Quelle est la différence entre le volcanisme effusif et le volcanisme explosif ? Une question que l’on pouvait retrouver sur les lèvres des élèves d’une classe de 4ème du Collège Henri Matisse de Bois d’Olives. Hier, ils ont pu apprécier une de ces escapades scientifiques et pédagogiques sur le site de la Pointe du Diable à Saint-Pierre.
Située en front de mer, la Pointe du Diable est une formation géologique d’intérêt, vestige bien conservé d’une coulée de ponces et de cendres du Piton des Neiges datant de 190.000 ans et témoignant d’un épisode explosif. Sur le terrain, ce panel géologique est complété par des venues basaltiques, des phénomènes d’érosion et des dépôts éoliens.
C’est cet endroit que la mairie projette de revaloriser pour en augmenter le nombre des visiteurs. Des visiteurs qu’il faudra sensibiliser à travers des panneaux d’information géologique qui seront réalisés par ces élèves.
Des scientifiques en herbe
Accompagnés par leur professeur Olivier Hoarau et armés de leur marteau, appareils photos, microscopes et stylos, filles et garçons sont allés réinvestir une très ancienne coulée issue d’une activité effusive du Piton de la Fournaise. Fissures, gratons, bulles de gazs étirées, déformations, présence de cristaux : les arguments ont rapidement été mis sur le papier par la vingtaine d’apprentis géologues, à la grande joie de Olivier Hoarau : « Il s’agit d’un projet visant à installer des panneaux sur le site de la Pointe du Diable et de mettre en évidence les risques volcaniques en provenance de la Plaine des Cafres même si cela peut se faire sur une durée de plusieurs milliers d’années » explique le prof de SVT.
« S’approprier leur environnement et les connaissances«
Le professeur confie volontiers qu’il voulait trouver un moyen pour mettre en valeur ce site car étant un des rares à présenter des roches issues d’une activité volcanique de type explosive, comme à Saint-Louis et Sainte-Suzanne : « A la Réunion, nous sommes un des rares endroits ou le volcanisme explosif côtoie le volcanisme effusif avec une aussi bonne conservation. L’intérêt était aussi d’effectuer une sortie en plein air. Les élèves aiment ça et cela leur permet de s’approprier leur environnement et leurs cours.
Ce type de sortie sur le terrain permet de fédérer autour d’un projet, de mieux maîtriser les connaissances mais aussi de préparer l’orientation des élèves à travers des rencontres avec des professionnels de l’aménagement, des géologues, des volcanologues en partenariat avec la commune, la Maison du Volcan et l’Université.«
Une seconde zone d’étude, au lieu dit Chapelle « Ti Bondieu » toujours sur le site de la Pointe du Diable, donnait la tonalité de la suite de cette sortie scientifique. Cette fois-ci, c’est un type d’activité volcanique différent auquel les élèves ont à faire face et c’est bien là l’intérêt de ce projet : démontrer la double existence d’une roche issue d’une activité volcanique effusive et d’une seconde issue d’une activité explosive. Il s’agissait, plus précisément, de mettre en évidence les différences entre la coulée basaltique de la Fournaise et les ponces et cendres émises par le Piton des Neiges, sur seulement quelques centaines de mètres.
Des panneaux pour préserver et sensibiliser aux risques
Plusieurs sorties sont encore au programme des élèves de cette classe du collège de Bois d’Olives. Des élèves appliqués et très intéressés par une approche expérimentale et scientifique d’un site qu’ils connaissent bien. Des panneaux seront réalisés par ces élèves et concrétiseront le travail « intellectuel » de ces jeunes géologues.
Ils seront accompagnés dans cette démarche par un ingénieur en hydrologie attaché aux services techniques de la commune de Saint-Pierre, Gaëtan Lherceteau, par une responsable du Fond documentaire de la Maison du Volcan, Isabelle Payet et d’un chercheur associé au laboratoire Géosciences de l’Université, Philippe Mairine.
Le choix de la Pointe du Diable comme cadre d’études présente donc la volonté de voir la science prendre pour objet un terrain familier pour les élèves. Des élèves que l’on a pu voir investis et très attentionnés par ce cours décalé et très pédagogique. Des cours en pleine nature qu’ils aimeraient voir plus fréquents.