« Je m’excuse auprès d’Ulrich M. », commence le prévenu qui se présente libre sous contrôle judiciaire devant le tribunal. Il a effectué 5 mois et demi de détention provisoire.
Tout part d’une dispute car la victime serait passée au milieu des chaises du bar où le prévenu travaille pour sa mère. Comme l’explique le président, les deux versions divergent. En effet, l’un comme l’autre se rejettent la faute. Sauf qu’au final, c’est Ulrich M. qui prend trois coups de couteau.
Un coup dans l’abdomen d’une profondeur de 10 cm, un dans les cotes, et un dernier dans le dos. « Je n’ai pas eu le temps de lui porter un coup. S’il avait pu, il m’aurait tué » attestera Ulrich M. lors de son audition.
« J’aurais pas dû, mais j’ai eu peur » tente d’expliquer le prévenu, ajoutant : « Pour avoir le calme, je lui ai mis un coup de couteau ». Cette affirmation lance un grand vide dans la salle d’audience. En effet, avec 12 mentions à son casier, dont une peine de prison ferme alors qu’il était encore mineur, il y en a 5 pour violences. La dernière en date, une peine de 4 ans et demi en 2013, correspond à des violences avec arme sur son propre fils. Il sort en septembre 2016 de prison en métropole et commet donc les mêmes faits sur Ulrich M. en novembre 2017. Cela faisait 15 jours qu’il était de retour à La Réunion.
L’expert psychiatrique relève une personnalité criminelle et psychopathique chez le prévenu, passée de « élevée » à « moyenne ». Pour autant, il est accessible à une sanction pénale. Il note également une facilité de passage à l’acte. Pour la partie civile : « C’est une belle histoire que vous nous racontez mais ce n’est pas la vérité. Pourquoi vous vous êtes acharné sur mon client ? Quand on voit son passif, il n’a pas beaucoup peur, il dégaine facilement ! Ulrich M. a eu beaucoup de chance de rester en vie ».
La procureure de la République enchaine ses réquisitions : « Ce sont des faits d’une gravité exceptionnelle ! Au départ, nous étions partis sur une tentative de meurtre ! Sa version est extrêmement inquiétante, donner des coups de couteau pour être au calme. Qu’est-ce qui vous arrête ? Vous vous êtes acharné ! Ces faits laissent sans voix. Compte tenu de sa personnalité extrêmement inquiétante, vous devez protéger la société et l’écarter pour un long moment ! Je demande une peine de 7 ans de prison avec un mandat de dépôt. »
Quelque peu sonné par le quantum de la peine, la défense prend la parole : « J’ai beaucoup de pression sur les épaules quand j’entends la peine demandée. Je le connais depuis longtemps et je suis légitime pour parler de lui. Il faut prendre en compte le rôle de la victime pour comprendre le geste de mon client ! Même si ça ne légitime pas ses actes, ça doit être pris en compte. Il est venu pour le provoquer ce jour-là. Condamnez le pour ce qu’il a fait et uniquement pour ce qu’il a fait. Il assume et il se bat pour s’en sortir. »
Le tribunal a finalement entendu la défense et condamne le prévenu à une peine de 5 ans de prison avec mandat de dépôt ainsi qu’un suivi socio-judiciaire d’une durée de 2 ans avec une peine de 2 ans en cas de manquement. Le tribunal indique avoir sanctionné son comportement dangereux.