Le Préfet de La Réunion a décidé de la mise en place d’un couvre-feu entre le 5 et le 21 mars, sur l’ensemble des vacances scolaires. L’objectif est d’éviter une nouvelle accélération de l’épidémie de Coronavirus alors que les contaminations n’ont jamais été aussi nombreuses et que la pression hospitalière est aussi très forte.
Les Réunionnais doivent tous rentrer chez eux avant 18 heures pendant les deux prochaines semaines sauf ceux qui disposent de motifs impérieux. Une situation provoquée par un niveau d’alerte quasi-maximal concernant l’épidémie de Coronavirus : il ne reste qu’une seule étape après celle-ci, le confinement.
Mais La Réunion se trouvait encore loin de telles mesures restrictives il y a encore un mois et demi. Plusieurs questions se posent alors et Zinfos974 vous apporte les réponses.
Comment la situation sanitaire a-t-elle basculé en un mois sur notre île ?
Dans le vert début janvier
La Réunion n’a semble-t-il rien à craindre au début du mois de janvier. De nombreuses mesures sont encore en vigueur comme l’interdiction de pique-niquer et le port du masque obligatoire en public.
Mais le Coronavirus circule à ce moment-là à bas bruit. Des taux qui n’avaient pas été vus depuis la première vague épidémique du mois d’août. La situation sanitaire est sous contrôle. Entre 200 et 300 personnes sont contaminées chaque semaine. Les dépistages sont encore très nombreux : 10.000 sont réalisés de façon hebdomadaire.
Le taux d’incidence de La Réunion est jalousé au début du mois de janvier : 24 cas pour 100.000 habitants, soit moitié moins que le seuil d’alerte national.
Dans le rouge début février
Mais comme pour les deux précédentes vagues épidémiques. La situation empire au moment de la rentrée des classes. Le nombre de contaminations hebdomadaires double à deux reprises.
On passe de plus de 200 cas par semaine à plus de 600 en un mois. Le taux d’incidence grimpe et bascule dans le rouge début février.
L’augmentation de la circulation de l’épidémie est la même que lors des deux premières vagues (août et novembre).
Les cas importés
Le taux de cas importés augmente drastiquement depuis le début du mois de janvier. Il tourne autour de 20% jusqu’à la veille de la rentrée scolaire alors que le Coronavirus ne circule pas encore de façon très importante.
Les autorités sanitaires ont pointé du doigt un relâchement des gestes barrière au mois de février, pendant les hausses des contaminations. Il s’agit bien sûr d’un des éléments majeurs qui ont permis la propagation du Coronavirus : même si un passager est contaminé, si la distanciation est respectée, le virus ne circule pas.
Mais les voyageurs ont bien ramené dans leurs valises le virus et notamment, le variant sud-africain qui a joué un rôle principal dans la troisième vague de Coronavirus.
Pourquoi les variants ont-ils changé la donne ?
Des variants britanniques et brésiliens apparaissent mais c’est le sud-africain qui fait son lit à La Réunion. Les premiers cas viennent de Mayotte dès la mi-janvier et finissent par devenir majoritaires dans les contaminations locales.
Cette version du Coronavirus est réputée beaucoup plus contagieuse. Et les chiffres le montrent. On passe de 11 cas en un mois (janvier-février) à 500 cas en une semaine (début mars).
C’est à l’apparition du variant sud-africain que les autorités décident d'hausser le ton. On assiste au retour des motifs impérieux entre Mayotte et La Réunion sur la dernière semaine de vacances et entre notre île et la métropole à la fin de la première semaine de la rentrée. La procédure devient aussi plus stricte fin février avec des vérifications par l'Etat avant l'embarquement.
Et le Préfet de La Réunion met en place une nouvelle stratégie de lutte contre le Coronavirus dès le début du mois de février. Son plan abaisse les seuils d’alerte et rend plus rapide un déclenchement des grandes mesures restrictives comme le couvre-feu à 22 heures.
4 communes y sont soumises dès la semaine suivante : Saint-Louis, Saint-Leu, La Possession et Le Port. 3 autres les rejoignent 7 jours plus tard : Sainte-Suzanne, Salazie et l’Entre-Deux. Le couvre-feu est finalement généralisé à 22 heures dès le 24 février avant d’être abaissé à 18 heures le 5 mars.
Le nombre de contaminations hebdomadaires venait, fin février, à peine de passer le pic de la deuxième vague (il y avait à ce moment-là environ 900 cas actifs). Aucun couvre-feu n’avait pour autant été prononcé à l’époque (en novembre et décembre). C’est parce qu’il y a une autre donnée importante à prendre en compte : la pression hospitalière.
Quel est l’impact des évacuations issues de Mayotte ?
Le taux d’occupation des lits de réanimation devient un indicateur primordial. Et il inquiète les autorités sanitaires.
Pour rappel, au pic de la vague de novembre, il y avait en moyenne 17 personnes Covidées hospitalisées en réanimation.
Début février, elles étaient encore 3 en moyenne par semaine. Fin février, plus de 50 personnes étaient en réanimation. Les évacuations sanitaires de Mayotte vers La Réunion sont au coeur de cette augmentation très forte.
L’épidémie a explosé dans l’île aux Parfums et La Réunion a apporté son soutien en accueillant chaque jour 4 nouveaux malades en réanimation à La Réunion.
La pression hospitalière devient forte et provoque la mise en place d’une première mondiale sanitaire : une évacuation de 4 malades de La Réunion vers la métropole.
La situation s’approche donc d’un seuil critique et mène le préfet à de nouveau serrer la vis.
Pourquoi les autorités craignent-elles que la situation empire ?
Les 3 vagues épidémiques de Coronavirus sont survenues suite aux vacances. Et le mois de mars est marqué par 2 nouvelles semaines de vacances scolaires. C’est pourquoi le couvre-feu a été abaissé à 18 heures pendant cette période.
Les autorités ont donc décidé de ne pas prendre de risque : La situation sanitaire et la pression hospitalière ne le permettent pas.
Le préfet a donc annoncé clairement : “Nous sacrifierons ainsi le mois de mars, pour retrouver au plus vite des jours plus heureux et plus libres.”