En cette fin de semaine, les comparutions immédiates n’ont pas été de tout repos au sein du tribunal correctionnel de Saint-Denis. Parmi les affaires, le harcèlement d’un ex-conjoint, une série de cambriolages et un vol. Et les détenus étaient plus agités que d’habitude.
En effet, le premier individu à être jugé pour avoir harcelé son ex-compagne par téléphone n’a pas bien pris sa condamnation. En récidive et avec plusieurs condamnations sur son casier judiciaire, l’homme n’en est pas à son premier coup. Il a déjà été condamné pour violences sur cette même victime. Devant le tribunal, il explique avoir « changé » ; la violence n’est plus son mode opératoire, c’est « Dieu qui va lui donner ce qu’elle mérite ». Condamné à 2 ans de prison par les magistrats, le non-violent a été reconduit dans la geôle du tribunal où il a frappé les murs, secoué les barreaux et cassé ce qui semble être un robinet ou tuyau d’eau. Une distraction pour les magistrats et la procureure au moment de la prochaine affaire, les policiers s’affolant et jouant les plombiers.
Les magistrats tentent de se concentrer sur le jeune homme devant eux. À peine 18 ans et un manque de respect surprenant. Il jette un bout de mouchoir de sa poche, tutoie le président d’audience, Pierre Jund, et lance un « dépêche-toi ». L’impressionnante patiente du juge le ramène aux faits. « Pourquoi avez-vous volé ces deux bouteilles au supermarché du Port ? – Pour repartir en prison ». On comprend mieux l’attitude du jeune majeur. Il ne lui reste « rien dehors, plus de famille », sa grand-mère étant décédée depuis peu. C’est la triste histoire de ce jeune qui a déjà été condamné à plusieurs reprises par le tribunal des enfants.
Le président d’audience tente de comprendre, malgré une après-midi animée. Car pendant que l’ex-conjoint « non-violent » sentait monter la colère dans sa cellule, en attendant sa peine, cinq détenus étaient devant la barre pour une série de cambriolages dans l’Est entre 2018 et 2019. Leurs victimes : des magasins, pour la plupart, à Salazie, Saint-Benoît, la Plaine-des-Palmistes, Saint-André et Sainte-Marie. Des téléphones, télévisions, caisses enregistreuses, vidéoprojecteurs et boissons étaient parmi les objets dérobés. En détention provisoire depuis février, ils devaient être jugés ce vendredi. Mais leurs avocats demandaient un renvoi. Redirigé vers la geôle en attendant la décision, l’un d’eux croise un homme du public qu’il connaît manifestement bien, venu assister à l’audience. Une dispute éclate et il tente de lancer des coups. D’autres individus ainsi que la police s’en mêlent. Le détenu part en criant, menaçant insultant. Un état qui perdure jusqu’à ce que le tribunal prononce le renvoi de l’affaire au 3 avril et le maintien en détention des cinq hommes.