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Davy Sicard : 20 ans de scène

Un anniversaire, ça se fête. C’est ce que s’est dit Davy Sicard quand il a décidé de fêter ses 20 ans de carrière : »20 ans lé pa rien mais c’est pas le bout du monde non plus. On marque le coup, simplement !« . La fête prendra la forme d’un concert autour de son album Mon […]

Ecrit par zinfos974 – le samedi 17 novembre 2012 à 09H05

Un anniversaire, ça se fête. C’est ce que s’est dit Davy Sicard quand il a décidé de fêter ses 20 ans de carrière : »20 ans lé pa rien mais c’est pas le bout du monde non plus. On marque le coup, simplement !« . La fête prendra la forme d’un concert autour de son album Mon Péi, le 24 novembre prochain au TEAT Plein Air, et réunira une vingtaine d’invités qui ont accompagné l’artiste pendant cette double décennie. Et clou du spectacle, les College Brothers se réuniront pour la première fois depuis plus de 15 ans.

Car l’aventure artistique de Davy Sicard a commencé sur les bancs du lycée Leconte de Lisle, à Saint-Denis. « A l’époque, mi chantais en secret« , confie Davy Sicard. Le goût de la musique, c’est son père qui lui a donné. Ce Malgache berce son fils de musique soul, funk et apprend à Davy ses premiers accords de guitare. « Son amour de la musique il a su le transmettre a mwin ça aussi. A force de regarde a li joué ou bien entendre des musique à la radio, mi posais les mains dessus un clavier et jouais un morceau à l’oreille », se rappelle Davy Sicard. Adolescent pourtant, sa vraie passion, c’est le football, pas la musique. Il fait partie de la Sélection Réunion en Junior et espère percer dans ce sport. La musique a finalement pris le pas mais « elle a mis le temps« , dit-il.

« Il avait une voix de tête très haut placée »
 
Le jeune Davy, alors en terminale, fréquente un club de poésie avec un certain Stéphane Allouche. Ce dernier le présente à Philippe Zora, un jeune chanteur a capela. « La première fois que je l’ai entendu chanter », j’étais surpris. A l’époque, il avait une voix de tête très haut placée« , témoigne ce dernier. Les trois compères commencent à chanter ensemble pour le plaisir, bientôt rejoints par un autre acolyte, Didier Ker Grain. Le 5 juin 1992, ils présentent quatre morceaux a capela au spectacle de fin d’année du lycée. Le proviseur est conquis et fait venir un journaliste. Un article paraît dans la presse et une semaine après, un agent les contacte.

C’est le début de cinq années intenses, pleines de voyages pour Davy et ses copains, qui se retrouvent d’un coup sur des affiches 4/3 dans toute l’île. Tournées à la Réunion, en Europe, au Kazaksthan, aux Antilles… Ils en voient du pays, la bande des quatre. Avec leurs chapeaux, ils font même la première partie de James Brown, avec qui ils chanteront un duo inoubliable…

 

Tout va très vite, trop vite peut-être pour des jeunes de 20 ans à peine. Ils reçoivent  une proposition d’une maison de disque métropolitaine. « Une occasion comme ça ne se présente pas deux fois. Mais pourtant, on est restés ici« , explique Stéphane Allouche, avec une pointe de regret dans la voix.

A partir de là, les College s’effritent et les tensions s’accumulent. Stephane Allouche parle de « quatre égos surdimensionnés« , Philippe Zora, plus mesuré, évoque « des soucis sans gravité ». Quoi qu’il en soit, en septembre 1997, l’aventure se termine. « On était jeunes, on a peut-être fait quelques erreurs« , commente sobrement Davy. Eux qui flirtent ou ont franchi la barre de la quarantaine sont heureux de rejouer ensemble « ça va être un test !« , souligne Stéphane Allouche. Et Philippe Zora ajoute : « C’est pas impossible qu’on fasse quelque chose après« …

Fouiller la créolité

Après l’aventure des College, Davy travaille sa musique, fonde un groupe de soul/funk qu’il nomme System Sy, mais ce dernier n’aura pas le succès escompté. En parallèle, il grandit, se met en ménage avec sa future épouse, travaille à la mairie de Saint-Denis, job qu’il quittera en 2007. 

Le 4 mai 2001, au cours d’un concert au Nuits de la Ravine, Davy Sicard devient Davy Sicard. Il adopte son patronyme comme nom de scène. Quelques mois avant, il a décidé de partir tenter sa chance à Paris, avant de revenir sur son île deux mois plus tard, pour « fouiller la créolité« , convaincu que c’est le chemin qu’il doit prendre. Il écoute les textes de Danyel Waro, d’Alain Peters et ceux de nombreux ségatiers…

 

Ce travail de maturation, cette évolution, se matérialise par la sortie de son premier album « Ker Volkan », autoproduit et vendu à 1.000 exemplaires. Davy Sicard chante en créole, mélange basse, guitare, batterie et intègre le rouler et le kayamb en fond sonore.

Sans le savoir, Davy Sicard crée un nouveau style, propre à lui, qu’il a plus tard magnifiquement nommé : le maloya kabosé. « Davy ne fait pas du maloya traditionnel mais fait du maloya, commente Philippe Zora. Il a réussi à enrichir le style, sans le dénaturer, pour l’embellir« .

Fin 2004, pourtant, Davy Sicard veut arrêter la musique. « Mi sacrifiais beaucoup de temps au profit de la musique. Mi faisais beaucoup de répétitions, très peu de concerts« , explique-t-il. Un jour il se dit : « Mi arrête ». Pas de bol pour Davy, la musique le rattrape encore et la chance lui sourit : Il signe chez Warner et sort l’album du succès, « Ker Maron ». Il se fait un nom aussi bien à la Réunion qu’en métropole. « Mi pense que la chanson Maloya Kabosé lé quand même pour quelque chose pour là dedans« , précise-t-il.

 

Encore aujourd’hui, cette chanson le poursuit : on la lui demande à chaque concert, les gens la connaissent par coeur. « Il n’y a pas de recette pour fabriquer un morceau comme ça, qui rentre dans le coeur des gens », explique-t-il. Et avec les albums suivants, Kabar et Mon Péi, Davy Sicard a poursuivi son chemin en franchissant le pas de l’artiste engagé.

D’après ses mots, son dernier album, Mon Péi, a un ton « assez révolutionnaire ». Il propose un morceau qui a la forme d’un hymne, parle d’une Marianne Française et d’une Marianne Réunionnaise, rêve que le drapeau réunionnais soit hissé devant les mairies et que le créole soit enseigner de manière obligatoire pendant toute la scolarité. Sans toutefois vouloir réellement se politiser : « Mi coné que c’est pas mon terrain« .

Le maloya sur d’autres rives

Pascal Mont-Rouge, directeur du TEAT Plein Air, qui accueille les 20 ans de Davy, estime que « Davy est le digne héritier de Ziskakan. Il est attaché à l’identité créole mais il la porte au-delà de la musique. Il la transcende en emmenant le maloya sur d’autres rives. Ce qui motive sa démarche artistique, c’est son humilité, sa générosité et son envie de faire reconnaître la sensibilité de cette île« .

Générosité, simplicité… Ce sont des mots qui reviennent souvent quand on demande à ses amis de parler de Davy Sicard. Bosseur, perfectionniste également. Il déteste le manque de respect et ne supporte par exemple pas que l’on jette un mégot de cigarette par terre. C’est un homme qui n’hésite pas à faire des paris fous, comme celui de faire des concerts dans le noir pour sensibiliser le public sur la cécité.

Le 24 novembre prochain, Davy Sicard soufflera donc ses 20 printemps : »Mwin lé content d’avoir eu ce parcours là. Mwin la vécu des choses exceptionnelles et mi espère qu’il y aura encore un peu de chemin à faire !« 

 

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