
L’histoire a pourtant commencé comme un conte de fées. Sept boulangers – pâtissiers en quête d’un emploi, rencontrent un investisseur : le PDG de la Coopérative ouvrière de La Réunion (COR). De cette union qui a même été saluée par la presse, est née une autre coopérative : le Domaine du pain…
Mais avant d’aller plus loin, juste un petit rappel sur la COR. Cette coopérative ouvrière a été créée en 1992 sous l’impulsion de Paul Vergès. Son conseil d’administration était composé entre autres de 204 dockers. C’était au début de la mensualisation de la rémunération des dockers.
“Mais deux ans plus tard, un putsch a permis à Jacques Virin, alors directeur, de virer deux cent quatre dockers associés dans le capital de sa société, en leur envoyant un chèque de 2.000 francs pour racheter leurs parts sociales, sans que cela n’offusque personne”, relate Jean-Bernard Gaillac, licencié de la COR quelque temps plus tard.
“C’est sans doute unique dans les annales”. Depuis quinze ans déjà, ces dockers luttent pour être rétablis dans leurs droits. “C’était ça not désespoir. Personne i voulait parle de cette injustice, not’ syndicat CGTR Ports et docks, l’avait lâche à nous. Beaucoup parmi nous i gagne ni lire, ni écrire”.
Revenons-en au Domaine du pain, filiale de cette fameuse COR. Gérard, 38 ans, est dans une situation similaire aux dockers depuis le mois de mars 2009. Le salarié – coopérateur a voulu démissionner “parce mi voulait plus travailler de deux heures du matin à sept heures du soir, et sept jours sur sept”.
“Ça faisait dix-huit mois que mi travaillait sans avoir un jour de congé. Selon la direction, les salariés – coopérateurs n’avaient pas droit au congé”. Gérard n’a pris aucun jour de repos depuis 2007. “I fallait être disponible presque 24 heures sur 24. Le directeur i pouvait appelle a ou à n’importe quelle heure pour aller acheter deux tranches de jambon, par exemple…”
A 38 ans, Gérard voulait accorder du temps à sa femme et ses deux enfants. “Moin l’a démissionné de la coopérative”. La réaction de la direction a été immédiate. “Zot l’est venu voir à moin, zot i voulait savoir si mi allait continuer à travailler avec les mêmes horaires et sept jours sur sept”. “Non”, a répondu l’intéressé.
Dès lors, Gérard ne pouvait plus travailler au sein de la coopérative. “C’est écrit dans les statuts de la structure selon eux”. Si un salarié – coopérateur quitte le conseil d’Administration, il doit aussi partir de l’entreprise. Et si Gérard avait accepté de continuer à travailler de deux heures du matin à sept heures du soir, sept jours sur sept, il aurait dit la même chose ce document ? Pas sûr.
“C’est leur façon de procéder. La direction ne fait pas cas de l’être humain”.
Deux autres salariés dont le CDD n’a pas été renouvelé parlent de l’ambiance au sein de la coopérative et des conditions de travail: “C’était bien jusqu’au départ de l’ancien président. Puis, on a commencé à surveiller notre temps effectif de travail. Il fallait éviter d’aller aux toilettes, de se laver les mains. Peu à peu, la pause déjeuner a été supprimée”.
“Nous n’avions même pas le droit de manger les produits qui n’étaient bons à la vente. Il fallait les mettre à la poubelle”. “Et si par malheur, on essayait tant bien que mal de calmer notre faim, on nous regardait avec de gros yeux”, racontent Michaël, 20 ans, et Luc, 28 ans.
Parmi les “humiliations”, il y a les critiques acerbes et les dénigrements à l’encontre du personnel, il y avait aussi les fouilles au corps lorsqu’il manquait de l’argent dans la caisse. “On était obligés de se déshabiller”. La pression était quotidienne. Et tous les subterfuges étaientt utilisés.
“Ils ont dit aux salariés – coopérateurs que si la coopérative faisait faillite, c’est eux qui devraient rembourser les 500 000 € empruntés à la COR”. Imaginez l’effet que cela peut avoir sur des personnes qui ont fait un apport de 1.000 € lors de la création de la coopérative, et qui ne sont pas au fait du droit des coopératives.
La conséquence est dramatique pour Gérard. Le seul syndicat sollicité a renoncé à l’aider. Gérard n’a plus de travail, il n’a pas droit à l’Assedic parce qu’il a été démissionné “selon les statuts de la coopérative”, il ne peut prétendre au RMI.
Pour payer son loyer, ses factures et faire vivre sa famille, il a trouvé un travail au noir. Il est payé 100 € par semaine…
PS : Nous avons tenté d'avoir la position de la direction du Domaine du pain. En vain. Un interlocuteur nous a promis de nous rappeler. Nous attendons toujours leur réponse...
Mais avant d’aller plus loin, juste un petit rappel sur la COR. Cette coopérative ouvrière a été créée en 1992 sous l’impulsion de Paul Vergès. Son conseil d’administration était composé entre autres de 204 dockers. C’était au début de la mensualisation de la rémunération des dockers.
“Mais deux ans plus tard, un putsch a permis à Jacques Virin, alors directeur, de virer deux cent quatre dockers associés dans le capital de sa société, en leur envoyant un chèque de 2.000 francs pour racheter leurs parts sociales, sans que cela n’offusque personne”, relate Jean-Bernard Gaillac, licencié de la COR quelque temps plus tard.
“C’est sans doute unique dans les annales”. Depuis quinze ans déjà, ces dockers luttent pour être rétablis dans leurs droits. “C’était ça not désespoir. Personne i voulait parle de cette injustice, not’ syndicat CGTR Ports et docks, l’avait lâche à nous. Beaucoup parmi nous i gagne ni lire, ni écrire”.
Revenons-en au Domaine du pain, filiale de cette fameuse COR. Gérard, 38 ans, est dans une situation similaire aux dockers depuis le mois de mars 2009. Le salarié – coopérateur a voulu démissionner “parce mi voulait plus travailler de deux heures du matin à sept heures du soir, et sept jours sur sept”.
“Ça faisait dix-huit mois que mi travaillait sans avoir un jour de congé. Selon la direction, les salariés – coopérateurs n’avaient pas droit au congé”. Gérard n’a pris aucun jour de repos depuis 2007. “I fallait être disponible presque 24 heures sur 24. Le directeur i pouvait appelle a ou à n’importe quelle heure pour aller acheter deux tranches de jambon, par exemple…”
A 38 ans, Gérard voulait accorder du temps à sa femme et ses deux enfants. “Moin l’a démissionné de la coopérative”. La réaction de la direction a été immédiate. “Zot l’est venu voir à moin, zot i voulait savoir si mi allait continuer à travailler avec les mêmes horaires et sept jours sur sept”. “Non”, a répondu l’intéressé.
Dès lors, Gérard ne pouvait plus travailler au sein de la coopérative. “C’est écrit dans les statuts de la structure selon eux”. Si un salarié – coopérateur quitte le conseil d’Administration, il doit aussi partir de l’entreprise. Et si Gérard avait accepté de continuer à travailler de deux heures du matin à sept heures du soir, sept jours sur sept, il aurait dit la même chose ce document ? Pas sûr.
“C’est leur façon de procéder. La direction ne fait pas cas de l’être humain”.
Deux autres salariés dont le CDD n’a pas été renouvelé parlent de l’ambiance au sein de la coopérative et des conditions de travail: “C’était bien jusqu’au départ de l’ancien président. Puis, on a commencé à surveiller notre temps effectif de travail. Il fallait éviter d’aller aux toilettes, de se laver les mains. Peu à peu, la pause déjeuner a été supprimée”.
“Nous n’avions même pas le droit de manger les produits qui n’étaient bons à la vente. Il fallait les mettre à la poubelle”. “Et si par malheur, on essayait tant bien que mal de calmer notre faim, on nous regardait avec de gros yeux”, racontent Michaël, 20 ans, et Luc, 28 ans.
Parmi les “humiliations”, il y a les critiques acerbes et les dénigrements à l’encontre du personnel, il y avait aussi les fouilles au corps lorsqu’il manquait de l’argent dans la caisse. “On était obligés de se déshabiller”. La pression était quotidienne. Et tous les subterfuges étaientt utilisés.
“Ils ont dit aux salariés – coopérateurs que si la coopérative faisait faillite, c’est eux qui devraient rembourser les 500 000 € empruntés à la COR”. Imaginez l’effet que cela peut avoir sur des personnes qui ont fait un apport de 1.000 € lors de la création de la coopérative, et qui ne sont pas au fait du droit des coopératives.
La conséquence est dramatique pour Gérard. Le seul syndicat sollicité a renoncé à l’aider. Gérard n’a plus de travail, il n’a pas droit à l’Assedic parce qu’il a été démissionné “selon les statuts de la coopérative”, il ne peut prétendre au RMI.
Pour payer son loyer, ses factures et faire vivre sa famille, il a trouvé un travail au noir. Il est payé 100 € par semaine…
PS : Nous avons tenté d'avoir la position de la direction du Domaine du pain. En vain. Un interlocuteur nous a promis de nous rappeler. Nous attendons toujours leur réponse...