Les propos honteux de Christine Angot samedi soir sur le plateau de On n’est pas couché (France 2) à propos de la traite négrière ne cessent de provoquer les critiques de plusieurs personnalités. Pour rappel, l’écrivaine avait osé faire une comparaison entre les camps d’extermination et l’esclavage, dénonçant une « concurrence des mémoires ». Patrick Karam, ancien président du Crefom (Conseil représentatif des Français d’Outre-Mer), a décidé de saisir le CSA pour « obtenir des sanctions exemplaires ».
Voilà ce qui s’appelle se prendre les pieds dans le tapis. En affirmant que la traite négrière était « exactement le contraire » de la Shoah, les esclaves devant être « en bonne santé » à leur arrivée dans les colonies françaises, Christine Angot est sous le feu des critiques depuis samedi. La chroniqueuse et romancière, qui discutait avec Franz-Olivier Giesbert de son dernier livre Le Schmock, qui narre une histoire d’amour en Bavière sous l’Allemagne nazie, s’était pourtant offusquée quelques minutes plus tôt de ce qu’elle appelle « la concurrence des mémoires ».
« Les Juifs, pendant la guerre, ça a bien été de les exterminer, c’est-à-dire de les tuer. Et ça introduit par exemple une différence fondamentale, alors que l’on veut confondre, avec par exemple l’esclavage des Noirs, envoyés aux Etats-Unis, ou ailleurs… C’était exactement le contraire : l’idée c’était au contraire qu’ils soient en pleine forme, en bonne santé pour pouvoir les vendre et qu’ils soient commercialisables. Donc non, ce n’est pas vrai que les traumatismes sont les mêmes, que les souffrances infligées aux peuples sont les mêmes ».
Ce moment où Christine Angot minimise l’horreur de l’esclavage pour souligner l’horreur de la Shoah… Ca se passe sur une chaîne du service public. C’est grave… #ONPC [pic.twitter.com/Fl4ru9fUSP]url:https://t.co/Fl4ru9fUSP
— Nils Wilcke (@paul_denton) [2 juin 2019]url:https://twitter.com/paul_denton/status/1135277302538014721?ref_src=twsrc%5Etfw
Pour l’ancien président du Crefom Patrick Karam, les propos « ignobles » de Christine Angot « sont une négation des souffrances de millions d’hommes, de femmes et d’enfants ayant subi la traite négrière, réduits en esclavage, et qui ont été victimes de violences, de viols, de mutilations ». « Ce sont des millions d’êtres humains qui se sont vus nier leur humanité, des millions qui ont traversé l’océan empilés les uns sur les autres à fond de cale comme de vulgaires biens meubles, des millions qui ont péri et ont été jetés à la mer, des millions qui ont subi tortures et meurtres ou qui ont été témoins de ceux de leurs proches », tient à rappeler le vice-président de la région Île-de-France.
Une comparaison et une hiérarchisation des souffrances « qui font le jeu de trublions comme Dieudonné », assure-t-il, « qui ont largement instrumentalisé une opposition factice pour opposer les communautés », et qui de plus, ravie « une forme des concurrences des mémoires ». Une concurrence dans laquelle Patrick Karam s’était fermement opposé, en signant en 2014 un mémorandum commun avec le CRIF et son président d’alors Roger Cukierman, « afin que les deux institutions unissent leurs forces contre le racisme et l’antisémitisme mais également en renforçant les liens entre le CRIF et les Antilles ».
En réaction aux propos de Christine Angot, « d’autant plus inacceptables qu’ils ont été conservés dans une émission enregistrée », Patrick Karam a décidé de saisir le CSA pour obtenir des sanctions « exemplaires ». Il demande par ailleurs des « excuses et une clarification » de la part de la chroniqueuse et de Laurent Ruquier, présentateur de l’émission, qui a décidé de soutenir cette dernière…
La Shoah fut une abomination . L’esclavage en Afrique et le commerce des esclaves fût une abomination. Aucun doute.
Ceux qui tentent de nous faire dire ou penser le contraire, à Christine Angot ou à moi cherchent à créer une polémique inutile .
— Laurent Ruquier (@ruquierofficiel) [3 juin 2019]url:https://twitter.com/ruquierofficiel/status/1135546466397806593?ref_src=twsrc%5Etfw