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Dans son livre « Une plume libre », Jacques Tillier réécrit l’histoire de la Réunion

Le titre résume parfaitement le livre : « Une plume libre. De Mesrine à Sarkozy, souvenirs d’un journaliste pas comme les autres« . En 420 pages, Jacques Tillier, dans le style qu’on lui connait, dresse un bilan de sa vie, histoire dit-il, de « prendre les devants et, bien avant l’heure, m’enterrer moi même, m’occuper des fleurs, des […]

Ecrit par zinfos974 – le mardi 26 février 2013 à 16H51

Le titre résume parfaitement le livre : « Une plume libre. De Mesrine à Sarkozy, souvenirs d’un journaliste pas comme les autres« .

En 420 pages, Jacques Tillier, dans le style qu’on lui connait, dresse un bilan de sa vie, histoire dit-il, de « prendre les devants et, bien avant l’heure, m’enterrer moi même, m’occuper des fleurs, des couronnes et de l’oraison funèbre » et ainsi éviter qu’un « plumitif de permanence de l’AFP ou d’ailleurs balancera en trois lignes mon avis de décès qui se résumera à ce titre d' »ancien », de « facho » et, cerise sur le cercueil, de « laissé pour mort par Jacques Mesrine« .

L’ancien patron du JIR a décidé de tout raconter, à sa façon. Pour notre part, une fois découvert qu’il avait été successivement « ancien mousse à 16 ans, taulard aux petites Baumettes à Marseille, ramasseur de pommes dans les vergers tourangeaux, braconnier, pion, flic à la DST, journaliste à Minute, grand reporter au Journal du dimanche, conseiller de chefs d’Etat africains, rédacteur en chef, directeur général au Journal de l’Ile de la Réunion, éditorialiste, PDG du pôle Champagne-Ardenne-Picardie » et depuis peu retraité, nous avouons avoir lu rapidement les 166 premières pages pour nous rendre directement aux bonnes feuilles concernant son séjour à la Réunion.

Je ne résiste cependant pas au plaisir de vous livrer une des multiples anecdotes inédites et croustillantes sur lesquelles Jacques Tillier rebondit pour raconter son histoire, avant d’en venir à son séjour à la Réunion. La scène se passe en octobre 1985, en pleine campagne électorale des législatives, à la veille du débat Chirac – Fabius sur TF1. Convoqué en urgence par le président de la République du Cameroun, il débarque dans son bureau à Yaoundé où l’attendent outre le président, Damas Oumba, l’éminence grise multimillionnaire de Paul Biya accompagné d’un « petit bonhomme pieds nus en boubou d’un gris douteux, qui s’épluche avec minutie la corne des panards calé dans le fond d’une banquette rococo« . « Le petit bonhomme pieds nus » n’est autre que le sorcier du président, à qui ce dernier a demandé d’intervenir en faveur de Jacques Chirac au cours du débat télévisé en faisant perdre ses moyens à Laurent Fabius pour qu’à un moment, il perde ses moyens en ne voyant plus son adversaire. Seul problème : pour que ça marche, encore faut-il que Jacques Chirac se lave, la veille du débat, avec une sorte de boue jaunâtre contenue dans une bouteille. Et cerise sur le gâteau, c’est le sorcier qui doit le laver personnellement… Jacques Tillier a rendu compte de la demande… folklorique à Robert Pandraud. Jacques Tillier conclut: « Sans doute Chirac est-il reparti le soir même avec la bouteille parce que Pandraud a, le lendemain du débat, remercié Damas Oumba, que Biya a appelé Chirac, et que le soir du débat, Fabius, comme l’avait prédit notre petit bonhomme, s’est emporté, ce qui a fait que Chirac a gagné le match… »

Une fois avalées d’une seule traite la partie nationale et internationale retraçant la première partie de la vie de Jacques Tillier, nous en arrivons enfin à la partie réunionnaise par une révélation, une de plus : c’est grâce à un franc-maçon, baron de l’empire Hersant que Jacques Tillier qui vient d’être reçu parmi les « compères la gratouille » de la GLNF (Grande Loge Nationale Française) débarque dans l’île.

Sur le même rythme haletant, sans nous laisser reprendre notre souffle, Jacques Tillier nous entraine dans son sillage. Nous faisons d’abord la connaissance de Philippe Baloukjy, l’ancien patron du JIR avant qu’il ne se fasse racheter par Hersant, venu accueillir le nouveau rédacteur en chef à Gillot, avec au bras « une Rolex énorme et une gourmette épaisse en or », que Jacques Tillier prend d’abord pour un vulgaire chauffeur… Philippe Baloukjy appréciera sans doute.

Nous allons ensuite revivre l’histoire de la Réunion de cette époque, au travers de la vie du JIR. Au passage, Jacques Tillier décrit son concurrent de l’époque, Jean-Louis Rabou. « Il ressemble à tous les premiers de la classe. Rabou est prétentieux, sûr de lui, dominateur, donneur de leçon, pas toujours franc du collier ». Rabou aussi appréciera…

S’ensuivra une véritable galerie de portraits, depuis Paul Vergès et l’assassinat d’Alexis de Villeneuve, à Margie Sudre que Jacques Tillier s’évertue à appeler Marguerite « parce que c’est son nom et pour l’emmerder« … Impossible également d’échapper à l’histoire de Jacques Schiano, l’ancien procureur de la République soupçonné de corruption et de trafic d’influence, qui a réussi à passer entre les mailles de la Justice, « pas franchement honteux et financièrement à l’abri« …

Enfin, les lecteurs du JIR et du Quotidien seront très étonnés d’apprendre qu’en 2005, les deux journaux ont failli fusionner. Philippe Hersant d’un côté, et Alain Bailly et Maximin Chane Ki Chune de l’autre, étaient d’accord et il ne restait plus qu’à signer. Sauf que, patatras, le directeur financier du groupe Hersant s’est fait fort de négocier tout seul de son côté avec Alain Bailly. Les choses se sont mal passé. Et Alain Bailly, avec l’humour vache qu’on lui connaissait (il est récemment décédé) demande : « Monsieur Bolelli, savez-vous pourquoi il n’y a pas de mouche ici? -Non« , répond étonné Bolelli à Bailly. « Parce que nous les avons toutes enculées… » Et c’est sur ces mots que la discussion a pris fin. Depuis, les représentants des deux journaux se revoient régulièrement, y compris au cours des derniers mois. L’objectif est de garder les deux rédactions, avec les deux journaux, et de mettre en commun les rotatives et le service de livraison. Dans une version plus « hard », il a même été envisagé de fermer carrément un des deux journaux et il se murmure que si l’un devait être sacrifié, ce pourrait être le JIR.

De quoi sans doute donner des regrets supplémentaires à Jacques Tillier d’avoir un jour quitté la Réunion pour s’envoler vers des contrées beaucoup plus froides…

« Une plume libre » est d’ores et déjà en vente dans les meilleures librairies. Jacques Tillier sera à la Réunion du 4 au 11 mars pour entre autres dédicacer son livre le 9 mars, de 15h à 17h30 à la librairie Gérard, à Saint-Denis. Durant son séjour, il écrira tous les jours une chronique sur Zinfos.

 

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