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Danyel Waro, porte drapeau de la culture créole au Palaxa

Dans le cadre de l’événement « Place à… » du Palaxa, qui accueille un artiste pour des échanges avec le public, Daniel Waro anime depuis mardi et jusqu’à ce soir des rencontres entre des jeunes et des artistes. Notamment autour de trois ateliers « Ou Kilé nout kozé ? » mis en place pour un échange convivial autour de la […]

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 05 juin 2014 à 14H39

Dans le cadre de l’événement « Place à… » du Palaxa, qui accueille un artiste pour des échanges avec le public, Daniel Waro anime depuis mardi et jusqu’à ce soir des rencontres entre des jeunes et des artistes. Notamment autour de trois ateliers « Ou Kilé nout kozé ? » mis en place pour un échange convivial autour de la musique, la langue créole et son écriture. Danyel Waro a rencontré des jeunes de l’école de musique de Loulou Pitou de La Source, et a pu partager son expérience de la scène avec des musiciens.

Depuis la réouverture de la salle de spectacle du Palaxa, c’est la première fois que Danyel Waro s’y produit. L’équipe se dit « heureuse d’accueillir un grand monsieur comme Danyel, afin d’apprendre tous à mieux le connaître ». L’artiste réunionnais dit qu’il « aurait pu profiter de la salle et de l’équipement pour faire une mise en scène » mais qu’il n’était pas là pour faire « un zafér de vedette et d’arzent ». C’est dans un esprit de simplicité, « sans fantaisies » qu’il a eu « kart blans », pour animer ces ateliers pour lesquels il n’a « besoin que de l’essentiel ».

Pour lui, ce n’est pas uniquement la chanson qui est importante, mais aussi « le kozmen sérié » sur ce qui l’inspire, l’habite. « J’aime donner les clés pour comprendre mes textes, leurs thèmes, leur sens profond ». Il se nourrit de ce qui l’entoure depuis petit et le transmet en chanson, par « besoin de raconter » et lorsqu’il a « gayne le choc », mais surtout, il raconte la richesse de son environnement et la chance qu’il a pu avoir dans sa vie.

Fier de sa langue

La langue créole est une bannière qu’il veut défendre et encourage les Réunionnais à la porter avec fierté. Il se demande « comment peut-on ne pas considérer sa langue ? Pourquoi faudrait-il que l’on se déguise, alors que c’est quelque chose d’ancré depuis bien longtemps ? ». Il remarque que pour certains, la réussite passe par « l’oubli » alors que « ce n’est pas vrai ». « Tu fais toujours des choses pour une réussite sociale, financière, pour un avenir, alors qu’il n’y a aucun rendement à chercher », déplore-t-il.

Selon lui, il faut respecter le créole, et l’individu qui le parle. « Quand un marmaille va à l’école, il se rend compte que la langue de son papa et son momon ne fait pas partie de celle-ci ». L’enfant ferait alors une amalgame violente, car, « c’est un autre que ses parents qui lui apprend à bien parler, pour être poli et se faire entendre ». Cette « violence » , n’est pas « logique » pour le chanteur, mais il ne revendique rien pour autant. Ce n’est pas un discours « anti-zorey ou révolutionnaire » mais il rappelle avoir « le doit de coz a li, de chante a li » et veut juste comprendre d’où vient ce rejet. « Mi tié mon momon si mi coz pas créole », explique-t-il.

De plus, il se demande, lorsque ce même marmaille aura 15 ans « comment peut-il comprendre la notion de respect si on ne l’a pas respecté lui-même, son origine, sa culture, avant ? »

« Trois mounes valent plus que 10.000 »

Il revient sur l’expérience du Sakifo, différente des concerts qu’il peut habituellement donner, en évoquant un public peut être arrivé là « par accident ». Bien sûr le Sakifo « té gayar », mais il assure que « trois mounes valent plus que 10.000« . « Les 10.000, c’est la mode, les trois, eux, ils partagent, mesurent vraiment le sentiment qu’il y a derrière », explique-t-il.

À travers sa musique, Danyel Waro est « content de faire le docteur pour les gens », et se soigne « lui-même en premier », car il a « besoin de ça pour guérir ». Conscient de ne pas connaître tous les maux du monde, il assure cependant savoir « la maladie que l’on a tous ». « Rale a mwin chante sir mon zafér, i sorte loin et surtout i dure lontan », admet-il, en rejetant l’idée de société de consommation.

Parfois, son succès devient menaçant, et il décrit une machine qui « roule trop vite ». Sous peine d’en « décevoir certains » en refusant des scènes, et en allant « doucement » afin de « reprendre la valeur des choses » il s’assure de « ne pas se faire broyer par elle ».  

Aider les gens en musique est un « grand luxe »

D’après lui, il est nécessaire de « se donner la main et être l’auteur de son chemin » en se posant les bonnes questions « a coz nou lé malheureux ? Même si on rit, même si on sourit »; « kwé sé le bonheur ? Kwé i vé dire le respect, la liberté, l’amour ? Fo arrête di c’est l’autre qui choisit pou mwin, c’est à moi de me demayer ». Il veux « partager les clés pour trouver le chemin » avec son public et rappelle qu’il « ne faut pas prendre l’argent pour comptant ».

En artiste reconnu de l’île, Danyel Waro « espère assez aimer les gens pour qu’ils l’aiment aussi » et déclare que « c’est un grand luxe de pouvoir faire bouger et d’aider des personnes en chanson ».

L’équipe du Palaxa semble satisfaite de ces rendez-vous culturels puisqu’il y a eu une « bonne participation du public ». L’événement se terminera ce jour, par un concert de Danyel Waro ainsi qu’un « kabar à terre » du groupe familiale de maloya, Donne La Main.  

 

Danyel Waro, porte drapeau de la culture créole au Palaxa

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