Hôtels, soirées arrosées, voitures de luxe à Cannes, Nice, La Rochelle et en Afrique du Sud… Un train de vie plutôt agréable en 2014 payé par l’association Agence Film Réunion (AFR). Son délégué général, Edy Payet, était jugé devant le tribunal correctionnel de Champ Fleuri ce vendredi pour « soustraction, détournement et destruction de biens d’un dépôt public ». En d’autres termes – ceux de la procureure – « il a eu la carte bancaire et la dépense publique faciles ».
Un lanceur d’alerte avait dénoncé le comportement du délégué général en 2015 et une enquête avait été ouverte. Plusieurs centaines de milliers d’euros avaient été détournées, selon lui. Il aurait été licencié par la suite.
Mais l’avocat d’Edy Payet, Me Djalil Gangate, rappelle que la même année, le climat était plus que tendu, même « détestable » au sein de l’AFR, entraînant la démission du conseil d’administration et des « tentatives d’évincement entre le délégué général, le président et le trésorier ». « Il fallait trouver un levier, un point d’appui, et ça a été Edy Payet », affirme-t-il. Pour preuve, la Parquet national financier, alerté, s’est désintéressé de l’affaire au fur et à mesure que l’enquête avançait. Un gendarme, de son côté, aurait scrupuleusement épluché et contrôlé les comptes sur 29 mois. Pour en déduire qu’il s’agissait d’un préjudice de 11.613 euros. Loin de la somme initialement annoncée.
Oui il a loué des studios familiaux à Cannes mais « c’était pour les professionnels du cinéma pour que l’on puisse travailler pendant le festival », justifie-t-il. Certes, il a dormi au Lux à l’Hermitage mais uniquement dans le cadre de l’AFR et pour éviter de trop faire la route entre le Tampon et Saint-Gilles la nuit, selon son avocat. « Pour être coupable de détournement il faut que ce soit volontaire. Ici il s’agit plutôt d’erreurs à 11.000 euros », affirme Djalil Gangate. « Et aucune preuve de licenciement du lancer d’alerte dans le dossier », ajoute-t-il.
La relaxe d’Edy Payet a donc été demandée pour les faits de détournement, même si une requalification du chef d’accusation a été proposée. « Une fois les subventions données par la Région à l’AFR, elle appartiennent donc à l’AFR et il ne s’agit plus de fonds publics, explique-t-il, il s’agit plutôt d’abus de confiance ».
Une requalification retenue par le tribunal qui a néanmoins prononcé la relaxe du délégué général.