Si les faits remontent à 2013, la problématique refait surface de temps en temps au niveau national. Deux gendarmes étaient accusés à l’époque de violences sur deux jeunes à Saint-Benoît. Jugés coupables cinq ans plus tard, ils avaient été condamnés à 2000 euros d’amende et leur condamnation n’avait pas été inscrite à leur casier judiciaire.
Le jugement date maintenant d’il y a près de 3 ans mais les prévenus ont tenu à faire appel. « Par honneur », précise leur avocat, Me Laurent Patrick Lienard, ce jeudi devant la cour d’appel. Car leur version diffère bien de celles des jeunes qu’ils ont interpellés.
Selon ces derniers, ils marchaient tranquillement dans la rue lorsqu’une dizaine de gendarmes ont couru en leur direction. Placés de force dans un seul fourgon – ce qui n’est pas réglementaire mais le deuxième fourgon se trouvait 100 mètres plus loin – ils se seraient allongés sur les banquettes alors que trois gendarmes étaient assis sur eux. De petite taille, l’un des jeunes aurait déclaré ne pas pouvoir respirer et aurait reçu des coups de poing. Une fois arrivés à la gendarmerie, ils auraient été projetés au sol et auraient reçu d’autres coups. « On n’a jamais résisté et jamais injurié », assuraient-ils. Relâchés le soir-même, ils ont par la suite porté plainte pour violences.
Ce soir-là, une cinquantaine de gendarmes fêtait le départ d’un collègue dans un restaurant. La rue étant éclairée par les lumières d’un parking, certains affirment avoir vu deux jeunes jeter des cannettes contre le véhicule de la gendarmerie.
Selon un témoin dans la rue, ils n’étaient pas une dizaine mais trois à interpeller les jeunes et ces derniers résistaient. D’où l’impossibilité de placer l’un des interpellés dans le deuxième fourgon « trop loin et surtout sur la voie publique », explique l’un des prévenus. Etant en tenue de cérémonie et sans menottes évidemment, ils ont dû procéder à une technique de maîtrise en « les maintenant avec le poids du corps ». Ce malgré le poids des gendarmes deux fois supérieur à ceux des jeunes hommes, comme le rappellent les avocats de la partie civile.
Arrivés à la brigade territoriale, les gendarmes les auraient plaqués au sol à cause de la « tension » et parce que « c’est plus confortable pour les surveiller ». « Moins confortable pour eux », remarque le président d’audience. Concernant les coups portés, les certificats médicaux révèlent des blessures pouvant provenir de violences des gendarmes mais pas exclusivement.
Deux versions différentes donc, mais l’avocat général – et cela est rarissime – n’accuse pas les prévenus. Le ministère public défend les gendarmes et met en cause les parties civiles, évoquant les « exagérations » des jeunes qui disent avoir été « tabassés ». Il se base sur le témoignage « objectif » de celui qui a vu la scène se dérouler sur la voie publique et juge les moyens de contrainte des militaires « adaptés », avant de demander la relaxe des militaires.
Le délibéré de la cour d’appel est prévu le 22 avril.