
Si aujourd'hui, à la Réunion, les personnes âgées représentent 11,3% de la population (89.200 personnes), elles seront trois fois plus nombreuses en 2040, soit 25% de la population totale (273.700 personnes). Et parce que la taille des ménages est de plus en plus petite, on assisterait, selon les projections, à un doublement de la population âgée dépendante d'ici 2030.
Les commissions du Ceser s'accordent à dire qu'il faut rendre prioritaire la mise en place d'une véritable politique préventive contre la dépendance des personnes âgées, avec des questions primordiales comme l'accueil et l'hébergement, notamment au sein des structures dédiées.
La solidarité inter-générationnelle s'amenuise pour des raisons économiques, sociales, matérielles…
Si la grande majorité des personnes âgées souhaite le maintien à domicile, et si la solidarité familiale est encore dominante, le constat est net : la capacité à mobiliser la solidarité inter-générationnelle s'amenuise pour des raisons économiques, sociales, matérielles… "Il ne faut pas le vivre comme une fatalité, autant que la dépendance n'est pas, non plus une fatalité", rappelle-t-on dans la note du Ceser, avant d'expliquer que "tout doit être mis en oeuvre pour entretenir le plus longtemps possible cette solidarité à travers des politiques éducatives, familiales, d'emploi…" Un travail qui permettrait sans doute, également, d'échapper au risque de maltraitance: "De l'expérience des professionnels ou de simples citoyens ayant accompagné des personnes âgées dépendantes, il s'avère que l'épuisement et le manque de temps peuvent conduire à des phénomènes plus ou moins importants de maltraitante", souligne-t-on dans la note du Ceser.
Le Ceser s'interroge sur l'aspect financier qui ne peut être passé sous silence et qui constitue le coeur du débat sur la dépendance. Les commissions attirent l'attention sur la vigilance à accorder à la précarisation des emplois, sachant que les salariés et les sans-emploi d'aujourd'hui risqueront, comme leurs aînés, d'être pour une bonne partie des "bénéficiaires" du minimum vieillesse en 2040 à la Réunion. A ce jour, 51% des seniors réunionnais (plus de 64 ans) ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté national.
Par ailleurs, le niveau de précarité semble incompatible avec les coûts de l'offre des services. Institutions, équipements médico-sociaux et sanitaires, familles d'accueil mais aussi maisons d'accueil "marrons"… le choix d'hébergement dépend lourdement de la participation financière de la personne âgée.
Le Ceser souhaite voir émerger une "gouvernance partenariale et coordonnée" des institutions dans l'anticipation des réponses à apporter aux futurs besoins des personnes âgées. "Le maintien à domicile et une politique de prévention concertée, cohérente et efficace devraient avoir un retour sur investissement non négligeable", préconise le Ceser.