
Le site Marianne 2 a publié il y a quelques jours un article consacré à Jacques de Chateauvieux, intitulé "Un Béké réunionnais à la tête d'Axa ". Nous le reproduisons ci-dessous...
Il n’y a pas qu'aux Antilles qu’il y a des békés. La Réunion en compte aussi. Mais là-bas ils sont baptisés les «gros blancs». Le plus emblématique d’entre eux n’est autre que le successeur de Claude Bébéar chez Axa.
Après la Guadeloupe et la Martinique, c’est au tour de la Réunion de s’embraser. Mais il est un homme originaire de l’île qui se fait étrangement silencieux sur le sujet (1). Son nom ? Jacques de Chateauvieux. Peu connu en métropole (il est pourtant le successeur de Claude Bébéar à la présidence du conseil de surveillance d’Axa), il peut être considéré comme «le béké de la Réunion». Mais dans l’Océan Indien, on préfère utiliser un vocabulaire un tantinet plus imagé qu’aux Antilles, un vocabulaire que même un «métro» est capable de comprendre : on ne parle pas de « békés » mais de «gros blancs» ! Et Jacques de Chateauvieux est le plus emblématique représentant de cette caste. C’est même un très gros poisson. D’après le magazine Challenges, en 2008, grâce à un pactole de 567 millions d’euros, ce membre supposé de l’Opus Dei pointait avec sa famille au 67e rang des fortunes de France et à la toute première place pour l’outre-mer. Une réussite qu’il ne doit pas à son seul mérite…
L’homme est né avec une cuillère en or dans la bouche. Une cuillère à sucre pour être plus précis car son père est le cofondateur des Sucreries de Bourbon. Une société dont il « hérite » en 1979 alors qu’il n’a que 28 ans. Mais son jeune âge ne l’empêche pas de prendre les décisions qui fâchent. Bien au contraire : quand le marché du sucre de canne commence à battre de l’aile, ce diplômé de l’Institut supérieur de gestion et de Columbia, ne fait pas dans le détail : les machines sont stoppées, les employés — qui pour certains travaillent depuis plusieurs générations pour sa famille — sont remerciés. « Il fallait fermer des usines, explique-t-il, Le sucre à la Réunion, c’est comme la sidérurgie dans l’Est de la France ! »
Comme si une personne possédait à elle seule un département !
Une fois fait le grand ménage, l’homme décide de diversifier ses activités sur place : il prend des parts dans des hôtels, ouvre des supermarchés, des fabriques de jus de fruits et de yaourts, et se lance même dans le transport maritime de passagers. Mais il finit par tout vendre et avec l’entreprise originelle, Bourbon, se spécialise dans les services maritimes offshore pétroliers.
Bourbon, c’est le joyau de l’empire de Chateauvieux (2): 5 000 employés présents dans 28 pays, une flotte de 266 navires et 931,3 millions de chiffres d’affaires pour 2008! Mais ce n’est pas cette société qui fait de ce père de six enfants (« tous élevés dans une certaine austérité » d’après Les Echos), le «gros (requin) blanc» de la Réunion. Pour avoir conscience de sa mainmise sur ce département d’outre-mer, il faut se pencher sur ses autres entreprises. Par le biais de son holding personnel, Jaccar, il est par exemple à la tête de la Sapmer, le plus vieil armateur de pêche de la Réunion. Il y a également CBO Territoria dont il préside aussi le conseil d’administration. Cette société « possède et gère 3 360 hectares sur l’Île de la Réunion répartis sur Sainte-Marie, Saint-Paul, Saint-Leu et Saint-Pierre », soit un peu plus d’1% de tout le territoire réunionnais ! C’est un peu comme si une personne en métropole possédait à elle seule… tout le département du Calvados ! Côté en bourse, la société construit et gère à la fois de l’immobilier résidentiel et professionnel. Et ça marche fort: CBO Territoria affiche 24,2 millions d’euros de chiffres d’affaires pour 2007 avec une hausse de 38% par rapport à l’année précédente! Et ça n’est pas près de s’arrêter: Jacques de Chateauvieux a confié par le passé en avoir « pour cinquante ans de construction devant [lui]! »
(1) Contacté, Jacques de Chateauvieux a refusé d’être interviewé.
(2) Via Jaccar, son holding personnel, Jacques de Chateauvieux a des parts dans Sinopacific, un chantier naval chinois colossal qui comptait, en 2008, 22 000 salariés. Par ailleurs, Bourbon est également en affaire avec la Marine nationale depuis 1976 par le biais de la société Les Abeilles. Elle possède notamment cinq remorqueurs (dont le célèbre Abeille Flandre ) servant au sauvetage en haute mer.
Il n’y a pas qu'aux Antilles qu’il y a des békés. La Réunion en compte aussi. Mais là-bas ils sont baptisés les «gros blancs». Le plus emblématique d’entre eux n’est autre que le successeur de Claude Bébéar chez Axa.
Après la Guadeloupe et la Martinique, c’est au tour de la Réunion de s’embraser. Mais il est un homme originaire de l’île qui se fait étrangement silencieux sur le sujet (1). Son nom ? Jacques de Chateauvieux. Peu connu en métropole (il est pourtant le successeur de Claude Bébéar à la présidence du conseil de surveillance d’Axa), il peut être considéré comme «le béké de la Réunion». Mais dans l’Océan Indien, on préfère utiliser un vocabulaire un tantinet plus imagé qu’aux Antilles, un vocabulaire que même un «métro» est capable de comprendre : on ne parle pas de « békés » mais de «gros blancs» ! Et Jacques de Chateauvieux est le plus emblématique représentant de cette caste. C’est même un très gros poisson. D’après le magazine Challenges, en 2008, grâce à un pactole de 567 millions d’euros, ce membre supposé de l’Opus Dei pointait avec sa famille au 67e rang des fortunes de France et à la toute première place pour l’outre-mer. Une réussite qu’il ne doit pas à son seul mérite…
L’homme est né avec une cuillère en or dans la bouche. Une cuillère à sucre pour être plus précis car son père est le cofondateur des Sucreries de Bourbon. Une société dont il « hérite » en 1979 alors qu’il n’a que 28 ans. Mais son jeune âge ne l’empêche pas de prendre les décisions qui fâchent. Bien au contraire : quand le marché du sucre de canne commence à battre de l’aile, ce diplômé de l’Institut supérieur de gestion et de Columbia, ne fait pas dans le détail : les machines sont stoppées, les employés — qui pour certains travaillent depuis plusieurs générations pour sa famille — sont remerciés. « Il fallait fermer des usines, explique-t-il, Le sucre à la Réunion, c’est comme la sidérurgie dans l’Est de la France ! »
Comme si une personne possédait à elle seule un département !
Une fois fait le grand ménage, l’homme décide de diversifier ses activités sur place : il prend des parts dans des hôtels, ouvre des supermarchés, des fabriques de jus de fruits et de yaourts, et se lance même dans le transport maritime de passagers. Mais il finit par tout vendre et avec l’entreprise originelle, Bourbon, se spécialise dans les services maritimes offshore pétroliers.
Bourbon, c’est le joyau de l’empire de Chateauvieux (2): 5 000 employés présents dans 28 pays, une flotte de 266 navires et 931,3 millions de chiffres d’affaires pour 2008! Mais ce n’est pas cette société qui fait de ce père de six enfants (« tous élevés dans une certaine austérité » d’après Les Echos), le «gros (requin) blanc» de la Réunion. Pour avoir conscience de sa mainmise sur ce département d’outre-mer, il faut se pencher sur ses autres entreprises. Par le biais de son holding personnel, Jaccar, il est par exemple à la tête de la Sapmer, le plus vieil armateur de pêche de la Réunion. Il y a également CBO Territoria dont il préside aussi le conseil d’administration. Cette société « possède et gère 3 360 hectares sur l’Île de la Réunion répartis sur Sainte-Marie, Saint-Paul, Saint-Leu et Saint-Pierre », soit un peu plus d’1% de tout le territoire réunionnais ! C’est un peu comme si une personne en métropole possédait à elle seule… tout le département du Calvados ! Côté en bourse, la société construit et gère à la fois de l’immobilier résidentiel et professionnel. Et ça marche fort: CBO Territoria affiche 24,2 millions d’euros de chiffres d’affaires pour 2007 avec une hausse de 38% par rapport à l’année précédente! Et ça n’est pas près de s’arrêter: Jacques de Chateauvieux a confié par le passé en avoir « pour cinquante ans de construction devant [lui]! »
(1) Contacté, Jacques de Chateauvieux a refusé d’être interviewé.
(2) Via Jaccar, son holding personnel, Jacques de Chateauvieux a des parts dans Sinopacific, un chantier naval chinois colossal qui comptait, en 2008, 22 000 salariés. Par ailleurs, Bourbon est également en affaire avec la Marine nationale depuis 1976 par le biais de la société Les Abeilles. Elle possède notamment cinq remorqueurs (dont le célèbre Abeille Flandre ) servant au sauvetage en haute mer.