Frédéric Dietrich a 35 ans, il a grandi à la Réunion, avant de partir étudier en métropole . L'homme est un scientifique, surfeur, et passionné de requins depuis l'âge de 7 ans. Ainsi, il est à lui seul une synthèse des parties prenantes de la crise requin réunionnaise, et est revenu sur son île pour étudier l'épineuse question, et "apporter sa pierre à l'édifice" d'une sortie de crise. Ainsi, dans le cadre de son master, a-t-il collaboré au Centre de Ressource et d'Appui sur le risque requin (CRA) durant un an, et publie-t-il le fruit de son travail.
Du fait de sa double compétence de juriste et d'océanographe physicien, son mémoire lie le droit et la science, avec pour objectif "un état de l'art complet et l'évaluation de solutions en vue d'une sortie de crise". Son but est clair : la sortie de crise, et la restitution de l'accès à la mer à l'ensemble de la population réunionnaise
L'hypothèse du réchauffement climatique comme un des facteurs de la recrudescence mondiale des attaques de squales - les requins tigres et bouledogues étant des animaux à sang froid, leur métabolisme est accéléré par la chaleur - vient en écho aux récents propos tenus par la ministre des Outre-mer lors de sa visite sur l'île, diversement appréciés.
L'application juridique du lien qu'établit Frédéric Dietrich entre attaques et réchauffement climatique, sérieusement documenté, serait la possibilité de créer une Installation Classée Pour l'Environnement (ICPE), une barrière physique contre les requins, financée par l'Union Européenne dans le cadre de l'adaptation aux changements climatiques. L'auteur estime à 1% de ce fonds de l'UE le budget nécessaire à la protection des côtes, par des moyens innovants et efficaces (soient 200 millions d'euros sur 216 milliards d'euros potentiels).
Il s'agirait de sécuriser les zones de baignade (Boucan, roches Noires, St-Pierre, Étang-Salé...), par des barrières électromagnétiques dont l'efficacité a été prouvée aux Bahamas, mais aussi la mise en place de sonars basse fréquence pour détecter les squales, en sus du prélèvement des bouledogues dangereux et de leurs juvéniles. Selon Frédéric Dietrich, il parait nécessaire que la réserve marine, dont il ne remet pas en question l'utilité, restitue les zonex, afin de donner priorité à la sécurité des êtres humains.
Ci-dessous, le résumé du mémoire, par Frédéric Dietrich.
Du fait de sa double compétence de juriste et d'océanographe physicien, son mémoire lie le droit et la science, avec pour objectif "un état de l'art complet et l'évaluation de solutions en vue d'une sortie de crise". Son but est clair : la sortie de crise, et la restitution de l'accès à la mer à l'ensemble de la population réunionnaise
L'hypothèse du réchauffement climatique comme un des facteurs de la recrudescence mondiale des attaques de squales - les requins tigres et bouledogues étant des animaux à sang froid, leur métabolisme est accéléré par la chaleur - vient en écho aux récents propos tenus par la ministre des Outre-mer lors de sa visite sur l'île, diversement appréciés.
L'application juridique du lien qu'établit Frédéric Dietrich entre attaques et réchauffement climatique, sérieusement documenté, serait la possibilité de créer une Installation Classée Pour l'Environnement (ICPE), une barrière physique contre les requins, financée par l'Union Européenne dans le cadre de l'adaptation aux changements climatiques. L'auteur estime à 1% de ce fonds de l'UE le budget nécessaire à la protection des côtes, par des moyens innovants et efficaces (soient 200 millions d'euros sur 216 milliards d'euros potentiels).
Il s'agirait de sécuriser les zones de baignade (Boucan, roches Noires, St-Pierre, Étang-Salé...), par des barrières électromagnétiques dont l'efficacité a été prouvée aux Bahamas, mais aussi la mise en place de sonars basse fréquence pour détecter les squales, en sus du prélèvement des bouledogues dangereux et de leurs juvéniles. Selon Frédéric Dietrich, il parait nécessaire que la réserve marine, dont il ne remet pas en question l'utilité, restitue les zonex, afin de donner priorité à la sécurité des êtres humains.
Ci-dessous, le résumé du mémoire, par Frédéric Dietrich.

Graphique illustrant les tendances entre attaques de requins au niveau mondial et les variations températures (océaniques et atmosphériques). Pour pouvoir être comparées, les signaux ont été affectés d’une constante qui n’influe pas sur les tendances.
Les dents de l’amer.Depuis 4 ans, il est interdit - par arrêté préfectoral - de se baigner en « océan ouvert » sur une île tropicale de l’océan indien, La Réunion. Cela n’empêche pas surfeurs et baigneurs de braver l’interdiction portant le nombre d’attaques depuis 2011 à 25, avec 2 attaques fatales pour cette seule année 2017, dont 96% des attaques sont imputables au requin bouledogue.
1- Le Droit de l’Environnement : un droit en réaction adapté à une sortie de crise ?Penchées sur le berceau de l’Environnement, les fées catastrophes, pénuries et crises ont façonné au fil du temps le droit de l’Environnement. Celui-ci se caractérise dans sa forme et sa construction comme un "droit contre", en réaction aux évènements. Face à lui, la crise requin de La Réunion représente un cas de figure inédit d’une atteinte de l’Environnement (ou de la Nature) sur l’Homme, alors que les jurisprudences ayant concouru au façonnement de ce Code s’inscrivent – la plupart du temps – dans une atteinte de l’Homme sur l’Environnement. Entre fascination, protection et abattage, l’Homme réagit de manière ambivalente face à ces animaux capables d’exercer une potentielle prédation sur sa personne ou sur ses intérêts. Observée autour des 3 paradigmes du Développement Durable que sont l’économie, l’écologie et le social, cette crise se révèle être un conflit d’intérêts où réside des déséquilibres et dissensions majeurs entre lesdits paradigmes.
Placée au sommet de la hiérarchie des normes, la Charte de l’environnement à valeur constitutionnelle introduit la notion de développement durable - qui doit répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures - et se veut d'être promue par les politiques publiques. Par ailleurs, pour contrecarrer cette caractéristique de construction en réaction du droit de l’Environnement, les principes de précaution et de prévention font leurs apparitions dans les principes généraux et tiennent une place prépondérante dans l’analyse juridique de la crise requin.2- Glissement du principe de précaution vers le principe de prévention
Du principe de précaution - risque connu mais incertain dans sa réalisation, ou méconnu sur son caractère à risque en l’état actuel des connaissances - vers le principe de prévention des risques - certains, connus, mais d’ampleur encore ignorée, La Réunion est un cas d’école du glissement de ces deux notions fondamentales chères au Droit de l’Environnement. À l’image de l’état d’urgence - levé prochainement suite à l’adoption d’une nouvelle loi malgré le risque terroriste - le principe de précaution relève de modalités d’interdictions provisoires quand celles de son homologue - la prévention - sont pérennes. En ce sens, la sémantique des arrêtés préfectoraux d’interdiction de baignade - entre 2013 et 2017 - a évolué par le retrait du mot « temporaire ». L’interdiction de baignade peut donc être maintenant appréhendée comme une interdiction définitive en l’état.
Comme il est spécifié plus haut, le droit de l’Environnement est un droit en réaction. La mise en place d’une politique de gestion de crise requin est la conséquence directe de la décision du Conseil d’État. Il y a donc fort à parier que la mise en place d’une politique de sortie de crise se fasse encore une fois en réaction. Certaines personnalités locales comme Yann De Prince promettent déjà des actions juridiques affirmant posséder des preuves accablantes d’échec sur la prévention des risques. Les récentes actions du président de Océan Prévention Réunion (OPR) visant à la désobéissance civile par des actions de baignade et d’activités nautiques en groupe devraient faire écho lors d’une saisine imminente. Par ailleurs, le désengagement des 2 principales associations dites « prosurf » OPR et Prévention Requin Réunion (PRR) vis-à-vis du CRA fragilise la crédibilité de la politique de gestion du risque initiée par l’État du fait de la perte de parties prenantes majeures. Les parties prenantes symbolisant la perte de l’objet social relative à l’accès à l’océan ne peuvent être ignorées dans un contexte de politique de concertation et de gestion du risque.3- La Réunion n’est pas isolée dans le phénomène de recrudescence des attaques, seul son taux de fatalité est dramatiquement atypique
La Réunion est-elle la seule à connaître une telle recrudescence et récurrence d’attaques ?
Il s’avère que d’autres zones dans le monde ont un signal des attaques similaires à celui de La Réunion, avec un pic depuis 2011. C’est le cas en Australie Occidentale mais aussi dans un autre bassin océanique sur une île dont le milieu, l’écosystème et la géologie ressemblent furieusement à celle de La Réunion : Hawaii.
Points communs de ces 3 signaux, des tendances sur les variations des signaux qui se correspondent entre-elles, tels que minima et maxima des signaux en quasi phase. Le phénomène est pour l’heure inexpliqué, alors qu’une ségrégation par minima correspond grandement aux cycles 21 à 24 de Schwabe d’une période moyenne de 10 ans. A chacune de ces nouvelles périodes, le taux d’accroissement - correspondant aux nombres d’attaques par année – est multiplié par 2.
Les variations de l’irradiance solaire - dues aux fluctuations de l’activité solaire et matérialisées par les cycles de Schwabe - influent sur l’albédo des surfaces océaniques et continentales.
L’énergie est ensuite restituée sous forme de chaleur majoritairement par les océans qui régulent le climat mondial par la circulation thermohaline. La Réunion est située en pleine zone des courants chauds de la circulation thermohaline tout comme l’Australie occidentale et Hawaii…
Mise à part quelques exceptions, les requins sont majoritairement ectothermes. Ce qui veut dire qu’ils ne produisent pas ou peu de chaleur, les requins tigres et bouledogues entrent dans ces caractéristiques. Un facteur qui conduirait à les rendre très sensibles aux variations de températures (donc au changement climatique) du fait de l’impact direct sur leur métabolisme.
Le seul paramètre qui diffère grandement étant le taux de fatalité extrêmement grand dans cette île de l’océan indien. La zone de Recife au Brésil connaît un taux de fatalité similaire à celui de La Réunion, bien que les attaques y soient moins fréquentes et attribuables au requin bouledogue espèce philopatrique plutôt sédentaire en proportion. Les expérimentations scientifiques basées sur le prélèvement - dans d’autres zones du monde où les requins sont étudiés depuis au moins 30 ans comme la Floride - ont montré que la pêche d’espèces philopatriques porte atteinte à la population. Ce qui permettrait de baisser mécaniquement le risque en considérant acceptable, d’un point de vue éthique, qu’une baisse de la population implique une baisse du nombre d’attaques, ce qu'il reste encore à démontrer.
Malgré les efforts démesurés des scientifiques locaux, estimer la population des requins bouledogues est difficile. Le paramètre tient au fait de savoir si la population des bouledogues vit en « population fermée ou ouverte », avec un faible ou fort apport en génétiques extérieures. Argument ultime qui légitimerait la pêche sur le plan juridique et administratif.
Le prélèvement devrait donc être envisagé comme une solution complémentaire à d’autres dans le cadre d’une gestion du risque car elle permet d’estimer la population des deux requins potentiellement dangereux par l’effort de pêche et par une étude génétique. Il n’est de plus pas acceptable et cohérent - d’un point de vue éthique mais aussi dans le cadre de la politique de gestion du risque - de maintenir des squales au voisinage directs des stations balnéaires, alors que des tirs sur le loup ont lieu sans qu’il n’y ait de morts humaines.
Cependant, dans le cadre d’une politique de sortie de crise, l’élaboration de quota de squales à prélever chaque année pour permettre la levée de l’arrêté préfectoral paraît hautement hypothétique et hasardeuse. Il suffirait malheureusement de deux attaques en moins d’un an pour que La Réunion retombe dans sa hantise impliquant la remise en place dudit arrêté.4- Attaques de requins et changement climatique
La recrudescence des attaques de requins à La Réunion serait multifactorielle, le défi réside dans le fait d’isoler un de ces facteurs en particulier pour en appréhender la prédominance. Attendu que le paramètre sine qua non à la survenance d’attaques demeure d’abord l’interaction entre l’homme et le requin, les autres paramètres sont difficilement appréhendables. À l’heure où les conséquences du changement climatique commencent tout juste à être appréhendées, d’abord par le gradient de températures entre les Pôles et l’équateur qui baisse impliquant des transitions saisonnières moins marquées. Ceci parallèlement à l’augmentation des températures moyennes des océans conduisant à une restitution d’une plus grande énergie thermodynamique et impliquant une augmentation en puissance voire en récurrence des phénomènes climatiques catastrophiques comme cela est le cas aux Antilles.
Alors, est-il interdit de penser qu’il y aurait un lien entre la recrudescence avérée des attaques de requins au niveau mondial et l’augmentation des températures moyennes?
Aussi vrai que l’augmentation des phénomènes catastrophiques pourrait être associée au changement climatique, l’augmentation des attaques de requins dans le monde en général - et à La Réunion en particulier - ne serait-elle pas une conséquence silencieuse de ce changement climatique ?
5- La recherche d’une solution acceptable pour une majorité des parties prenantes en vue d’une sortie de crise
L’Union Européenne a défini cinq grands objectifs - l'emploi, la recherche et le développement, le climat et l'énergie, l'éducation, ainsi que l'inclusion sociale et la réduction de la pauvreté – pour une croissance intelligente et durable. Elle inclut de fait l’adaptation aux changements climatiques via la Stratégie Europe 2020. Parallèlement à cela, l’article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), permet au Conseil d’arrêter des mesures spécifiques, sur proposition de la Commission et après consultation du Parlement européen, visant « à adapter certaines dispositions du droit et des politiques de l’Union aux caractéristiques et contraintes particulières de ces régions (en particulier les surcoûts) générées notamment par leurs éloignements, leurs insularités, leurs climats, leurs faibles superficies et leurs dépendances économiques vis-à-vis d’un nombre limité de produits ».
Ainsi, en accord avec l’article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), l’UE doit mettre en place des politiques adaptées pour faire face aux enjeux du développement durable au travers de ses 3 paradigmes (écologie, économie et social). Les fonds de cohésion entendent à soutenir – qualitativement et quantitativement – les actions des RUP en matière d’adaptation dans les secteurs à risques, comme le tourisme, la pêche. Au moins 20% du budget total de l’Union pour 2014-2020 peut-être consacré en cas d’adaptation aux changements climatiques dans le cadre de la prévention des risques. Le budget total s’élève 1 082 milliards d’euros.Ainsi, une partie du budget total consenti par l’UE - dans le cas d’adaptation aux changements climatiques - serait une manne de 216 milliards d’euros potentiels, dans le cas où il serait prouvé un lien entre la recrudescence des attaques de requins et le changement climatique.
La Réunion pourrait donc être éligible au budget consenti par l’UE pour l’adaptation aux changements climatiques d’un total de 216 milliards d’euros potentiels.
C’est dans ce cadre légal qu’une ICPE visant à l’instauration d’une barrière physique - pour annuler les possibles interactions entre homme et requin – pourrait voir le jour (avec seulement 1% du budget total) en y associant des dispositifs innovants d’ores et déjà validés scientifiquement.6- Modalité de mise en place
Cette ICPE aura pour objet la mise en place de structures physiques visant à annuler les possibles interactions physiques entre homme et requin. Complétée par des objets de sécurisations géophysiques (sonars de base fréquence et ondes répulsives) et secondaires (drones, ballons à hélium), cette ICPE doit aussi faire consensus en étant impérativement respectueuse de l’environnement. Ce qui ne manquerait pas de développer une économie touristique positive pour l’emploi et pour le retour à une sérénité bien méritée. Il conviendrait alors de solliciter un public informé, averti et éduqué - représentatif de l’ensemble des parties prenantes - qui saura prendre son destin en main en vue d’une sortie de crise.
Il reste cependant un important travail à mener sur l’accès à l’information et sur la prévention des risques - dont la valeur constitutionnelle est spécifiée dans ce mémoire – notamment par le biais d’un site internet lisible et intuitif traduit en au moins 3 langues (anglais, français et créole).
Le principe d’accès aux informations environnementales en lien avec la crise requin est La condition pour l’émergence d’un public éduqué et averti, permettant des prises de décisions - en cas d’enquête publique - en pleine conscience dans un cadre géographique bien défini. De plus, cette éducation environnementale plaide pour l’avènement d’un écotourisme aux faits des spécificités de l’île, en plus d’être conforme à la politique environnementale européenne qui mise sur l’ascension d’une économie circulaire.