est l’application de la règle du tiers. Prenons le cas d’une pharmacie qui compte 10 salariés: nous disons qu’il faudrait laisser 7 personnes travailler et trois autres confinées à domicile. Les personnes confinées pourront pallier les personnes touchées par le virus et ainsi garantir un service public continu.
C’est une solution que nous pouvons apporter et mettre en place dès aujourd’hui. La situation est particulière et il faut imaginer d’autres moyens pour éviter une rupture d’activité qui serait dramatique pour tout le monde.