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Des conteneurs vides menacent de bloquer l’importation à La Réunion

Les professionnels du transport et de la logistique au Port rencontrent depuis de nombreuses années des difficultés de gestion des flux au niveau du terminal à conteneurs. Aujourd’hui, en raison de la crise sanitaire internationale qui bouleverse nos modes de consommation et d’exportation, nous arrivons à un paroxysme. Les syndicats TLF appellent dans ce communiqué les compagnies maritimes à prendre leurs responsabilités dans cette situation :

Ecrit par zinfos974 – le mardi 01 décembre 2020 à 17H15
« On le sait, l’année 2020 aura été un cauchemar notamment pour les professionnels du transport et de la logistique. La pandémie mondiale et les différents confinements ont profondément affecté les flux de marchandises. Cette situation, complexe à gérer, est devenue impossible en cette fin d’année.

Le lundi 23 novembre, le grand Port Maritime de La Réunion a pris l’initiative d’envoyer un communiqué tentant de justifier la situation insupportable dans laquelle se trouve aujourd’hui toute une branche des professionnels du transport et de la logistique. Un communiqué qui arrive au moment où la tension est à son comble dans ce secteur d’activité.

Petite explication ! Il était une fois, l’importation d’un baril de lessive …

Pour expliquer la situation il nous faut reprendre le schéma d’entrée des marchandises à la Réunion. L’entreprise x est importatrice : elle fait venir des barils de lessive à la Réunion. Elle passe sa commande qui va arriver en conteneurs jusqu’au Port par une compagnie maritime. La compagnie maritime va sous- traiter le déchargement de ce conteneur à une compagnie de manutention. Cette compagnie de manutention se voit attribuer par le Port Maritime un certain nombre d’emplacements à conteneur pour gérer l’entrée et le départ de ces derniers.

Notre baril de lessive est donc déchargé du bateau par le manutentionnaire. Un transporteur local va aller récupérer le conteneur et le livrer chez l’importateur. L’importateur récupère donc sa lessive. Et nous voilà avec un conteneur vide. C’est ici que les problèmes commencent.

Une histoire qui finit toujours avec un conteneur vide !

La compagnie maritime demande à récupérer son conteneur dans un délai fixé par ses soins. Le transporteur ramène donc le conteneur à la société de manutention dans ce délai. Mais arrivé à la porte du Grand Port et parfois après plusieurs heures d’attente, on annonce au transporteur que plus aucun emplacement n’est disponible. Le transporteur doit donc repartir avec ce conteneur vide qu’il a donc « sur les bras » et pour lequel il va devoir gérer toute la logistique de stockage. Encore faut-il qu’il ait l’espace pour stocker des centaines de conteneurs vides. Pire encore, lorsqu’un emplacement se libère au Port, les manutentionnaires donnent parfois un délai de quelques heures, voire moins, aux entreprises de transport pour ramener les conteneurs vides : des délais impossibles à tenir !

Bien évidemment, ces allers-retours ont un coût pour les transporteurs. Le grand port dans son communiqué annonce qu’ « au mois d’octobre, plus de 40.000 conteneurs ont été manutentionnés, ce qui constitue un nouveau record dépassant le précédent de 10% » et il ajoute « Il a fallu à tous les acteurs de la chaîne logistique de l’agilité pour y parvenir ». Plus que de l’agilité c’est surtout de l’argent qu’il aura fallu aux transporteurs puisque les professionnels estiment le surcoût de ces manipulations à plus de 100 EUR par conteneur, soit un préjudice estimé, pour l’ensemble des entreprises du secteur, à plus de 40.000 euros par jour d’arrêt de reprise des conteneurs vides.

Le serpent qui se mord la queue et le prix de la lessive qui augmente

Mais alors, pourquoi ce terminal est-il saturé ? Si les conteneurs vides s’accumulent sur les emplacements des entreprises de manutention saturant ainsi l’espace, c’est parce qu’ils ne sont pas évacués. Or, qui est propriétaire de ces conteneurs vides? Qui est responsable de leur évacuation ? Les compagnies maritimes… Les 172 emplacements supplémentaires annoncés par le Grand Port Maritime dans son communiqué n’y changeront rien et seront tout aussi vite saturés si la gestion de la sortie des conteneurs vides par les compagnies maritimes ne change pas… On estime aujourd’hui qu’il y a plus de 3500 conteneurs vides sur l’île en dehors du port ! Une situation ubuesque car pendant que la Réunion déborde de conteneurs vides, les prix de fret ont tendance à augmenter depuis la métropole du fait du manque de conteneur vide en Europe !
 

Les professionnels du transport et de la logistique réunionnais par la voix de son syndicat TLF REUNION appellent aujourd’hui les compagnies maritimes MSC, Maersk et CMA CGM à prendre leurs responsabilités.

Les conséquences sont aujourd’hui subies de plein fouet par les importateurs qui se retrouvent encombrés de conteneurs vides, par les transitaires et les transporteurs qui voient leurs coûts exploser. A terme, nous le savons bien, ce sont les consommateurs qui en pâtiront car ces coûts ne pourront être absorbés indéfiniment par nos entreprises qui finiront par les répercuter sur les importateurs qui les répercuteront à leur tour sur leurs produits, dans notre exemple : un baril de lessive … Voici, entre autres, comment une mauvaise gestion des flux de marchandises impacte sur la vie chère à La Réunion.

Si rien n’est fait, la Réunion risque un blocage de la chaîne logistique au moment où les produits pour les fêtes commencent à arriver. »

 

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