Il y a du monde autour de la table de cette petite salle de réunions de la société Inter’Val à la Possession. Et pour cause, le projet que mettent en place ces différents acteurs du privé et associatif demande de l’expertise environnementale, informatique, complétée d’une dose de bonne action en faveur des enfants de Madagascar.
Anne Guézé, directrice d’Inter’Val, raconte le cheminement de sa collaboration avec l’association les Tidalons: « Nous récupérons des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) pour les traiter de A à Z ». Triés à la Réunion et envoyés par containers vers Madagascar, du moins pour les matières qui peuvent être valorisées (plastique, fer, or, cuivre,…), la société Inter’Val s’ouvre donc vers une action humanitaire en direction de la Grande Ile. Pourtant, ce n’est pas les contraintes que requièrent cette activité ciblée, comme les nombreux agréments préfectoraux obligatoires pour le traitement de ces « déchets dangereux », qui manquent. Le pari est donc difficile à relever.
L’association avec les salariés des « Tidalons » a été l’occasion rêvée pour proposer un « pont informatique » vers Madagascar, sa capitale Antananarivo et ses villes de province. Le tableau ne serait pas complet sans l’apport logistique de la coopérative CTOI (en présence de son président Gérald Tacoun), spécialisée dans l’acheminement de matériaux ferreux.
L’entreprise peut prendre forme grâce à l’apport de l’association les Tidalons. Cette association perpétue le cercle vertueux en permettant à des jeunes mais aussi à des personnes porteuses de handicap de s’insérer par le travail. Leur tâche : désosser les différentes parties d’une unité centrale d’ordinateur : carte mère, carte graphique, mémoire, test des disques durs. « Ces petites mains », comme les appelle Dominique Samuel, directeur des Tidalons, mettront de côté toutes les pièces et toutes les unités centrales encore opérationnelles. Même si l’activité n’a pas débuté, des exemples métropolitains montrent qu’environ 40% de ces DEEE peuvent faire l’objet d’une seconde vie dans d’autres pays. Formatés et remis en scelle sous le système d’exploitation Windows XP pro, les lycéens malgaches pourront ainsi bénéficier d’ordinateurs qui étaient encore recherchés à la Réunion il y a 4 ou 5 ans de cela.
Echange de bons procédés
Pour faire revivre à Mada ces 40% d’ordinateurs à valoriser, Inter’Val et les Tidalons s’associent au projet humanitaire d’EDUCMAD, une ONG franco-malgache. Son rôle, sur place, est d’amener l’outil informatique dans les lycées malgaches. Un projet qui contribue au succès du « Plan éducation pour tous » lancé par l’Unesco en 1990, en fournissant aux lycées de la Grande Ile des « médiathèques virtuelles », explique Anne Guézé, qui s’exprime au nom des représentants de l’ONG. D’ailleurs, la collaboration « réunionno-malgache » a été officialisée pas plus tard que la semaine dernière par la signature d’une convention.
La chaîne de production de ces ordinateurs devenus obsolètes chez nous est désormais sur les rails. La législation sur le traitement des DEEE qui est de plus en plus contraignante pour les collectivités publiques et pour les entreprises est d’ailleurs une bonne nouvelle pour Inter’Val qui pourra récupérer d’autant de ces rebuts. Le processus arrange aussi nombre de collectivités et d’entreprises qui ne savent que faire de leurs ordinateurs qui s’entassent, face à un parc informatique qui a tendance à se renouveler « tous les trois ans », explique Inter’Val.
La prochaine marche pour tous ces acteurs « vertueux » : la livraison officielle d’une commande de 200 ordinateurs pour les lycées de Madagascar. C’est prévu « pour la rentrée de septembre », complète Dominique Samuel. Ce nombre d’ordinateurs devrait assurément se bonifier au fil des mois. Le temps que les entreprises réunionnaises se passe le mot quant à l’existence de cette filière dans notre département.