« Selon les premières prévisions, nous tablons sur 1,6 million de tonnes. Ce sera mieux que l’an dernier mais toujours insuffisant par rapport aux objectifs initiaux car avant 2010 on prévoyait 2 millions de tonnes, nous sommes encore loin du compte », analyse le président de la CGPER, Jean-Michel Moutama, qui demande à ce que l’on se pose « les bonnes questions ».
En effet, pour le syndicaliste, les raisons de cette stagnation du tonnage, « qui remonte à plusieurs années », ont un lien direct avec la situation financière des planteurs, dont les revenus ne cessent de diminuer d’année en année. « La motivation n’est plus là, tout est fait pour les pousser à se diversifier sans qu’aucun chiffre ne soit mis sur la table par l’industriel (NDLR: Tereos). Or, le montant des subventions reste le même alors que le tonnage ne cesse de baisser. Est-ce que la répartition est faite correctement entre ce dernier et les planteurs dont les charges augmentent chaque année ? », s’interroge-t-il.
S’il n’est pas opposé à la diversification des cultures, Jean-Michel Moutama souhaite avant tout « savoir de quelle diversification on parle » avant qu’industriels et planteurs ne s’engouffrent dans la brèche. « Pour parvenir à nos objectifs pour l’autosuffisance alimentaire de l’île, cela ne nécessite pas la diversification des cultures sur les 20.000 hectares de canne dont nous avons à disposition. A-t-on une logistique organisée aujourd’hui pour exporter ? Je ne le pense pas car tous les ans nous sommes obligés de quémander auprès de la Région pour nous aider à payer un cargo pour exporter nos fruits », poursuit Jean-Michel Moutama, pour qui, au vu de ces éléments, ne plaide pas pour une transition accélérée de l’agriculture locale.
Sur cette campagne sucrière à proprement parler, Jean-Michel Moutama s’inquiète également de la hausse annoncée du prix des engrais fertilisants, comprise entre 20 et 30%, due notamment à une autre hausse, celle du coût du fret à La Réunion. « Quand une campagne sucrière démarre, les planteurs pensent déjà à la préparation de la suivante. Avec la flambée des prix des matières premières, comment préparer sereinement la future campagne, ce n’est pas possible », ajoute le leader de la CGPER.
Autre point abordé par ce dernier sur le site de Bois-Rouge, celle de la future convention-canne, qui succèdera à celle ayant été signée en 2015. « On va négocier quoi ? Tout le monde connaît le revenu d’un planteur grâce à son tonnage, à la richesse de ses cannes, ce n’est un secret pour personne. Par contre nous allons négocier avec Tereos sans avoir accès à leurs données, comme par exemple ce qu’il dégage comme plus-value dans cette industrie à La Réunion. Là-dessus, les services de l’Etat ne font pas bien leur boulot », conclut le syndicaliste.