Ces trois Saint-Louisiens jugés devant le tribunal correctionnel pour transport, détention, offre, acquisition et consommation de tabac chimique en sont restés à une ligne de défense: nier le trafic mais reconnaître la consommation de cette drogue de synthèse développée à Mayotte et qui fait des ravages ces dernières années dans notre île.
Le trio est appréhendé après dénonciation de la compagne de Kassim, 30 ans, arrivé il y a peu à La Réunion. Aux forces de l’ordre, cette dernière a expliqué en mai 2018, probablement par vengeance, que son compagnon – ayant eu une relation avec Jeanette également à la barre ce jeudi – est non seulement consommateur mais aussi petit revendeur.
46 doses de tabac chimique en poudre ont été retrouvées au domicile de la maîtresse de 26 ans. La surveillance, notamment téléphonique, a révélé en effet que c’est au domicile de Jeanette que le trafic s’opère.
« Je suis juste une consommatrice »
Le trio s’approvisionne en matière première via des fournisseurs de Saint-Denis et Saint-Pierre puis reconditionne la drogue chez la jeune femme à des fins de vente. L’enquête fait également apparaître les nombreux déplacements du troisième comparse Mourchidi, 21 ans, dans les quartiers de Basse-Terre, Terre Sainte, Palissade et à la gare routière de Saint-Louis, avec des personnes agglutinées devant son véhicule.
« Je ne suis pas une trafiquante, je suis juste une consommatrice. Je ne vendais pas, ils fumaient avec moi », explique pour sa défense Jeanette, mère de famille, libérée sous contrôle judiciaire contrairement à Kassim et Mourchidi, placés en détention provisoire depuis un an.
Dans ce dossier décrit comme « tentaculaire » par la présidente du tribunal, les trois prévenus de ce jeudi apparaissent davantage comme des « usagers/revendeurs à la marge du trafic », souligne le parquet. « Un marché difficile à appréhender avec beaucoup de revendeurs et des substances difficiles à détecter, chacun ayant sa propre recette ».
Le trio s’est transformé en « petits » trafiquants diffusant du tabac chimique à Saint-Pierre et à Saint-Louis pour financer leur consommation. Face à « un problème de santé publique particulièrement grave », le parquet a demandé une sanction équivalente.
Pour leur défense, leurs conseils ont plaidé la consommation, rejetant les accusations de trafic.
Tous trois ont été reconnus coupables de l’ensemble des faits reprochés et ont été condamnés à deux ans de prison dont une année avec sursis, deux ans de mise à l’épreuve, l’obligation de soins et de formation. Le trio ayant déjà effectué une bonne partie de leur peine, il devrait recouvrer la liberté très rapidement.