Dans cette aventure, Expédit Valin est accompagné de son acolyte Cédric Certennais, professeur d’EPS et ancien sportif de haut niveau en judo, sambo combat et jiu-jitsu brésilien (JJB), avec qui il enseigne le MMA depuis 2007. Ce dernier est le coordinateur local de la Fédération de MMA française (FMMAF) et vient d’être nommé membre du comité directeur de la FMMAF. Cette entité fédérale est en charge de la pratique du MMA. Celle-ci est actuellement sous la tutelle de la fédération française de boxe et doit devenir une Fédération unique en décembre 2025. À La Réunion, le Comité régional de boxe anglaise chaperonne la création de la Commission MMA Réunion.
« L’idée est de poser un outil fédéral qui soit en accord avec les attentes des autorités pour la règlementation du sport en France. C’est-à-dire que le MMA, pendant longtemps, ça a été compliqué de mettre en place des formations, des compétitions et les passages de grade. Aujourd’hui, du fait de cette délégation de pouvoir à la FMMAF, y a des choses qui peuvent se mettre en place en cohérence avec les pouvoirs publics », précise le représentant de la FMMAF.
La pratique du MMA est loin d’être récente à La Réunion. Dès le début des années 2000, des clubs organisaient des cours de manière informelle. Les entraîneurs étaient alors des encadrants formés à d’autres disciplines qui enseignaient cette pratique sans en avoir officiellement le droit. À présent, devenir coach de MMA est strictement encadré. Cela exige de passer un brevet fédéral ou même des diplômes FMMAF d’officiels pour la partie arbitrage.
Car contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier abord, le MMA n’est pas qu’un simple agrégat de différents arts martiaux. Apprendre à les combiner et les adapter est devenu un savoir faire à part entière. « Aujourd’hui, l’une des spécificités du MMA est la pratique dans un octogone. C’est-à-dire qu’à la différence d’un ring, les déplacements ne sont pas les mêmes et les aspects technico-tactiques pour répondre à la contrainte du ‘cage control’. Le MMA s’appuie aujourd’hui sur un bagage culturel avéré, ce n’est plus vraiment un mélange d’arts martiaux », souligne Cédric Certennais.
Il faut avant tout un niveau de pratique minimum exigé pour devenir entraîneur. Pour être formateur, le minimum requis est le grade vert, soit le 4e sur les 8 que compte la FMMAF. Sans ce passage de grade, il est impossible d’avancer dans la pratique. « Je donne l’exemple de mon fils Expedito, qui est champion du monde Muay Thaï. Il ne peut pas enseigner le MMA sans le grade vert. Que tu sois champion du monde de boxe, de judo ou de jiu-jitsu, tu passes par le grade vert comme celui qui vient de commencer », explique Expédit Valin, qui voit cette réglementation d’un bon œil pour assimiler les trois dimensions de ce sport (combat debout, au corps-à-corps et au sol).
L’année passée, il y a eu les formations des formateurs. Ces derniers ont organisé 3 sessions de passage de grade en 2022 : au Tampon en mars, à Saint-Denis en juin et à Bras-Panon en novembre. La prochaine session grades doit se dérouler à Cilaos le 26 février prochain. Une centaine de passages de grade ont été réalisés. La prochaine étape va être de former les officiels comme les juges et les arbitres.
Le coordinateur local de la FMMAF assure que l’objectif est de cadrer au maximum avec le cahier des charges fédéral en collaboration avec la DRAJES, la Direction régionale académique de la jeunesse et des sports, et le Comité régional de boxe anglaise.
Si le MMA a dû attendre très longtemps pour être légalisé en France, son succès était déjà bien implanté chez les fans et les pratiquants. « Aujourd’hui, on parle du MMA comme une pratique sociale de référence. Quand vous parlez de sports de combat à quelqu’un, c’est souvent le MMA qui arrive en premier. Il est souvent présent dans les médias. La révolution numérique aidant, des machines commerciales comme l’UFC ont participé à la promotion de la discipline », indique Cédric Certennais.
Ce succès planétaire attire de nombreux promoteurs qui voudraient organiser des événements dans l’île. Expédit Valin préfère temporiser en rappelant que tout n’est pas encore en place pour cela. « Il y a des gens qui font déjà des demandes de gala sans qu’ils sachent quoi que ce soit du MMA légalisé. Je dis qu’il faut d’abord former des gens qui connaissent les vraies valeurs. On commence d’abord par former les amateurs pour qu’ils deviennent professionnels par la suite. Pour un gala, il faut une cage et des arbitres. Or, on n’a pas d’arbitre à La Réunion et les gens veulent déjà organiser des évènements », souligne-t-il.
Mais en plus des officiels, c’est le niveau actuel des combattants dans l’île qui souhaitent se lancer qui est à surveiller, selon le coach portois. « Avec un grade vert, on est encore amateur. C’est ce que les promoteurs doivent comprendre. Ils veulent devancer les gens qui pratiquent. Il faut déjà avoir les combattants, car on n’a pas de professionnels ici », ajoute-t-il. Pour organiser un évènement de MMA, il faut donc tout faire venir de l’extérieur (cage, combattants, arbitres), ce qui est très coûteux.
L’autre danger, évident selon lui, est le risque encouru par les athlètes en raison d’une mauvaise organisation. Le plus grand danger des sports de combat réside dans une opposition entre deux combattants de niveaux trop différents. « On a la chance d’avoir une structure fédérale avec un règlement qui va nous permettre de bien démarrer de manière éducative et ‘amateur’. L’intégrité des personnes sera protégée. Il y aura moins de casse et on pourra avancer doucement, mais sûrement. Si on essaye d’aller trop vite, on va tout perdre », prévient le formateur de champions.