S’ils sont ravis de savoir que les touristes sont toujours au rendez-vous, les agriculteurs regrettent de voir leur clientèle locale se raréfier. Pour eux, cette désertion n’a qu’une seule cause : le manque de places de stationnement.
« Avant le covid, il n’y avait qu’une seule manifestation au niveau du marché : le Sakifo. On savait que pendant un mois par an, ça nous gênerait, mais on faisait avec. Ils ont installé un grand parking, soi-disant pour le marché, mais dès qu’il y a un truc à faire, la mairie le fait ici. Tout le long de l’année, ça tourne » regrette Claude*, un agriculteur régulier du marché.
En conséquence, forains et clients doivent se garer plus loin et s’exposer à d’éventuelles amendes. Pour Claude, si cela n’effraie pas « les touristes qui ont le temps, on perd beaucoup de clientèle locale. Surtout ceux qui vendent les légumes ». De plus, le fait de ne pas pouvoir avoir son camion à proximité rend le montage et le démontage des stands difficiles.
Mais la peur de voir les clients aller s’approvisionner ailleurs n’est pas le seul motif d’inquiétude des bazardiers. C’est aussi le cas de la mensualisation pour les réservations de places sur le marché par la SPL Opus, qui gère le marché et les stationnements à Saint-Pierre, ce qui les oblige à payer l’espace même lorsqu’ils n’ont pas prévu de venir. Les forains assurent que la SPL Opus envisage en outre d’obliger les forains à rester sur place entre 5h et midi, même si tout est vendu. Une information que dément formellement le prestataire.
Les agriculteurs regrettent également les difficultés pour faire remonter les informations avec le prestataire. « Avant, quand c’était la commune, on faisait remonter l’information rapidement. Quand il y avait des réunions, c’était communal, on avait le point. Là, ils ont relégué le tout à un prestataire qui ne s’intéresse pas à nous, mais à l’argent qu’on rapporte », affirme un maraîcher.
« Avant, on payait moins et on bossait. Aujourd’hui, on paye plus parce que les règles ont changé et on n’a plus le même chiffre d’affaires. Cela a de plus en plus d’impact sur notre moral », poursuit Claude qui promet malgré tout de garder sa joie pour les clients, car « c’est ce qui fait le marché de Saint-Pierre. »
*Prénom d’emprunt