

"L'origine réelle de ces blocages concernent le troisième point de nos revendications, c'est-à-dire le rôle des observateurs au niveau des points de prélèvements des échantillonnages des chargements en canne à sucre."
Votre troisième point de revendication concerne la suppression de la "présence physique" des observateurs concernant les échantillonnages. Pourquoi ?
"Nous estimons et avons constaté que les observateurs exercent une pression. Par moments, sur certaines balances, ils orientaient les échantillonnages. Ce poste existe depuis plus de dix ans mais nous avons constaté depuis le lancement de la campagne sucrière que son rôle était déterminant dans les basses richesses que nous avons pu obtenir suite aux prélèvement qui ont été réalisés.
Vous savez, c'est compliqué lorsqu'une personne travaille du matin jusqu'au soir avec un observateur dans le dos, et c'est vraiment le cas puisqu'il observe en permanence ces faits et gestes. Il ne se contente d'ailleurs pas d'observer. Il a une véritable influence sur la zone de prélèvement."
Vous dites que ces observateurs existent depuis plus de dix ans. Pourquoi ne pas être intervenu plus tôt sur le problème ?
"Nous sommes déjà intervenus lors de la création de ce poste il y a une dizaine d'années et nous n'avons pas obtenu gain de cause. Ce qu'il se passe cette année, c'est qu'il y a des nouvelles directives, je suppose de la part des industriels, qui ont complètement changé. Les agriculteurs se retrouvent désormais avec des richesses catastrophiques et des teneurs en sucre anormalement faibles et c'est là tout le problème."
Justement, comment abordez-vous la position du Comité technique interprofessionnel de la canne et du sucre (CTICS) et du Comité paritaire de la canne et du sucre (CPCS) sur ce point ?
"Ce qui est dommage, c'est que la présidence du CTICS est tournante et nous avons la chance que la présidence soit du côté des agriculteurs. Mais nous n'avons jamais entendu le président du CTICS intervenir à la faveur des planteurs. Il est absent des débats, je dirais. Pour nous, le CPCS est inexistant. Depuis le début du conflit, aucune réunion officielle du CPCS n'a eu lieu. Il y a eu des réunions mais qui étaient informelles le soir dans une salle. A aucun moment, les responsables n'ont pris leur responsabilité tout en sachant que le CPCS est tenu par le syndicat majoritaire à la Réunion. Tout le conflit qui a lieu aujourd'hui est dû aux mauvaises décisions prises par les dirigeants du CPCS."
On évoque des cas de fraude de plusieurs centaines de milliers d'euros ces dernières années. Quelles sont vos positions sur le sujet ?
"J'attends toujours les preuves de ces fameuses fraudes. Comme en 1994, il y avait déjà eu des suspicions de fraudes mais sans preuves. Cette année, ce qui est bizarre, c'est que dans le Sud, c'est-à-dire là où les industriels auraient soit disant constaté des fraudes, ils ont supprimé certains postes d'observateur."
Vous avez sollicité l'intervention de l'Etat. Où en sont les négociations au jour d'aujourd'hui ?
"Aujourd'hui, nous avons une réunion cet après-midi à la Direction de l'agriculture et de la forêt à Saint-Denis. Je n'y serai pas puisque j'accompagne sur le terrain le président de la FNSEA. On aura un représentant à cette réunion mais nous nous attendons à ce que les décisions soient prises sans notre avis. (...). J'espère en tous cas que la présence du président Jean-Michel Lemetayer et son influence pèsera dans la balance des négociations."
La campagne sucrière 2010 commence mal. Quelles sont les solutions préconisées par la FDSEA ?
"Nous ne demandons pas la suppression du poste d'observateur mais le déplacement. On ne va pas mettre ces personnes au chômage. L'observateur va contrôler tous les postes de la chaîne d'achat, de la pesée au débarquement des cannes mais pas au niveau de l'échantillonnage."